La fusée australienne Eris de Gilmour Space a décollé le 29 juillet depuis le Queensland avant de retomber après 14 secondes de vol seulement.

- La fusée australienne Eris de Gilmour Space a décollé le 29 juillet, marquant un retour historique pour l'industrie spatiale australienne après 54 ans d'absence.
- Malgré un vol de seulement 14 secondes, Gilmour Space considère ce lancement comme une source précieuse de données pour améliorer la fiabilité future.
- L'entreprise, fondée par Adam et James Gilmour, continue de développer ses capacités spatiales avec des projets de fusées et satellites.
L'Australie a franchi une étape hier avec le premier décollage d'une fusée orbitale de fabrication locale depuis plus de 50 ans. Eris, développée par Gilmour Space, s'est élancée du port spatial de Bowen vers 8h35 heure locale australienne. La fusée de 25 mètres a commencé à dévier latéralement peu après son décollage. Elle a fini sa course au sol 14 secondes après avoir quitté la rampe de lancement. Malgré cet échec apparent, ce vol représente une première historique pour l'industrie spatiale australienne. Gilmour Space avait d'ailleurs anticipé ce scénario et considère ces premières secondes comme une source de données précieuses.
L'Australie retrouve ses ambitions spatiales après 54 ans d'absence
Le dernier lancement orbital depuis le sol australien remonte à octobre 1971. À cette époque, une fusée britannique Black Arrow avait propulsé avec succès le satellite Prospero depuis le site de Woomera en Australie-Méridionale. Hier, Eris a renoué avec cette tradition. Peu importe que le vol ait été bref.
Adam Gilmour et son frère James ont créé leur entreprise en 2015 avec l'ambition de développer les capacités spatiales australiennes. Leur société compte aujourd'hui environ 200 employés sur la Gold Coast. Ils construisent à la fois des fusées et des satellites. Leur engin spatial ElaraSat a d'ailleurs volé le mois dernier sur une mission SpaceX Transporter-14, embarquant un instrument du CSIRO pour surveiller la qualité de l'eau.
Il faut quand même savoir que la route vers ce décollage historique a été semée d'embûches. Gilmour Space visait initialement un lancement en mars, mais le cyclone tropical Alfred a contrarié ces plans. L'entreprise a ensuite ciblé la mi-mai. Le 15 mai, la coiffe de charge utile d'Eris s'est détachée de manière inattendue sur la rampe. Une « surtension électrique surprise, causée par un retour électrique provenant d'appareils en aval », avait expliqué la société sur X le 30 mai.

Des données précieuses récoltées malgré les 14 secondes de vol
Gilmour Space n'attendait pas un succès complet dès ce premier essai. « Que nous quittions la rampe de lancement, atteignions le Q maximal ou allions jusqu'à l'espace, ce qui est important, c'est que chaque seconde de vol fournisse des données précieuses qui amélioreront la fiabilité et les performances de notre fusée pour les lancements futurs », avait déclaré l'entreprise en février.
L'optimisme perdure après cet essai. « Aujourd'hui, Eris est devenue la première fusée orbitale de fabrication australienne à décoller du sol australien : environ 14 s de vol, 23 s de combustion du moteur. Un grand pas en avant pour la capacité de lancement », a posté Gilmour Space sur X hier soir, comme vous pouvez le voir dans sa publication ci-dessous.
Adam Gilmour, le PDG, a ajouté dans le communiqué de presse que : « décoller de la rampe de lancement et décoller [tout court] est une avancée majeure pour tout nouveau programme de fusée ».
Cette philosophie rappelle celle d'autres startups spatiales; Souvenez-vous, on vous en parlait sur Clubic, Astra avait connu une glissade latérale similaire lors de son troisième essai orbital en août 2021. SpaceX a explosé plusieurs Falcon avant de réussir. Rocket Lab a également échoué lors de ses premiers vols d'essai.
Quoi qu'il en soit, Eris peut transporter jusqu'à 215 kilos de charge utile en orbite héliosynchrone. Les 23 secondes de combustion moteur ont permis de valider une partie des systèmes de propulsion. Aucun blessé n'a été déploré et l'entreprise confirme qu'il n'y a eu aucun impact environnemental négatif.
L'équipe de Gilmour Space prépare déjà TestFlight 2. Le secteur spatial privé moderne fonctionne ainsi, chaque vol apporte son lot d'enseignements techniques. L'Australie dispose maintenant d'un port spatial opérationnel et d'une industrie spatiale locale capable de concevoir et fabriquer des lanceurs.
Source : Gilmour Space, Space.com