Juste avant de survoler Vénus, Solar Orbiter a été touché par une éruption solaire

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
07 septembre 2022 à 16h15
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Vue d'artiste de Solar Orbiter devant notre (capricieuse) étoile... © ESA
Vue d'artiste de Solar Orbiter devant notre (capricieuse) étoile... © ESA

Coup de chaud pour les équipes ! 48 heures avant une importante assistance gravitationnelle en survolant Vénus, la sonde européenne a traversé le résultat d'une très large éjection de masse coronale solaire.

Heureusement, tout va bien, Solar Orbiter est prévue pour résister à ce genre de phénomène. Et surtout, elle a enregistré toutes les données ! Le survol qui a suivi s'est passé comme prévu.

Attention, nouvelle règle !

Préparer un survol avec assistance gravitationnelle n'est pas de tout repos. Cela requiert une longue préparation en amont, d'autant plus que même si la mission principale de Solar Orbiter est bien d'étudier notre étoile, une part significative de ses instruments enregistrent des données importantes dans le voisinage de Vénus.

Autant dire qu'après une éruption le 30 août, lorsque l'équipe responsable de la mission Solar Orbiter a découvert que le Soleil avait produit une énorme éjection de masse coronale, la surprise avait un goût de challenge. La sonde a subi la perturbation 48 heures avant son survol, qui a eu lieu comme prévu le 4 septembre, et finalement, les données enregistrées ont montré qu'il s'agissait d'une occasion assez unique de mesurer les effets d'un événement solaire sur l'atmosphère de Vénus. Une chance, en fin de compte !

Des mesures importantes

En réalité, heureusement que Solar Orbiter a justement été conçue pour évoluer dans un environnement proche du Soleil, avec un important radiateur et un blindage central pour son électronique. Car une tempête solaire, avec ses particules chargées, peut perturber (voire, dans les cas extrêmes, endommager) les systèmes internes d'une sonde… Qui plus est à quelques jours d'un survol, alors que la sonde n'a pas nécessairement son orientation habituelle.

Les instruments « in situ » de Solar Orbiter ont enregistré les données environnementales, dont une majorité sont encore stockées sur la sonde avant d'être téléchargées dans les semaines et mois à venir. Le survol a eu lieu, et la sonde est passée à 6 000 km de la surface de Vénus, avant le prochain passage près du Soleil prévu en octobre à une distance inférieure à 50 millions de kilomètres (0,3 UA).

La sonde est heureusement bien équipée pour faire face à cette situation © ESA
La sonde est heureusement bien équipée pour faire face à cette situation © ESA

Un besoin d'anticiper

Pour l'ESA, ce passage et ces mesures renforcent la résolution autour de la future mission Vigil, qui partira au point de Lagrange Terre-Soleil L5 afin d'observer notre étoile « en décalé » par rapport aux missions terrestres classiques, dont la prévention et la couverture ne permettent d'observer que la moitié de sphère qui nous fait face.

Selon l'agence européenne, l'émergence durant la dernière décennie de satellites plus nombreux et plus sensibles aux événements solaires rend nécessaire une « météorologie solaire » qui devra être fiable. L'éjection de masse corollaire qu'ont traversée Solar Orbiter et Vénus n'était pas dirigée vers la Terre.

Source : ESA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (7)

cid1
Heureusement que la sonde était blindée, ils l’avait pris en compte dans leurs calculs.
Oldtimer
Le tout serait de savoir si c’était un rot ou si c’était un pet !
Sweety
Solar orbiter est capable d’encaisser toutes les perturbations solaire. c’est d’ailleurs son objectif afin de déterminer les conséquences et les variations des éruptions ainsi que de mesurer plus précisément le changement de cycle qui débutera vers 2030, diminuant significativement la production. Pour simplifier, les scientifique pense que le prochain cycle est comparable à celui que la terre a connu il y a 10 000 ans environ ( période d’une ère glaciaire), tout ceci évidement par analyse des carottage effectués il y a un peu plus de 20 ans.
ebottlaender
Non, l’objectif principal de Solar Orbiter est d’observer les pôles solaires en inclinant progressivement son orbite, ainsi que de mesurer et de photographier en IR, UV et visible les pôles et régions d’activité solaire. Sa mission se termine en 2027-28.<br /> D’autre part, cette publication alarmiste (qui date de 2014) sur un cycle de baisse drastique solare n’a pas été reprise depuis et ne fait pas consensus scientifique (il est donc faux d’écrire « les scientifiques pensent… »). Les cycles solaires sur 11 ans se poursuivent, nous sommes actuellement dans une période d’augmentation d’activité, jusqu’à environ 2024-25.
Chirokee
Parker a-t-elle enregistré le même phénomène ?
SPH
Heu, toute sonde qu’elle soit, elle cramera tôt ou tard. Elle a forcement une température limite à ne pas dépasser.
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