La France décroche la deuxième place mondiale pour l'adoption du protocole IPv6, selon l'ARCEP. Dans son rapport 2025 sur l'état de l'Internet en France, le régulateur révèle que 68,6% d'utilisateurs sont connectés en IPv6.

La France est une championne de l'IPv6, même si tout n'est pas encore parfait ! © Funtap / Shutterstock
La France est une championne de l'IPv6, même si tout n'est pas encore parfait ! © Funtap / Shutterstock

La transition IPv6 progresse en France, selon le nouveau baromètre ARCEP publié ce 4 juillet 2025. Avec 68,6% d'utilisateurs raccordés en IPv6, l'Hexagone devance 98 pays sur 100 dans l'adoption de ce protocole internet nouvelle génération. Cette performance masque toutefois des disparités sectorielles importantes entre les opérateurs télécom, jugés plus performants, et les hébergeurs web, qui accusent un retard qui préoccupe l'autorité.

Le protocole IPv6 sauve Internet de la pénurie d'adresses IPv4

Internet fonctionne grâce aux adresses IP, sortes de « codes postaux » numériques attribués à chaque appareil connecté. L'IPv4, utilisé depuis 1983, propose 4,3 milliards d'adresses uniques. Le problème, c'est que cette réserve s'est épuisée en novembre 2019, en raison notamment de l'explosion des objets connectés et des téléphones portables.

IPv6 résout cette pénurie grâce à sa capacité quasi-infinie de 667 millions de milliards d'adresses par millimètre carré de surface terrestre. Ce protocole nouvelle génération intègre aussi des améliorations sécuritaires et d'optimisation du routage, qui préparent Internet aux défis futurs de l'intelligence artificielle et de l'IoT.

L'enjeu dépasse la simple technique, car sans transition rapide, Internet risque d'être coupé en deux. Il y aurait d'un côté les services IPv4 historiques, et de l'autre les nouveaux en IPv6 seulement. Cette fragmentation rendrait certains sites inaccessibles selon la connectivité des utilisateurs, ce qui compromettrait le principe sacré de l'universalité du web.

La transition vers IPv6 se fait à deux vitesses entre les opérateurs et les hébergeurs français

Avec 68,6% d'adoption du protocole IPv6, la France se hisse au deuxième rang mondial, en étant seulement devancée par l'Inde (73,4%). Cette performance remarquable cache toutefois des disparités importantes entre les secteurs d'activité. Les fournisseurs d'accès excellent en la matière. 87% des clients fixes, et 70% des clients mobiles, bénéficiaient déjà du protocole IPv6 activé à la fin de l'année dernière.

Voici où en est la France sur l'IPv6 © ARCEP
Voici où en est la France sur l'IPv6 © ARCEP

Les hébergeurs accusent, eux, un retard plus inquiétant. Seuls 35% des sites web français supportent IPv6, un chiffre qui tombe à 23% pour les serveurs e-mail. Toutefois, l'accélération récente donne espoir à l'ARCEP. Les e-mails, par exemple, ont progressé de 15 points en deux ans, contre seulement 3 points sur les quatre années précédentes.

Les prévisions tablent sur une transition quasi-terminée d'ici fin 2027 côté opérateurs. L'ARCEP anime une task-force IPv6 qui lance le groupe de travail baptisé « IPv6 2030 : les conditions d'un futur de l'internet en IPv6 ». Son objectif est d'anticiper les besoins de l'IA et de définir les conditions d'un Internet entièrement nouvelle génération d'ici 2030, dans un contexte où certains pays comme la Chine planifient déjà l'extinction totale d'IPv4.