La justice française a lancé l'opération « Prison Break » dans le but de récupérer les 5 000 téléphones miniatures introduits dans les prisons. Ces appareils de la taille d'un briquet contournent les systèmes de détection de sécurité.

La justice prend le sujet des téléphones miniatures qui circulent en prison très au sérieux © Obatala-photography / Shutterstock.com
La justice prend le sujet des téléphones miniatures qui circulent en prison très au sérieux © Obatala-photography / Shutterstock.com

Dans une opération coordonnée d'envergure nationale, les autorités françaises ont annoncé mardi avoir déployé l'opération « Prison Break », dans 66 établissements pénitentiaires du pays. Le Parquet de Paris a révélé aujourd'hui que ces perquisitions simultanées ciblent des téléphones miniatures sophistiqués, pas plus grands qu'un briquet, spécifiquement conçus pour échapper aux systèmes de sécurité carcérale. Les appareils sont vendus par des fabricants chinois puis distribués par le Français OPORTIK. Ils sont devenus de parfaits outils de communication illicite derrière les barreaux.

Comment 5 000 smartphones invisibles organisent le crime derrière les barreaux français

Imaginez un téléphone portable entièrement fonctionnel plus petit que votre pouce, qui passe inaperçu aux détecteurs de métaux. C'est exactement ce que les enquêteurs français spécialisés en cybercriminalité ont découvert avec ces appareils miniatures commercialisés comme « indétectables » aux points d'entrée des prisons. De la taille d'un briquet standard, ces téléphones étaient spécifiquement configurés pour éviter la détection.

L'enquête, menée conjointement par la Brigade de Lutte contre la Cybercriminalité (BL2C) et l'Unité nationale Cyber de la gendarmerie (UNC), porte notamment sur les infractions d'administration de plateforme. Ces dernières permettent des transactions illicites et le recel d'objet provenant d'une infraction. On rappelle qu'il est interdit de faire parvenir un téléphone à une personne détenue. Les preuves montrent que ces micro-téléphones ont servi à orchestrer des trafics de stupéfiants, commettre des escroqueries, commander des incendies criminels, et même organiser des tentatives de meurtre.

Les autorités ont exécuté des mandats de perquisition dans pas moins de 500 cellules à travers le pays lors de cette opération minutieusement coordonnée. Le Service national de Renseignement pénitentiaire a joué un rôle crucial dans l'identification des utilisateurs. En parallèle, les enquêteurs ont saisi le nom de domaine d'OPORTIK, le fameux distributeur, et arrêté trois fournisseurs français qui facilitaient la distribution de ces appareils de communication illicites.

L'ANSSI va traquer les backdoors chinoises dans les mini-téléphones carcéraux

Au-delà des préoccupations immédiates de sécurité, les autorités s'inquiètent d'un potentiel espionnage numérique. Voilà pourquoi l'Agence nationale de la Sécurité des Systèmes d'information (ANSSI) examinera les téléphones saisis à la recherche de backdoors, des portes dérobées qui pourraient aspirer des données vers l'étranger. L'enquête souligne, on le comprend bien, les préoccupations croissantes concernant des vulnérabilités technologiques qui s'étendent au-delà des murs des prisons.

Selon les informations transmises par le Parquet de Paris, l'intégralité des 5 000 téléphones en circulation sur le territoire national est visée par cette opération de démantèlement. La justice prévoit de se dessaisir au profit des juridictions locales où les téléphones ont été saisis, pour aider les procureurs territorialement compétents à déterminer les suites pénales appropriées pour chaque utilisateur interpellé.

Les implications internationales de l'opération auront aussi été significatives. Via Eurojust, les autorités françaises ont partagé leurs méthodes de localisation de ces appareils largement distribués avec leurs partenaires internationaux. Cette collaboration devrait permettre de lancer des opérations similaires à l'étranger, ce qui montre que la sécurité carcérale moderne est devenue une course aux armements technologiques entre les autorités d'un côté, et des réseaux criminels de plus en plus férus de technologie de l'autre.