Le filtre anti-arnaque : ce sera bientôt une réalité, on vous explique son fonctionnement

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
11 mai 2023 à 08h40
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© MarutStudio / Shutterstock
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Le projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique fait apparaître dans la plus haute des positions un filtre de cybersécurité anti-arnaque, pour protéger les consommateurs contre la fraude par SMS et par e-mail.

Pour renforcer la sécurité de l'espace numérique, le gouvernement a pu entamer les discussions, mercredi 10 mai en Conseil des ministres, sur un projet de loi globalement destiné à protéger les Français lors de leur navigation en ligne. Parmi les douze grandes mesures associées au texte, on retrouve la création d'un filtre anti-arnaque, que nous vous avions présentée à la fin du mois de février. L'idée générale ? Alerter les consommateurs lorsqu'ils reçoivent un SMS ou un e-mail frauduleux.

Un filtre anti-arnaque impératif, face à la multiplication et la professionnalisation de la menace

Une poignée de motifs suffit déjà à justifier l'intérêt d'un tel mécanisme. L'usurpation d'identité, l'utilisation de données à caractère personnel à des fins malveillantes, la collecte de données à l'aide de moyens illicites, la pénétration illégale dans un système de paiement et autres, sont autant de menaces contre lesquelles le texte entend lutter.

Et pour cause : 50 % des Français ont déjà été victimes d'une tentative d'accès frauduleuse à leurs données. Le nombre de personnes piégées est tel que les demandes d'assistance sur le site gouvernemental cybermalveillance.gouv.fr ont bondi de 166 % en deux ans, sans compter les 60 000 plaintes aux arnaques en ligne qui ont été déposées sur la plateforme Thésée, entre les mois de mars et d'octobre 2022.

Généralement, les escrocs procèdent de la façon suivante : vous recevez un faux SMS de l'Assurance maladie (ou autre organisme bien connu du grand public), ou un e-mail, qui vous invite à cliquer sur un lien, afin de vous pousser à y déposer vos coordonnées bancaires. Alors comment le gouvernement entend-il lutter contre ce fléau ?

© Shutterstock
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Vous serez alerté(e) lorsque vous cliquerez sur un lien potentiellement frauduleux

Le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, l'avait esquissé en février, mais le filtre doit prendre la forme d'un message d'alerte affiché par les navigateurs (Chrome, Mozilla, Safari, Edge, Opera, etc.) ou les fournisseurs d'accès à Internet (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free).

Plus précisément : au moment de cliquer sur le lien dont nous parlions, que vous retrouvez dans le SMS ou le courrier électronique, vous recevrez un message vous indiquant que le site vers lequel vous êtes redirigé(e) est compromis, c'est-à-dire frauduleux ou potentiellement frauduleux.

Pour faciliter le travail de toutes les parties, une base de données rassemblant tous les sites malveillants identifiés par les victimes puis signalés aux autorités administratives sera créée. Les sites visés disposeront d'un délai de 5 jours pour contester leur statut de site malveillant.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (23)

zztop06
https://phishing-initiative.eu/contrib/<br /> si c’est la même chose que ca , c’est mal barré !!!<br /> plein de sites signalé mais toujours « en activité » .
sylvebarbe78
Ça part d’un bon sentiment, mais hélas ça sera à l’image de tout ce que fait l’Etat, un machin qui ne fonctionnera qu’une fois sur 5, enfin bref la chronique d’une mort annoncée.
arthur6703
Ce n’est pas expliqué dans l’article pour une raison inconnue, mais ce sera un filtrage au niveau DNS.<br /> Donc les sites détectés seront ajoutés à une blacklist sur les DNS utilisés par les FAI français.<br /> Et lorsque l’utilisateur ira sur le site en question, il y aura une page qui préviendra que le site est un Fake et laissera la possibilité à l’utilisateur de poursuivre ou non.<br /> Du coup, on pourrait imaginer que la plateforme dont tu parles puisse permettre de faire un premier repérage des signes malicieux .
MattS32
Les navigateurs ont déjà un système de blacklist des sites reconnus malveillants, pourquoi ne pas s’appuyer dessus en s’assurant que cette liste est bien tenue à jour ?<br /> zztop06:<br /> plein de sites signalé mais toujours « en activité » .<br /> Le but de la Phishing Initiative n’est pas de fermer les sites concernés, mais simplement de les intégrer à la blacklist des navigateurs.<br /> arthur6703:<br /> Et lorsque l’utilisateur ira sur le site en question, il y aura une page qui préviendra que le site est un Fake et laissera la possibilité à l’utilisateur de poursuivre ou non.<br /> Si c’est un filtrage DNS, je vois pas trop comment ça pourrait laisser la possibilité de continuer, puisque la résolution DNS ne donnera pas la bonne adresse…
Comcom1
Je suis bien d’accord avec toi, pourquoi réinventer la roue surtout pour ceux qui utilisent déjà opendns et co ou des vpn ils seront protégés comment ?<br /> Un système au sein du navigateur me paraît bien plus intéressant car sur la machine on filtre en direct les navigateurs synchro une liste publique d’une db publique avec un bonne veille api toute simple et on s’évite encore un bousin côté opérateur qui risque d’encore ralentir la navigation car le système sera obliger de check chaque appel web alors qu’on peut largement optimiser ça côté client…<br /> Mais ça part d’une bonne initiative, juste qu’il serait bien de faire participer les plus grands acteurs autour de ce genre de projet louable (opérateurs et gafam minimum)
arthur6703
Voilà le rendu.
MattS32
Oui, donc c’est pas juste du DNS menteur. Avec simplement un DNS menteur, le « Je souhaite poursuivre malgré les risques » ne serait pas possible.<br /> Vu qu’ils parlent d’impliquer dans l’affaire les éditeurs de navigateurs, je serai pas surpris qu’en fait ça soit simplement le mécanisme existant de blacklist, mais avec un flag pour indiquer quels sites sont dans la blacklist officielle gouvernementale pour afficher cette page là dans ce cas au lieu de la page par défaut du navigateur (ce qui sera peut-être plus efficace, parce que l’utilisateur de base il a tendance à pas lire les messages du navigateur, alors que s’il tombe sur un truc avec le logo « Gouvernement » il fera peut-être un peu plus attention).<br /> Ou alors c’est un truc plus subtile, DNS menteur à la base, mais en plus un système pour dire au navigateur quelle est la bonne IP pour permettre de passer outre. Comme ça c’est bloqué par défaut même sur les navigateurs « non compatibles », tandis que la possibilité de passer outre ne serait accessible qu’avec un navigateur « compatible ».
Werehog
Les personnes qui utilisent OpenDNS ne sont généralement pas des novices. Là on parle de prévenir Mme Michu ou son petit-fils, qui eux surfent sans rien connaître des techniques à mettre en place ou des outils à utiliser, même les plus faciles d’accès.<br /> Le risque avec ça, c’est un blocage facilité de contenu légitime mais qui ne plait pas au gouvernement, dans un second temps. Et bien sûr un traçage des personnes qui essaient. Mais je ne voudrais pas verser dans la paranoïa…
Comcom1
Pour Mme Michu c’est pas forcément le cas, si elle connaît un informaticien qui lui a mis en place son ordi et se dit je lui configure un dns ou oui fait prendre un vpn elle va être bien ennuyée faire niveau navigateur avec un accord avec les plus grands du monde informatique est bien plus judicieux et prémunit bien tout le monde, sans compter que c’est pas parce que qq un à 3 connaissances en informatique, qu’il a mis un opendns parce qu’il l’a lu sur un article qu’il est forcément bon pour détecter toutes les arnaques web
zztop06
« en activité », aucune indication d’un site contrefait ou autre …<br /> et vu la réponse , quand tu laisses un lien de site bidon , j’ai arrêté de les renseigner .
LeChien
Google safe browsing et les mécaniques intégrées aux navigateurs ne sont pas infaillibles… Sinon je ne bloquerais pas spécifiquement des éléments chaque semaine (voire jour) sur les briques sec du parc parceque absence d’alerte.<br /> Et que dire d’un Google qui refuse d’intégrer une URL en bad list parceque la menace n’est pas avérée (une belle page d’usurpation de portail d’auth d’une université, comme il en surgit aussi rapidement qu’on en ferme).<br /> L’initiative FR me semble donc positive. Ça sera une source supplémentaire de protection, pas infaillible non plus… Comme les autres.<br /> La multiplication des sources n’est pas un gros mot en sécurité. Il faut cependant que ce soit correctement organisé… Et ça l’avenir nous permettra d’en juger.<br /> Quant au sujet de ceux qui ont leur propre système DNS. Je crois que c’est hors sujet justement : Ils sont sensés savoir éviter de cliquer sur du lien pourrave.
LeChien
C’est très capillotracté tout ça.<br /> Avec des si on peut aller très loin sans bouger de son fauteuil.<br /> La navigateur salvateur est une fausse bonne idée séduisante : c’est autrement plus lourd à maintenir, il faut qu’il soit ultra-concurrenciel en terme de fonctionnalités, ça reste un choix d’usager (que Mme Michu ne prendra pas, ou perdra qd Edge ou autre se mettra par défaut) et surtout ça remet l’action côté endpoint alors que c’est justement le revers de cette médaille là qui est visé par le sujet de l’article.
Nmut
MattS32:<br /> Oui, donc c’est pas juste du DNS menteur. Avec simplement un DNS menteur, le « Je souhaite poursuivre malgré les risques » ne serait pas possible.<br /> Si le lien renvoi directement sur l’adresse IP, ça marche pour la consultation de la première page! <br /> Le site du gouvernement peut aussi faire proxy / vpn pour un fonctionnement complet…
Bestdoud
Je prendrais plutôt le problème à l’envers<br /> Je ferais plutôt une liste des sites légitimes<br /> Ne suffirait il pas simplement de comparer l’adresse du site avec des adresses officiel<br /> Si ça ressemble avertir l’utilisateur qu’un site officiel existe avec presque la même adresse et qu’il peut donc s’agir d’une arnaque<br /> Ça permet de traiter toutes les variantes et de maintenir plus facilement une liste à jour
MattS32
Nmut:<br /> Si le lien renvoi directement sur l’adresse IP, ça marche pour la consultation de la première page!<br /> Non, même pas forcément. Parce que c’est rarement un serveur qui héberge un seul site, et dans ce cas on tombe au pire sur le premier virtual host défini dans la conf du serveur, au mieux sur une page d’erreur indiquant que la page n’existe pas.<br /> Nmut:<br /> Le site du gouvernement peut aussi faire proxy / vpn pour un fonctionnement complet…<br /> Ouaip, mais là ça devient vraiment usine à gaz…<br /> Bestdoud:<br /> Je ferais plutôt une liste des sites légitimes<br /> Ce serait inacceptable comme mode de fonctionnement, ça voudrait dire que chaque nouveau site qui se crée devrait obtenir le « tampon » virtuel du gouvernement pour avoir le droit d’exister en France…<br /> Bestdoud:<br /> Ne suffirait il pas simplement de comparer l’adresse du site avec des adresses officiel<br /> Si ça ressemble avertir l’utilisateur qu’un site officiel existe avec presque la même adresse et qu’il peut donc s’agir d’une arnaque<br /> Il y a parfois des arnaques avec des adresses qui ne ressemblent pas du tout aux originales… Il y a tellement de gens qui ne prennent pas la peine de vérifier une adresse que les attaquants ne se foulent pas toujours…<br /> Exemple dans mes derniers Spam, un lien court bit.ly qui redirige au final vers cette URL ressemblant à ça (modifiée par mes soins pour ne pas être valide) : https://iuytreqsgqgdsqcx.blob.core.windows.net/iuytrqfsqsfcx/lkjdfghdfhndswx.html<br /> En l’occurrence, aucune règle ne peut déterminer que cette adresse est malveillante : il y a plein d’adresses similaires qui sont parfaitement légitimes (il s’agit d’une URL pointant vers un fichier stocké dans le service de stockage d’objets de Microsoft Azure).
Nmut
MattS32:<br /> Non, même pas forcément. Parce que c’est rarement un serveur qui héberge un seul site, et dans ce cas on tombe au pire sur le premier virtual host défini dans la conf du serveur, au mieux sur une page d’erreur indiquant que la page n’existe pas.<br /> Les sites frauduleux sont rarement hyper complexes, avec un frontal et tout le toutim. Il y a un VPS Azure / AWS / OVH … basique, un apache avec 3 pages, un dns hosting gratos et puis c’est tout.<br /> Quand je suis chez certains clients et que la 4G ne passe pas, si je passe par le wifi « invité » bloquant tout, j’accède à mes serveurs via leur adresse ip et curieusement, ça marche très souvent, même quelques fois quand le proxy est configuré en white list!
MattS32
Nmut:<br /> Les sites frauduleux sont rarement hyper complexes, avec un frontal et tout le toutim. Il y a un VPS Azure / AWS / OVH … basique, un apache avec 3 pages, un dns hosting gratos et puis c’est tout.<br /> Je serai quand même surpris qu’ils aient une VM dédiée à chaque site, alors que vue la charge ils peuvent facilement en mettre des dizaines sur une seule VM pour le même prix…<br /> Nmut:<br /> j’accède à mes serveurs via leur adresse ip et curieusement, ça marche très souvent<br /> Oui, ça marche si tu n’as qu’un seul domaine hébergé sur le serveur. Sinon, il sait pas auquel tu veux accéder, et soit il te renvoie vers le premier, soit si c’est correctement configuré, une page d’erreur ou une redirection propre vers le domaine par défaut.
Nmut
Certes…
Aegis
Il y a beaucoup plus simple.<br /> Mais ce n’est pas le sujet, ils discutent l’intention et les fonctionnalités, la solution technique n’a pas été communiquée.
Comcom1
D’où une entente entre les gafam et l’état (ou les états)
LeChien
Ne pas oublier les platistes.
MHC
Il faudrait peut-être d’avantage sensibiliser à l’utilisation d’un antivirus/antispam et voir avec Google et Apple pour mettre un message comme sur Windows dans le cas où aucun outil de ce type ne serait installé.
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