Une vision à infrarouge comme Superman ? On n'en est pas loin ! Des chercheurs viennent de lever le voile sur un nouveau dispositif capable de lire du texte à plus d’un kilomètre.

Ils recréent la supervision de Superman avec un appareil espion capable de lire un livre à plus de 1 km ©Shutterstock
Ils recréent la supervision de Superman avec un appareil espion capable de lire un livre à plus de 1 km ©Shutterstock

Si l’identification de textes à grande distance était autrefois réservée à la science-fiction, la technologie prend forme grâce à une équipe de recherche spécialisée en optique. Ils ont conçu un appareil capable de capter et d'interpréter des caractères minuscules à plus d’un kilomètre.

Deux téléscopes boostés par un laser infrarouge

La technologie développée repose sur la méthode dite de "l’imagerie par onde de phase". Cette dernière combine l'utilisation de deux téléscopes et d’un système laser infrarouge installés sur la même platine optique. Il en résulte une sorte d'interféromètre pouvant détecter des variations infimes dans la lumière réfléchie par une surface, comme une feuille de papier ou un écran. Contrairement aux jumelles ou aux caméras classiques, les optiques analysent la lumière émise par un laser, qui, une fois réfléchie par le texte, est captée puis traitée par un jeu d'algorithmes. Cette approche permet de reconstruire les caractères d'un texte même lorsque ceux-ci sont invisibles, tant à l’œil nu qu'aux capteurs conventionnels.

©American Physical Society
©American Physical Society

Les chercheurs ont constaté que, dans des conditions atmosphériques contrôlées, leur technique pouvait distinguer des lettres de 3 mm de haut à une distance de 1,36 km, contre des caractères de 42 mm de haut avec un seul télescope. Le défi consiste surtout à filtrer les interférences lumineuses et à exploiter la cohérence du faisceau laser. Pour éviter que la lumière du laser ne crée trop d’interférences gênantes, les chercheurs la divisent en plusieurs faisceaux, chacun prenant un chemin légèrement différent. Selon les scientifiques, cela rend la lumière moins « ordonnée » et réduit le bruit qui pourrait masquer les détails recherchés. Pendant l’expérience, la cible (le texte) est aussi tournée pour que les télescopes puissent l’observer sous différents angles, ce qui aide à reconstituer une image plus précise.

Les données collectées sont ensuite analysées et en étudiant la variation des signaux entre les deux téléscopes, les chercheurs sont capables de reconstruire l’image du texte.

OK, mais à quoi ca sert ?

Les chercheurs estiment que cette technologie pourrait être utilisée dans plusieurs domaines, comme le contrôle qualité sans contact, par exemple, dans l’industrie horlogère ou la fabrication de composants électroniques. Cela permettrait de détecter des défauts microscopiques ou des écarts de tolérance qui seraient difficiles à repérer avec des méthodes mécaniques traditionnelles.

La technologie pourrait également être employée pour parfaire la lecture des codes barre à distance dans les chaines de production ou les plateformes logistiques.

Mais bien entendu, cette capacité à lire des informations à longue portée peut faire froid dans le dos, surtout si le dispositif venait à être miniaturisé ou intégré à des systèmes mobiles. Dans ce cas, on image que les agences de renseignement pourraient vite s'y intéresser.