Tandis que près de 2,5 millions de véhicules français subissent le rappel massif des airbags Takata, certains constructeurs tricolores naviguent en eaux calmes, comme Renault, Dacia ou Peugeot, qui échappent encore au moins en partie au scandale.

L'interminable scandale des airbags Takata a récemment pris une autre tournure en France, avec l'immobilisation d'urgence de 800 000 véhicules, qui porte le total de voitures rappelées à 2,5 millions dans l'Hexagone. Pourtant, dans ce naufrage industriel, quelques marques françaises semblent avoir échappé au désastre. Comment Peugeot, Renault et Dacia ont-ils évité ce piège mortel qui frappe 26 constructeurs mondiaux ? La réponse pourrait vous étonner.
Comment Peugeot a évité le piège des airbags Takata défectueux
Pour tout comprendre, il faut remonter aux années 2000, lorsque Takata fait miroiter des tarifs imbattables grâce à son déclencheur explosif au nitrate d'ammonium, moins cher que ses concurrents, mais hélas très instable. Cette chimie de l'économie va transformer l'équipementier japonais en numéro 2 mondial de l'airbag, mais aussi en bombe à retardement. Car ce même nitrate d'ammonium peut exploser de manière incontrôlée, en projetant des fragments métalliques que l'on sait désormais mortels.
Chez Stellantis, l'histoire fait état de destins croisés assez saisissants. Citroën et DS ont plongé tête baissée dans les campagnes de rappel tardives et massives de 2024, et paient aujourd'hui les choix d'hier. À l'inverse, Peugeot avait misé sur le suédois Autoliv et ses composés chimiques alternatifs, ce qui lui permet d'esquiver le piège.
Oui, diversifier ses fournisseurs permet souvent de sécuriser ses approvisionnements. Seule ombre au tableau pour le Lion, sa iOn électrique – en réalité une Mitsubishi i-MiEV rebadgée – qui hérite des choix techniques de son véritable constructeur. 400 exemplaires sont ainsi dans la tourmente, comme nous l'explique Largus, mais cela reste peu pour le constructeur.
Renault a interdit le nitrate d'ammonium bien avant le scandale
L'histoire de Renault avec le nitrate d'ammonium tient du thriller industriel. Dans son fameux « livret blanc de la sécurité », une interdiction formelle figure noir sur blanc : aucun véhicule ne doit embarquer ce composé explosif. Cette décision, assez visionnaire il faut l'avouer, précède de plusieurs années le scandale Takata, inspirée par un ancien militaire reconverti ingénieur.
On n'oublie pas les catastrophes d'AZF à Toulouse en 2001 et celle du port de Beyrouth en 2020, qui rappellent cruellement pourquoi cette prudence était justifiée. Renault a donc opté pour le nitrate de guanidine, un composé réputé plus stable et moins corrosif, en étendant naturellement cette philosophie à Dacia et Alpine. Voilà pourquoi vous ne trouverez pas trace de Renault dans la liste des marques et véhicules concernés par le rappel.
Les airbags Takata ont un temps utilisé le composé plébiscité par Renault d'ailleurs. Comprenez donc bien que des airbags Takata peuvent hypothétiquement équipent certains modèles du losange, mais avec une chimie sécurisée. Voilà qui prouve qu'en matière de sécurité automobile, l'anticipation peut littéralement sauver des vies.