Le cinéma va perdre beaucoup d'argent, même après la COVID

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 23 novembre 2021 à 13h30
À l'image de l'Aston Martin DB5 utilisée par Daniel Craig à Matera sur le tournage du dernier James Bond, "No Time to Die", le cinéma a subi de gros impacts en raison de la crise (© wjarek / Shutterstock.com)
À l'image de l'Aston Martin DB5 utilisée par Daniel Craig à Matera sur le tournage du dernier James Bond, "No Time to Die", le cinéma a subi de gros impacts en raison de la crise (© wjarek / Shutterstock.com)

La crise de la COVID-19 a mis à mal l'industrie du cinéma. Mais même après la réouverture des salles obscures, le modèle économique demeure incertain, au moins à court terme. Le dernier James Bond, plus gros succès au box-office mondial hors films chinois, ne serait toujours pas rentable.

Le septième art est en souffrance, et la réouverture des salles de cinéma un peu partout dans le monde ces derniers mois ne vient que partiellement masquer ce qui constitue une crise profonde de l'industrie, car la COVID-19 est toujours présente. Des experts du grand écran s'accordent aujourd'hui à dire que le cinéma va continuer à perdre de l'argent, et cela concerne même les blockbusters à succès, comme le dernier James Bond, Mourir peut attendre.

Le plus gros succès hollywoodien de l'année pourrait ne pas être rentable

Ces derniers jours, le vingt-cinquième James Bond, Mourir peut attendre, No Time to Die dans sa version originale, a dépassé les 730 millions de dollars de recettes issues de la billetterie, alors que le film est sorti au début de l'automne. Si l'on met de côté les films chinois Hi, Mom et The Battle at Lake Changjin, qui ont chacun dépassé la barre des 800 millions de dollars de recettes, Mourir peut attendre est le film hollywoodien qui a généré le plus gros chiffre d'affaires en 2021, assez loin devant le neuvième opus de la saga Fast & Furious (environ 720 millions de dollars).

Alors que les cinémas n'ont repris leur activité qu'il y a quelques mois à peine, et souvent avec certaines conditions d'accueil spéciales, ces chiffres, pas si éloignés que ça du milliard de dollars de recettes, inquiètent pourtant les experts, et sans doute l'industrie du cinéma dans son ensemble.

Mourir peut attendre, admirablement bien porté par Daniel Craig, pourrait malgré son succès être un film à perte. Car, outre les 250 millions de dollars de budget et les 100 millions de dollars initialement attribués à la promotion du long-métrage, les experts ajoutent des dizaines de millions de dollars de frais supplémentaires en investissement dans le film, liés à une pandémie qui a entraîné un report de seize mois du film. Au total, No Time to Die devrait en théorie amasser près de 900 millions de dollars de recettes, selon Variety, pour atteindre son seuil de rentabilité. Le film étant entré dans la dernière partie de son exploitation, ce seuil risque d'être difficilement franchissable. D'autres sources évoqueraient des pertes qui ne se compteraient « qu'en » dizaines de millions de dollars, une information que les studios MGM, qui furent à la production du film, contestent avec fermeté.

Des pertes colossales pour les films à gros budget

MGM maintient que le dernier James Bond générera des bénéfices, à la fois pour sa sortie en salles et à terme également, dans son catalogue. Mais, au-delà de la bataille des chiffres, c'est l'avenir du cinéma qui pose question en ces temps pandémiques. En effet, Mourir peut attendre n'est évidemment pas le seul film à ne pas avoir encore atteint potentiellement son seuil de rentabilité. De nombreux autres films très attendus, comme le Marvel Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, vont finir l'année dans le rouge, avec des pertes qui se compteront en dizaines de millions de dollars.

Le Dernier duel, long-métrage de Ridley Scott au casting XXL (Matt Damon, Ben Affleck, Adam Driver, Jodie Comer), est le symbole de ces difficultés, avec des recettes de 27 millions de dollars pour un film qui aura coûté plus de 100 millions de dollars. Et l'essor des plateformes de streaming vidéo, qui bénéficient de contenus exclusifs aux salles obscures, n'aide évidemment pas en cette période.

Pour l'instant, les seuls films rentables sont plutôt ceux à petit budget qui auront profité d'un buzz ou d'une actualité favorable pour attirer les foules. Mais l'industrie du cinéma ne peut pas se contenter de « coups » alors qu'elle vient de traverser une crise majeure dans son histoire.

Source : Variety

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
xryl

Entre 250 millions, plus 110 millions de coût (soit env 360 millions) et 730 millions de recettes, ils estiment que ce n’est pas rentable ?

J’ai raté quelque chose ?

sebstein

a dépassé les 730 millions de dollars de recettes

assez loin devant le neuvième opus de la saga Fast & Furious (environ 720 millions de dollars)

Vous êtes du genre à ne pas démarrer vos ordonnées à 0 sur vos graphiques ?

v1rus_2_2

Pour le Dernier Duel, je ne pense pas que ça soit dû au streaming mais plutôt que le film n’a pas l’air d’être terrible :man_shrugging:

litleplayer

Sinon ils ont 600 millions de frais lié aux COVID pour être rentable pour le dernier James Bond faudrait que l’on m’explique ou détaillé les dit frais

stefr

250 millions de dollars de budget ! Le cinéma doit modifier son modéle économique comme l’ont fait les autres industries pour s’adapter et survivre au covid.

Arthur_12

Faudrait peut être sortir de bons films, quand on en est à Fast and Furious 9, Matrix 5, Marvel 14, et que l’on ne se pose pas les bonnes questions, on fini effectivement par disparaitre…

Stellvia

C’est d’autant plus triste que les films proposés sur les plateforme de streaming sont majoritairement médiocres, sauf quelques rares exceptions, et aussi profondément pourris de l’intérieur par des phénomènes de société. Au lieu de nous raconter des histoires tout devient politique. Le covid a fait tellement de mal autant dans la vie perso que dans la vie pro… on va mettre des années a s’en remettre.

Urleur

C’est le mode de consommation qui à changé, une tendance vers les séries, mais le cinéma reste avant tout un plaisir, une sortie qui ne changeras pas avant un bon moment.

Domotique94

Et ce n’est que le début, quand la chronologie des médias va évoluer, vers un an pour la mise à disposition des films après ciné sur les service de streaming, tous les films qui ne seront pas exceptionnels feront des fours dans les salles, car vu les tarifs pratiqué de moins en moins de gens s’y rendront régulièrement. Ils doivent revoir leur model de fond en comble. Et pourquoi pas proposer des séries grand spectacle dans les salles.

molotofmezcal

La chronologie des médias, ca pouvait être efficace avant l’avènement des SVOD.
Je ne vois pas concrètement comment ils pourront l’imposer à l’avenir, étant donner que les producteurs seront de plus en plus également les diffuseurs. La situation sera absurde.