La dette de l'industrie du transport aérien pourrait atteindre 550 milliards de dollars fin 2020

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
26 mai 2020 à 17h55
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© Air France
© Air France

L'Association internationale du transport aérien a publié une nouvelle analyse, mardi, indiquant que la dette des compagnies aériennes devrait être supérieure de 28% fin 2020 par rapport à son niveau au début de l'année.

Pour sauver les compagnies aériennes, les États, banques et marchés ont ou vont leur prêter des milliards et des milliards de dollars. Des sommes qui ne tombent pas du ciel et qu'il faudra rembourser pour la grande majorité. Reste à savoir à quelle sauce les compagnies seront mangées ces prochaines années. En attendant, l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente 290 compagnies aériennes, a fait les comptes. Selon elle, la crise du coronavirus conduira à faire exploser la dette de l'industrie du transport aérien à 550 milliards de dollars d'ici la fin de l'année.

67 milliards de dollars d'aides devront être remboursés par les compagnies

Dans sa dernière analyse, publiée le mardi 26 mai, l'IATA prédit une hausse de la dette de 120 milliards de dollars pour les compagnies aériennes par rapport au début de l'année 2020. Une première partie, de 67 milliards de dollars, est composée de prêts gouvernementaux (50 milliards de dollars), d'impôts différés (5 milliards) et de garanties de prêts (12 milliards de dollars). Une seconde partie, de 52 milliards de dollars, provient de prêts commerciaux (23 milliards de dollars), de la dette du marché des capitaux (18 milliards), de celle de nouveaux contrats de location simple (5 milliards) et de l'accès aux facilités de crédit existantes (6 milliards).

Pour aider l'aérien à traverser la plus grosse crise de son histoire, le niveau d’endettement du secteur va ainsi grimper de 28%. « L'aide gouvernementale aide à maintenir l'industrie à flot. Le prochain défi sera d'empêcher les compagnies aériennes de sombrer sous le fardeau de la dette que l'aide crée », a commenté Alexandre de Juniac, Directeur général de l'IATA.

La majorité (67 milliards de dollars) de la dette contractée avec la crise devra être remboursée par les compagnies. Les transporteurs aériens sont par exemple redevables des compensations salariales (35 milliards de dollars), du financement par actions et des allègements fiscaux, et autres subventions. Ce qui devrait rallonger la durée de la crise même en cas de reprise massive du trafic.

Mesures de contrôle, investissements environnementaux… Les transporteurs vont voir leurs charges augmenter

L'Association internationale du transport aérien s'inquiète tout de même de la proportion de ces aides par rapport aux revenus totaux des compagnies en 2019, puisqu'elle n'est que de 14%, ce qui crée manifestement d'importantes lacunes qu'elle appelle à combler. « De nombreux gouvernements ont intensifié leurs programmes d'aide financière qui jettent un pont sur cette situation la plus difficile, notamment en espèces pour éviter les faillites. Là où les gouvernements n'ont pas répondu assez rapidement ou avec des fonds limités, nous avons vu des faillites », constate Alexandre de Juniac.

Si le ratio des aides promises par rapport aux revenus 2019 est plus important en Europe (15%) qu'en Asie-Pacifique (10%), Afrique et Moyen-Orient (1,1%) ou Amérique Latine (0,8%), les gouvernements nord-américains montrent la voie, en proposant une aide financière à hauteur de 25% des revenus annuels 2019.

La dette a bien des causes et des impacts. Les compagnies aériennes ont plus que jamais besoin de liquidités alors qu'elles devront vivre avec moins de voyageurs durant les prochains mois et surtout qu'elles devront encore compenser de nouveaux coûts : ceux des mesures de contrôle post-pandémie qui interviennent déjà, mais qui seront encore plus importants à mesure que le trafic reprendra. Sans oublier les dettes à rembourser et, surtout, les investissements qui devront être faits pour rentrer dans les clous des objectifs environnementaux, comme le gouvernement français l'impose à Air France par exemple. « Après avoir survécu à la crise, le rétablissement de la santé financière sera le prochain défi pour de nombreuses compagnies aériennes », conclut le patron de l'IATA. Et ce n'est clairement pas gagné.

Source : IATA

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (15)

ultrabill
En substance les compagnies aériennes vont recevoir des milliards dont les prêteurs (nous) ont de grandes chances de ne pas en revoir la couleur. C’est ça qu’on appelle « jeter de l’argent par les fenêtres, non ? »
Vanilla
Non, ici on appelle ça « jeter l’argent par les hublots »
Fulmlmetal
J’ai parfois l’impression que les grandes industries et compagnies en profites pour récupérer des aides.<br /> Les premiers à souffrir de cette crise du covid ce seront les petits commercants, les restaurants, les bars, les TPE/PME du tourisme, et ce sont ceux qui auront le moins d’aides.<br /> Ca me fait penser à la crise des subprime où l’état avait aidé nos banques alors qu’en un an elles avaient déja refait tout ce qu’elles avaient perdu.<br /> Bref les grands groupes et industries vont se servir de ça pour avoir des aides, pour licencier en masse avec un bon justificatif, pour augmenter les heures de travail, éliminer de sjours fériés, etc et comme d’hab ceux qui payeront ce sera nous.<br /> On nous demande de consommer, d’acheter pour soutenir l’économie mais comment acheter quand on est sous la menace de licenciement. Depuis 3 semaines ont nous parle d’une menace de seconde vague du virus mais cette seconde vague existera bien et sera terrible, mais ce ne sera pas celle du virus, non, ce sera une vague de licenciements et elle va faire des dégats.
AlexLex14
Fulmlmetal:<br /> J’ai parfois l’impression que les grandes industries et compagnies en profites pour récupérer des aides.<br /> Les bilans financiers du T2 2020 des compagnies cotées nous livreront certainement des réponses à ce sujet
Bombing_Basta
Il est bien temps que ce système, qui n’est même pas capable de «&nbsp;geler&nbsp;» l’endettement pour une période de crise de santé mondiale, se casse la figure…<br /> Si les compagnies sont endettées encore plus qu’avant la «&nbsp;crise&nbsp;» due au confinement, c’est parce-que les hyènes du système continuent de dépecer la carcasse alors qu’elles ont le ventre plein.<br /> Bref l’endettement augmente parce-que les créanciers, les usuriers, s’en foutent complètement de ruiner des millions de gens pendant une crise sanitaire.
Nmut
Il y a surement des profiteurs, mais il faut quand même se rappeler que les grandes fortunes sont basées sur notre capacité à payer les babioles ou services qu’ils nous vendent (c’est de l’argent virtuel sur notre capacité à payer). La grande majorité des banquiers ou des grands industriels n’ont aucun intérêt à ce que l’économie s’écroule. Ils acceptent de mettre la main à la poche (ils auront pas mal de prêts non remboursés, y compris par les états et de grosses fortunes méchamment écornées) uniquement parce que sinon ils perdent tout.
Nmut
C’est surement vrai pour certaines entreprises, mais les compagnies aériennes ont des couts de fonctionnement colossaux (principalement la flotte d’avions et le personnel) et ont déjà été secoué par la concurrence acharnée depuis quelques années, ce qui fait qu’elles ont pris très cher avec l’arrêt quasi complet des transports aériens, et la reprise du niveau précédent la crise n’est pas prévu avant 3 à 10 ans…<br /> Le fait de manipuler des sommes énormes n’en fait pas des sociétés solides…
Fulmlmetal
«&nbsp;elles ont pris très cher avec l’arrêt quasi complet des transports aériens, et la reprise du niveau précédent la crise n’est pas prévu avant 3 à 10 ans…&nbsp;»<br /> Ca me rappelle la crise des Subprime, on nous disaient que ça allait tuer nos banques, qu’on devait leurs preter des milliards pour survivre, qu’elles mettraient des années à s’en remettre, et finalement après un an elles avaient retrouvé leur forme et récupéré tout ce qui avait été perdu.<br /> Quand une société comme Airbus qui a un carnet de commande plein sur 10 ans dit que cette crise risque de la faire couler, je reste sceptique sur le but réel de ces déclarations. Y a plus d’une entreprise qui vit au jour le jour sans aide et aimerait avoir un carnet de commande pleins sur 10 ans.<br /> Bref c’est toujours la meme histoire, on va aider les grandes sociétés qui font jouer la menace sur des milliers d’emplois et on va laisser crever des milliers de TPME
max_971
Une question d’un ignorant : ces dettes comprennent-elles les bénéfices supposés acquis si tout allait bien ou juste l’équilibre (bénéfice nul) ?
playAnth95
Comparer les banques et les compagnies ariennes qui n’ont pas du tout le meme modèle économique, notamment baser sur l’achat d’action, de prêt de crédit pour l’une et baser sur la clientèle pour l’autre ! Chapeau l’artiste !
Nmut
Les entreprises, si elles ne prévoient pas de problème particulier, n’accumule pas de «&nbsp;pactole&nbsp;» et fonctionnent au jour le jour. Les bénéfices exceptionnels sont ré-investits et/ou distribués aux actionnaires car l’argent qui dort est de l’argent qui coute (même une redistribution aux actionnaires est plus intéressante). Donc une série de bonnes années ne garantissent pas de supporter un choc aussi violent, sauf si les investissements ont été très clairvoyants…
Nmut
Ce qu’il faut voir, c’est que ce carnet de commande avant la crise n’est qu’un indicateur qui n’est pas figé. Entre les commandes fermes des compagnies qui vont couler, les annulations d’options et les renégociations, le nombre d’avions à vendre va plonger. Il y aura probablement aussi des annulations ou certaines compagnies préfèreront payer les pénalités qui ne couvriront pas les frais. Un avion, c’est d’abord un cout de R&amp;D amortissable sur un certain nombre d’avions (même problème pour les constructeurs automobile d’ailleurs), la construction ne coute quasiment que par le cout de main d’oeuvre et l’amortissement des usines. Si on passe en dessous du seuil de rentabilité, c’est foutu. 10 ans de ventes à perte, ça reste une catastrophe.<br /> Le problème est assez différent des banques ou effectivement la reprise a été forte et rapide et ou elles ont remboursé très rapidement leurs dettes (le retour de l’argent des particuliers et des investissements leur a fourni toutes les liquidités). Ce n’est en rien comparable.
Miliejux
Il ne compare pas leurs modèles économiques il compare leurs situations :<br /> Situation 1 : De grandes entreprises crient à la catastrophe et se portent comme des charmes moins d’1 an après<br /> Situation 2 : de grandes entreprises crient à la catastrophe, demandent de l’aide et…<br /> Question : Est-ce que le danger était réel ou bien les actionnaires refusaient de s’acheter 1 seul bateau au lieu de 2 ?
carinae
ben justement, si les banques ne se sont pas écroulées c’est justement parce qu’elles avaient les reins solides et que l’Etat les a aidé … Au passage l’aide n’a pas été gratuite puisqu’elle s’est faite sous forme d’emprunts avec intérêt …<br /> La plupart du temps, surtout en France, les grands groupes sont des donneurs d’ordres. S’ils s’écroulent c’est toute la filière qui suit … c’est rarement une TPME qui fait la filière et même trés souvent elles sont mono-client … concernant Airbus ils ont un carnet de commande plein oui … mais rien ne dit que les clients ne reviendront pas sur leurs commandes justement… Alors oui effectivement Airbus survivra très certainement mais a quel prix ? Les 1er a trinquer sont généralement les sous-traitants justement …
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