L'administrateur russophone d'un des plus influents forums cybercriminels mondiaux, XSS.is, vient d'être arrêté. L'opération est le fruit d'une enquête franco-ukrainienne de longue haleine.

La collaboration entre les polices française et ukrainienne, ainsi qu'Europol, a été fructueuse © Europol
La collaboration entre les polices française et ukrainienne, ainsi qu'Europol, a été fructueuse © Europol

Les autorités ukrainiennes ont interpellé à Kiev, mardi 22 juillet, le cerveau présumé de XSS.is, une plateforme défavorablement réputée, puisque lieu incontournable de la cybercriminalité russophone. L'arrestation couronne une investigation française lancée il y a quatre ans maintenant, et qui révèle aujourd'hui l'ampleur considérable des gains amassés par l'administrateur du forum, estimés à sept millions d'euros.

XSS.is cachait 50 000 cybercriminels derrière ses serveurs chiffrés

Actif depuis 2013 tout de même, XSS.is, autrefois connu sous le nom de DaMaGeLab, constituait l'un des principaux carrefours de la cybercriminalité mondiale. La plateforme russophone rassemblait plus de 50 000 utilisateurs enregistrés, autrement dit un vrai supermarché du piratage informatique, même si beaucoup moins fréquenté que feu BreachForums, tombé en avril. Sur XSS.is, les malwares, les données personnelles et des accès à des systèmes compromis se négociaient dans l'ombre du dark web.

Le forum proposait aussi des services liés aux ransomwares, ces programmes malveillants qui bloquent les données d'un ordinateur jusqu'au paiement d'une rançon. Un serveur de messagerie chiffrée, « thesecure.biz », complétait l'arsenal en facilitant les échanges anonymes entre cybercriminels. L'infrastructure offrait ainsi un environnement sécurisé pour leurs activités illégales.

L'administrateur ne se contentait pas d'un rôle technique passif. Tel un chef d'orchestre du crime numérique, il arbitrait les disputes entre hackers et garantissait la sécurité des transactions frauduleuses. Un homme aux multiples casquettes, en somme. Toujours est-il que cette position centrale lui permettait de prélever des commissions substantielles sur chaque échange.

Une coopération internationale exemplaire, portée par la France

L'enquête préliminaire française, ouverte le 2 juillet 2021 par la section cybercriminalité du parquet de Paris, a mobilisé la Brigade de lutte contre la cybercriminalité. Les investigations ont révélé des bénéfices criminels d'au moins 7 millions d'euros, dévoilés grâce aux captations judiciaires effectuées sur les serveurs de messagerie.

Outre la France et les autorités ukrainiennes, Europol a joué un rôle déterminant dans cette opération d'envergure internationale. L'agence européenne a facilité la coordination complexe entre les autorités françaises et ukrainiennes, déployant même un bureau mobile à Kiev pour faciliter l'arrestation.

Voilà en tout cas une arrestation de plus contre les réseaux cybercriminels. Souvenez-vous, il y a quelques jours, les mêmes agences avaient déjà démantelé le groupe de hackers prorusses NoName057(16). Des succès successifs qui témoignent d'une intensification bienvenue dans la lutte contre les menaces et les hackers, alors que les cyberattaques se multiplient contre les infrastructures critiques européennes.