Spores! : voyage dans un futur où la mort est reine

Johan Gautreau
Expert objets connectés
04 mai 2021 à 14h59
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SF Spores Olivier Saraja

Chose promise, chose due : cette semaine, votre chronique littéraire s’aventure dans un univers où l’humanité est proche de l’extinction, par la faute de spores tueuses. N’oubliez pas de mettre votre masque avant de poursuivre votre lecture !

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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Spores! (2014)

Olivier Saraja

Cela faisait un moment que je n’avais plus présenté d’œuvre indépendante. Et encore plus longtemps que je n’avais pas chroniqué de nouvelle. Alors tant qu’à faire, je vous offre les deux en même temps cette semaine !

Spores! est donc un court récit écrit en 2014 par l'ami Olivier Saraja. Ce nom ne sera en effet pas inconnu aux lecteurs les plus assidus de cette humble chronique puisqu'il est aussi l’auteur du très pulp Dino Hunter. On lui doit également l’excellent Zombie Kebab, un roman totalement décalé bourré d’humour noir et de zombies (évidemment).

Mais si j'ai commencé par présenter Dino Hunter dans ces colonnes, c’est au travers de Spores! que j’ai découvert la plume de cet auteur, qui arrive toujours à me faire voyager dans des univers plus improbables les uns que les autres. Aujourd’hui, point de zombies, de dinosaures ou d’aliens. Juste une fable post-apocalyptique au cœur d’un monde envahi par des spores tueuses. Un chouette programme que je vais me faire un plaisir de vous présenter !

« L’endroit aurait paru charmant si, de temps à autre, l’homme ne bousculait du pied les ossements verdis d’un animal ou parfois même quelques restes humains »

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai toujours eu un goût prononcé pour les récits post-apocalyptiques. Mad Max – et le jeu de rôles Cendres aussi - fût une révélation à son époque, réveillant en moi un goût immodéré pour les humains luttant pour une vaine survie, sur une Terre dévastée par l’apocalypse. Avec Spores! je savais donc déjà que j’allais passer un excellent moment.

Dans le futur d’Olivier Saraja, notre belle planète bleue a remporté la bataille contre les humains. La cause de la quasi-extinction de notre espèce ? Des spores tueuses dotées d’un cycle de reproduction tout bonnement surnaturel. Le monde est maintenant recouvert d’une chape de verdure. Aussi, l'air est irrespirable pour tout ce qui dépasse la taille d’un écureuil, ne nage pas ou n’arrive pas à voler au-dessus des nuages de spores.

Pourtant, quelques rares humains errent encore, tentant de survivre tant bien que mal. Pieter et sa fille Enora sont de ceux-là. Bricoleur, Pieter s’est bâti un abri hermétique fait de bric et de broc. Ensemble, ils vivent de chasse et de pêche, tout en attendant un éventuel contact avec d’autres survivants.

D’entrée de jeu, l’ambiance est glaçante, dégageant malgré tout une certaine poésie. Olivier arrive à immerger le lecteur dans son roman dès les premières lignes. Du pur bonheur pour tout fan de post-apo qui se respecte !

« Il se remémora cette mousse d’aspect banal qui était apparue sur l’écorce de certains arbres du centre-ville, dans le parc situé juste à côté de la firme pour laquelle il travaillait »

Format nouvelle oblige, on découvre bien vite comment l’humanité à chuté de son trône. Des mousses sont d'abord apparues en ville. Rien d’inquiétant jusqu’à ce qu’elles commencent à proliférer à un rythme anormal. Malgré les efforts – tardifs – des autorités, le mal était fait : ce nouveau type de végétation a commencé à s’étendre à vitesse grand V dans les moindres recoins du monde civilisé, générant au passage des nuages de spores mortels pour les humains et les animaux de grande taille.

Les exodes massifs en altitude ou dans le désert n’ont rien changé au sort qui attendait les survivants, les spores mutant continuellement afin de s’adapter à toutes les conditions, même les plus extrêmes. Peu à peu, le genre humain a commencé à s’éteindre, laissant toute la place au monde végétal…

Racontée selon le point de vue de Pieter, cette histoire risque de glacer le sang de nombre de lecteurs et lectrices. De fait, Spores! est une nouvelle qui ne craint pas de choquer. La mort est embusquée à chaque tournant, brutale, et pourtant manifeste d'une longue agonie.

C’est d’ailleurs ça qui m’a tant fait accrocher à ce court récit. On navigue dans un univers décrit de façon poétique, bien que monstrueux à sa façon. On s’attache d'ailleurs immédiatement à Pieter et sa jeune fille, espérant un miracle qui leur permettrait de survivre ou au moins rencontrer quelqu’un à même de leur apporter une lueur d’espoir.

« Pieter releva ses carreaux d’aviateur, écarquillant ses yeux clairs : cela faisait des années qu’il n’avait pas rencontré d’autre rescapé, et voici que déboulait une femme. »

Que serait une bonne histoire sans son indispensable élément perturbateur ? Dans Spores! c’est l’arrivée d’Ana qui va changer la vie de Pieter. La jeune femme a quitté son précédent campement après la mort de ses occupants. Jusque là, rien de bien spécial…

Sauf que la femme est une scientifique, porteuse de ce qui pourrait bien être le dernier espoir de l’humanité : une nouvelle espèce de spore capable de dévorer son homologue mortelle pour les humains. Ana est à deux doigts de finaliser son travail, il ne lui manque qu’un laboratoire et un peu de matériel pour lancer la production massive de son remède « anti-spores ». Ça tombe bien, c’est pile ce qu’il y a dans la ville voisine.

L’arrivée de la jeune femme va donc précipiter les évènements et surtout nous faire découvrir Pieter sous un autre jour. Et pas forcément le plus sympathique… La course à l’antidote végétal sera aussi l’occasion pour nous, lecteurs, de faire le jour sur les véritables origines des spores tueuses.

« Tout était consigné là, entre ses mains : ainsi, l’humanité avait été décimée en explorant les moyens de nourrir une population grandissante, dans le grotesque espoir de pallier l’amenuisement des ressources naturelles de la planète. »

Quoi de plus rageant que l'humanité dévastée par le remède qui aurait dû la sauver ? C’est pourtant bien la terrible découverte que fait Ana en arpentant les ruines de la firme BioGenTech. Les spores tueuses proviennent d’un laboratoire humain. Ironiquement, l’objectif est atteint : adieu la famine, faute d’humains en vie…

Ce n’est malheureusement pas la seule découverte terrifiante que fera la jeune scientifique. Plus le temps passe, plus Pieter a un comportement étrange. Il a des maux de tête réguliers. Il parle seul. Son humeur est changeante. Et surtout, pourquoi diable la fille de Pieter ne se montre-t-elle jamais ?

Olivier fait monter la pression à chaque page. L’espoir côtoie alors la folie dans une course contre la montre pour la survie de l’humanité. C’est un fait, Spores! ne nous laisse aucun moment de répit. Cette tension insidieuse, ces doutes qui nous envahissent en même temps qu’ils envahissent Ana… C’est juste du pur plaisir littéraire !

« Papa, tue-la vite ! cria Enora. Tu vois bien qu’elle est comme les autres. »

L’heure du dénouement approche pour nos héros, de même que pour la chronique de cette semaine. Ana va-t-elle finaliser son remède ? Pieter et Enora sont-ils vraiment ce qu’ils paraissent être ? J’aimerai tellement tout vous révéler, mais ce serait gâcher cette petite pépite de littérature française !

Foncez sans tarder sur Spores!, ce sont 35 pages de pur bonheur qui vous tendent les bras, un véritable huis-clos post-apocalyptique mené d'une main de maître par Olivier Saraja. La peur et l’horreur y côtoient avec brio l’espoir d’un nouveau monde, d’un nouveau départ pour l’humanité.

Sur ce, je vous laisse et vous donne rendez-vous dans trois semaines pour une nouvelle chronique littéraire consacrée à la SF. D'ailleurs on parlera encore post-apo, avec une humanité revenue à l’âge de pierre suite à de terribles conflits nucléaires !

Spores! © Olivier Saraja

Spores! (2014) est auto-édité par Olivier Saraja. Il est disponible sur Amazon en version Kindle et papier.

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Commentaires (1)

Pierre.eau.Le.Fou
99 centimes sur Kindle. Faut vraiment pas se priver !<br /> Edit : je reviens vous livrer mes impressions, c’est excellemment bien écrit, un récit palpitant qui fourmille de détails tout en ménageant une part d’ombre sur chacun des personnages. On aurait tellement aimé une autre fin !
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