La justice française, qui enquête sur l'algorithme de X pour des soupçons d'ingérence étrangère, vient d'essuyer le refus du réseau social et de son dirigeant, Elon Musk. La plateforme dénonce une investigation politique.

La guerre est officiellement déclarée entre X et la France. Accusée de manipulation algorithmique et d'extraction frauduleuse de données, la plateforme d'Elon Musk a officiellement pris la parole pour dénoncer un complot politique qui serait orchestré par Paris. L'entreprise reproche à la France de mener une investigation à caractère politique qui cible spécifiquement sa liberté d'expression et celle de ses utilisateurs.
Elon Musk refuse catégoriquement de livrer l'algorithme de X aux autorités françaises
L'enquête a démarré en janvier dernier. La France soupçonne X de manipuler son algorithme pour favoriser des puissances étrangères sur le territoire français. Deux plaintes, dont celle du député Eric Bothorel, ont déclenché les hostilités. Et ce mois-ci, l'affaire a franchi un cap entre les mains d'une unité spéciale de la police nationale, preuve que Paris prend cette menace très au sérieux.
Les autorités françaises veulent en savoir plus sur l'accès à l'algorithme de recommandation et les données en temps réel générées sur tous les posts des utilisateurs. Mais X riposte sans détour et dénonce une enquête « politiquement motivée » visant à « restreindre la liberté d'expression ». Le problème, c'est que l'entreprise d'Elon Musk avoue ne pas connaître les accusations exactes formulées contre elle, mais elle refuse d'emblée de coopérer.
La justice française, qui enquête sur l'« altération du fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée », comme l'a appris Les Echos, semble avoir vexé X. La plateforme déplore cette qualification généralement réservée aux cartels de drogue ou aux groupes mafieux. X redoute ainsi la mise sur écoute des téléphones personnels des employés français du réseau social.
Les autorités françaises tentent de rassurer X sur la confidentialité des données
X sort surtout les griffes contre deux chercheurs choisis pour décortiquer ses algorithmes. David Chavalarias, qui est le directeur de l'Institut des systèmes complexes de Paris, est connu pour animer la campagne Escape X (ex-HelloQuitteX), qui pousse les utilisateurs à déserter la plateforme. Son acolyte Maziyar Panahi, responsable du pôle IA au sein de l'institut, aurait mené des recherches « démontrant une hostilité ouverte envers X », prétend l'entreprise. Un casting que Musk juge pour le moins orienté.
Pour X, cette affaire sent le règlement de comptes. « L'implication de ces individus soulève de sérieuses inquiétudes sur l'impartialité, l'équité et les motivations politiques de l'enquête, pour rester charitable », tacle la plateforme. Selon elle, tout est comme joué d'avance, ce qui la pousse à parler d'« un résultat prédéterminé, qui n'est pas équitable. » Une accusation qui pousse les observateurs à évoquer un vrai bras de fer politique.
Mais par le biais du parquet de Paris, les autorités françaises essaient de calmer le jeu. Elles jurent ne réclamer qu'une connaissance de l'algorithme, et non l'accès aux données privées des utilisateurs. Le secret professionnel serait garanti, de même que des « processus sécurisé » et « garanties de confidentialité. » Mais ces assurances diplomatiques ne suffiront pas à calmer la fureur d'Elon Musk, bien décidé à transformer cette affaire en symbole de résistance.