Exploités, maltraités : faut-il détester les brouteurs ?

26 septembre 2022 à 15h52
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Si les brouteurs peuvent faire des dégâts considérables chez leurs victimes, ils souffrent souvent aussi de conditions de travail qui tiennent de l'exploitation.

Au milieu de tous les bienfaits qu'a permis l'arrivée d'Internet, le développement et la multiplication des arnaques plus ou moins bien pensées est malheureusement un point que l'on ne peut oublier. Mais si leurs victimes peuvent souvent se retrouver bien démunies et n'avoir aucun recours, les personnes qui les ont escroquées ne sont pas toujours mieux loties.

Qu'est-ce qu'un brouteur ?

Le terme « brouteur » est une expression désignant les personnes dont le métier consiste à soutirer de l'argent sur Internet. Ces arnaques peuvent prendre plusieurs formes : du célèbre prince nigérien qui vous demande de régler des frais de notaire pour vous faire hériter de sa considérable fortune à la femme séduisante qui promet de rejoindre sa victime une fois que celle-ci lui aura payé un billet d'avion ou des frais de santé. Les brouteurs ne manquent pas d'imagination.

Ces arnaques peuvent s'avérer particulièrement cruelles dans le cas où les personnes touchées pensent réellement aider ou avoir une connexion avec la personne qui les escroque. Mais surtout, il n'existe généralement aucun recours, et en tracer l'origine peut parfois s'avérer très ardu.

Les brouteurs souffrent parfois plus que leurs victimes

La plupart des personnes derrière ces arnaques sont originaires de pays pauvres et souvent sans réel droit du travail. Ces éléments auraient pu le laisser deviner, mais une enquête de VOD English est venue le confirmer : les conditions de travail des brouteurs relèvent parfois véritablement de l'exploitation.

La journaliste derrière cette enquête a ainsi interrogé plusieurs personnes récemment rescapées – le terme n'est pas exagéré – d'une entreprise cambodgienne qui arnaquait des occidentaux en les convainquant d'investir dans une crypto-monnaie qui n'existait pas. Les témoins pour cet article ont ainsi expliqué qu'après leur avoir donné plusieurs garanties, les recruteurs de l'entreprise confisquaient leurs téléphones dès leur arrivée en ville, avant de les installer dans un bâtiment où ils allaient devoir vivre et travailler sans pouvoir sortir.

Les quotas imposés à ces « employés » étaient très durs, et ceux qui ne les atteignaient pas étaient systématiquement punis et/ou humiliés, en étant obligés de faire 50 pompes par « client » manquant par exemple. L'une des personnes interrogées explique même avoir été tasée et passée à tabac après avoir fait une simple erreur de destinataire pour un message. Et quand, enfin, des policiers sont venus pour réclamer à l'entreprise de les laisser partir, cette dernière a accepté, à condition qu'ils versent 2 800 $ chacun « pour rembourser les dépenses engagées ». La plupart de ces salariés ne recevaient pourtant jamais le salaire qui leur était promis.

Bien entendu, la personne directement derrière l'arnaque peut, au vu des conditions, difficilement être tenue responsable. Et si, dans le cas décrit dans l'article de VOD, les responsables ont été arrêtés, la pratique reste néanmoins très répandue.

Source : VOD English, Actu.fr

Vincent Mannessier

Rédacteur indépendant depuis des années, j'ai rédigé plus de 1.000 articles sur Internet sur une large variété de sujets. J'aime tout particulièrement écrire sur les actualités des réseaux sociaux et...

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Rédacteur indépendant depuis des années, j'ai rédigé plus de 1.000 articles sur Internet sur une large variété de sujets. J'aime tout particulièrement écrire sur les actualités des réseaux sociaux et des GAFAM, mais les jeux vidéos et l'innovation numérique en général me passionnent aussi.

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Commentaires (28)

xryl
QUOI ???!!??!?<br /> On ne peut plus faire confiance aux arnaqueurs aujourd’hui ? Sérieux ?<br /> Non mais dans quel monde on vit…
Sacrilege83
C’est un métier officiel ça maintenant ?
Francis7
Ne jamais faire confiance à une personne qui vient frapper à votre porte pour vous demander d’investir votre argent dans quoi que ce soit.<br /> N’importe quoi !
zztop06
Je ne vais pas les plaindre !!!
Arthur_12
A quand le syndicat des brouteurs ???<br /> Ils veulent qu’on les aide pour la rédaction du convention collective ?<br /> Quand on travaille dans le milieux du crime, faut pas s’attendre à être bien traité. Rien ne vaut un vrai travail honnête.<br /> Non mais sérieux, elle va me faire la journée celle-là…
luck61
Faut arrêter , c’est quoi tous ces gens qui sont atteints du syndrome de Stockholm avec des criminels
Saulofein
Comment pouvez-vous sérieusement défendre ce type de personnes? Leur comportement est inacceptable. Des personnes se retrouvent endettées ou se suicident après avoir tout perdu…
v1rus_2_2
Ça doit être une minorité qui se font exploité de même car la plupart savent ce qu’ils font
Popoulo
« Les brouteurs souffrent parfois plus que leurs victimes »<br /> Vous n’avez honte de rien en disant ça…<br /> Clubic : La meilleure source d’information du brouteur trop malheureux.
Orezzo
je vais dans votre sens<br /> mais il existe aussi à l’opposé qui font la mème chose un peu plus respectable de part leur costume mais qui endette les gens et peuvent les pousser au suicide<br /> les organismes de credits (le capitalisme)
Black_Lotus_974
Drôle d’article où les brouteurs passent pour des victimes. Pourtant c’est bien à cause de leurs actes que certains perdent des milliers d’euros dans ces arnaques.
dedeeded
Hoo laaaa, je vais me coucher de bonheur ce soir pour les plaindre… sans déconner… rien à foutre de ces sacs à merde.
DrGeekill
Pas plus tard que la semaine dernière sur Facebook j’ai une jolie Femme blonde originaire de Nantes qui m’a écrit. Seulement 2 photos la première du 1er mai. Elle a une croix en pendentif. Étonnamment (ou pas d’ailleurs) elle n’est suivie que par 3 profils tous Africains incluant une boutique de vêtements musulmans. Le signalement à Facebook se réduit au strict minimum (Faux Profil) et on ne peut apporter aucun argument. En fin de journée ils m’ont répondu qu’il n’y avait rien d’étrange. Faudrait peut être commencer par ça pour priver ces escrocs de victimes potentiels et donc de revenus avant de s’attaquer à la source non ?
raymond_raymond
Les brouteurs à la base ça vient d’Afrique, ils font de la misère affective des arnaques en ligne en grosse partie sur les sites de rencontre ou ils vont créer des tas de faux profils pour séduire virtuellement un homme ou une femme par exemple et lui soutirer de l’argent sous prétexte de parents malades ou de demandes de visas ou papiers , ensuite ce n’est pas parce qu’ils sont issus de pays pauvre qu’ils ont le droit d’arnaquer, ce serait des brouteurs Russes vous n’aurez pas tenu le même discours à leur égard mais comme toujours deux poids deux mesures ici.
raymond_raymond
Oui, et que certains se sont même suicidés, mais comme toujours on préfère victimiser l’arnaqueur.
Anth
@theludo: tellement vrai. je suis modo d’un groupe de voyageurs sur facebook. groupe de 8,000 personnes… tous les jours… 10 brouteurs…<br /> si la plupart sont facilement identifiable il y a un nouveau phénomène: des profils tout a fait crédible passent… en fait ce sont des personnes qui se font voler leur profil et malheureusement dans ce cas parfois, je fais rentrer le loup dans la bergerie… heureusement que la communauté veille pour reporter les petits malins une fois qu’ils commencent leur activités.
GRITI
Le Point – 22 Jun 17<br /> Côte d'Ivoire: Brouteurs.com, les arnaques en série<br /> "On a tous en tête des histoires de brouteurs", les célèbres arnaqueurs ivoiriens sur internet, assure le réalisateur Alain Guikou, qui en a fait u...<br />
cyrano66
Trouver des excuses sociales et humaines à la malhonnêteté…. Bravo !<br /> Ça rappelle les grandes heures de certains courants politiques Français.<br /> Deviens t’on voleur par goût ou par nécessité ?<br /> Et dois-je accepter de me faire prendre pour un gros pigeon sous prétexte qu’il y’a plus malheureux que moi ?<br /> Tout ça frise le ridicule
_Troll
Le retour du baton, ils ont ce qu’ils meritent. En lisant l’article, j’aurais presque imagine que Clubic allait nous demander de faire un don avec Paypal pour aider les brouteurs qui rencontre des difficultes financieres.
ptitepuce
Ah merde ! Je peux leur faire un don où donc ?!<br /> Perso je ne les plains pas, et à vrai dire même, je m’en cogne les ovaires de leurs conditions de vie, et tout le toutim
Pretarian
Comment dit-on déjà, quand cela se retourne contre le malandrin? KARMA!
Saulofein
ça ne légitime en aucun cas le comportement des brouteurs.
xryl
Je suppose que le journaliste qui a observé cette situation c’est empressé d’amener les preuves de maltraitance et d’esclavage de ces personnes aux autorités compétentes, afin que l’ensemble des coupables soient arrêtés et condamnés à une peine dissuasive (notamment après que la police soit « descendue » dans leur repère). Car sinon, j’espère que le journaliste comprend qu’il est complice et responsable du traitement de ces gens (qui vont donc continuer leurs exactions) et qu’il arrive encore à se regarder dans la glace.
LeSaff
J’ai connu, à l’époque du Minitel, les premiers plateaux avec les nanas qui tchattaient, elles étaient surnommées « les jouisseuses en rang d’oignons », souvent d’origines maghrébines, leurs « manageurs » les payaient au lance-pierre, leur imposaient des plannings « chargés » et si elles se plaignaient, ils les menaçaient de révéler à leurs familles ce qu’elles faisaient…<br /> Pas besoin d’aller au bout du monde pour trouver des conditions de travail scandaleuses, mais il faut aussi ne pas fermer les yeux ou tourner la tête de l’autre côté.
Robinton
J’ai autant de compassion pour ces petites mains qu’eux en ont pour les victimes de leurs actes.
Feunoir
L’article source anglais est assez étonnant, le début titille presque notre compassion mais la deuxième partie casse complétement cela, surtout car les ex-« employés » interrogés ne semblent pas du tout regretter leurs actions mais uniquement leur propre traitement.<br /> « No, the job was nice, but the company, not good »<br /> “I really like the job. Even if it’s scamming, for me, it’s outsmarting others.”<br /> If he wasn’t beaten by his supervisors, he would have liked to stay in the company<br /> J’aime aussi la fin de la phrase ou ils parlent de leur « frustration » (fichus policiers, ils auraient pu faire ça en début de mois quoi ;)) )<br /> « They were paid as expected for the first month — $700 to $1,000 — but after that, cuts of $100 or more were taken from their salaries, and they didn’t receive any payment for their work in the month they were rescued. »<br /> (En sachant quand même qu’un homme de 35ans a bossé pour un boulot légal (centre commercial) pour gagner 200$/mois avant de partir pour celui-la ou on lui avait promis 700$, et que 500$ semblerait être un salaire « potable » pour un boulot normal sur l’ile ou ils vivaient)
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