Le prix des batteries électriques poursuit une baisse pourtant menacée

Jean-Barthélémy Losfeld
Publié le 07 décembre 2021 à 09h10
Batterie

L’étude annuelle de référence de BloombergNEF sur le prix des batteries présente une nouvelle année de baisse qui pourrait connaître un coup d’arrêt en 2022.

Alors que le prix du kilowattheure (kWh) flirtait avec les 1 200 dollars en 2010, en 2021, il est près de dix fois inférieur et s’affiche actuellement à 132 dollars/kWh. Si depuis des années le prix baisse, les spécialistes s’accordent à tempérer cette tendance sans pour autant la condamner. La raréfaction des matières premières pèse d'un côté sur les prix, de l’autre l’essor des technologies compense l’évolution du coût global.

Entre des difficultés d’approvisionnement et une demande croissante

À l’exception de Toyota qui pondère l’emballement général, l’ensemble des constructeurs automobiles s’accorde sur la généralisation de l’électrique. La plupart des feuilles de route convergent à l’horizon 2030. Dès lors, les demandes autour de la production et de la chaîne d’approvisionnement sont pressantes.

À ce jeu, la Chine parvient à répondre plus efficacement sur son marché avec les prix les plus bas (111 dollars/kWh) quand les packs de batterie peuvent être de 40 à 60 % plus chers en Europe et aux États-Unis. De telles différences mettent en évidence un marché immature avec une grande diversité d'applications entre le haut de gamme et les commandes sur-mesure.

À court terme, la hausse des prix des matières premières devrait augmenter le prix moyen des accumulateurs et pourrait finir à 135 dollars/kWh en 2022. Une hausse qui pourrait retarder l’objectif des 100 dollars/kWh. Cela impacterait directement le consommateur et sa capacité d'acquisition de véhicules électriques, tout comme les marges des fabricants, et donc ralentir l’économie liée aux énergies propres.

Kwasi Ampofo, responsable des métaux et des mines chez BloombergNEF, a déclaré : « Les prix du lithium ont considérablement augmenté cette année en raison des contraintes au sein des chaînes d'approvisionnement mondiales, de la demande croissante en Chine et en Europe et des récentes baisses de production en Chine. Bien que nous nous attendions à ce que la demande continue de croître en 2022, d'autres facteurs tels que les contraintes de la chaîne d'approvisionnement mondiale et les freins à la production de la Chine devraient avoir été résolus d'ici le premier trimestre 2022. Cela contribuera à faire baisser les prix du lithium ».

© BloombergNEF
© BloombergNEF

La technologie au secours des prix

Au dernier trimestre, les producteurs chinois ont augmenté les prix des cathodes de phosphate de fer et de lithium (LFP) de 10 à 20 %. Ce coup de bambou laissait présager l’arrêt de la baisse générale. Pourtant, le prix moyen des batteries a continué de baisser en 2021 à mesure de l'adoption de la chimie LFP. Celle-ci supplante d’autres technologies comme le cobalt coûteux (et controversé) dans les cathodes à base de nickel (NMC). En 2021, les cellules LFP sont près de 30 % moins chères que les cellules NMC. Si le rapport « hausse des prix/abandon de certaines technologies » reste encourageant, les produits chimiques bon marché comme le LFP sont exposés au prix du carbonate de lithium, lui-même assez volatile.

Sur la base des tendances historiques, l'enquête de BloombergNEF prédit que d'ici 2024, les prix moyens des packs devraient passer sous la barre des 100 dollars/kWh. À ce prix, les constructeurs automobiles devraient être en mesure de produire et de vendre des véhicules électriques grand public au même prix que les modèles thermiques tout en maintenant une marge équivalente. Toutefois, l’étude tempère ces prévisions et précise que les tarifications devraient varier selon le constructeur automobile et les zones de production.

Cependant, et malgré ces bonnes intentions, sans innovation pour compenser la hausse des prix des matières premières, la baisse historique est menacée. Si les chiffres du dernier semestre se confirment, cela peut repousser l’atteinte du Graal des 100 dollars/kWh pour 2026. Dans ce sens, les acteurs maintiennent leurs investissements continus en R&D et dans l’amélioration de la chaîne d'approvisionnement. Plus encore, la forte demande contribue à soutenir l’amélioration des batteries pour réduire leur coût au cours de la prochaine décennie. BloombergNEF s'attend à ce que les technologies de nouvelle génération jouent un rôle important dans la réduction des prix à long terme.

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

Aujourd'hui, même si le calendrier est incertain, la voie pour atteindre 100 dollars/kWh est claire. En 2021, les constructeurs automobiles ont publié des feuilles de route détaillant comment permettre au prix du kilowattheure de passer sous le seuil stratégique des 100 dollars. Renault et Ford ont même annoncé publiquement des objectifs de 80 dollars/kWh pour 2030. Donc si le marché peut connaître un ralentissement de sa dynamique, voire un coup d'arrêt en 2022, tout semble indiquer que la baisse des prix devrait être durable.

Par Jean-Barthélémy Losfeld

Baroudeur du numérique, concepteur-rédacteur et aspirant écrivain à mes heures gagnées, mon clavier s’arrête à l’orée du mode console. Je suis ici pour vous présenter quelques actualités et les logiciels à télécharger.

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bennukem

J’avoue ne pas avoir compris le soucis. Le prix baisse, c’est tout bénéf pour nous non ?
Tant qu’il y aura un minimum de demande il existera quelqu’un pour les produire.

toast

C’est une bonne chose que les prix baissent, meilleurs marges pour les constructeurs et prix plus accessibles pour nous.
C’est si les prix augmentent que c’est plus ennuyeux, c’est bien pour ça que l’article mentionne une menace sur la continuation de baisse des prix

jyti94

Ca n’est pas obligatoirement une bonne chose que les prix baissent.
L’enjeu est le réchauffement climatique. Si le prix n’intègre pas la totalité des phénomènes mis en jeu, de l’extraction des matières premières à l’utilisation finale en passant par l’élaboration des produits, alors le prix ne reflète que les coûts et marges industrielles sans rien de l’impact sur l’écologie qui sera payé plus tard.
On peut alors favoriser la débauche d’utilisation de l’énergie qui même si d’origine électrique a un impact sur nos vies présente et future par la baisse de prix mais le reste du coût global sera à payer plus tard.
Aujourd’hui il nous faut moins consommer qu’avant et ce quelle que soit l’énergie électrique, gaz ou pétrole.

C’est loin d’être simple mais le principal défaut de cela c’est que ça n’est pas vendeur et les industriels/bourses ne voient pas comment gagner de l’argent avec un tel message.

zoup01

:+1:

promeneur001

En quoi 100 $/kg est un Graal ?
Le Graal est un kg de pile <=> 2,5-4 kwh ce qui met à égalité 1 kg d’essence et 1 kg de pile + un écart de prix de 5% entre la voiture thermique et électrique + un plein en 20 mn sur longue distance ou 100 km équivalent en 2 mn.

toast

Autant je te rejoins complètement sur la sobriété énergétique et je n’ai aucun soucis avec ça, autant sur le lien prix/écologie n’est pas aussi direct.
Prix qui baissent → marges supérieures, prix inférieurs, c’est clair et assez peu discutable.
Prix qui baissent → impact négatif niveau écologie c’est discutable. Prix qui baissent, meilleurs accessibilité à la mobilité électrique à un plus grand nombre, diminution de l’utilisation de carburants fossiles. C’est autant valable que ton raisonnement, mais tellement difficile à chiffrer en réalité qu’on ne peut faire que des suppositions.
Donc à périmètre énergétique constant, c’est compliqué d’évaluer les décisions et choix technologiques.
Mais comme il est couramment dit, l’énergie la plus écologique, c’est celle qu’on n’utilise pas. On est bien d’accord. Si, à titre perso, c’est ce vers quoi j’essaie de me diriger (pour l’instant 30% de consommation électrique en moins en 2 ans), je ne suis pas sûr que ce soit (malheureusement), une préoccupation majeure.

balibalo

@promeneur : Si j’ai bien capté, c’est la balance à laquelle un véhicule thermique coûtera grosso modo le même prix qu’un véhicule électrique à l’achat.

Nmut

Souvent, un cout industriel moins important correspond à une amélioration écologique (moins d’eau, moins de matière, matières plus abondantes ou faciles à extraire, moins d’énergie, …), même si on peut trouver des contre-exemples.
Et je suis d’accord sur le fait que la seule vraie solution, c’est la diminution de nos consommations en général. Mais cela reste très difficile… Quand je fais le bilan carbone de ma famille, on a bien progressé mais j’arrive à un point maintenant ou on touche directement au confort et c’est dur! :-/

Krypton_80

« Donc si le marché peut connaître un ralentissement de sa dynamique, voire un coup d’arrêt en 2022, tout semble indiquer que la baisse des prix devrait être durable. »

On se console comme on peut, car pour ce qui est de la baisse durable des émissions de CO2 provenant de l’activité humaine, c’est pas gagné, même avec des VE.

Quand je vois le nombre de pubs pour inciter les gens à toujours consommer plus, notamment pour acheter un VE, aucune chance que ça se produise un jour, peu importe le prix du kWh. Plus le prix sera faible, plus les gens vont consommer, simple.

Nmut

100$/kWh (kilowatt heure, pas kilogramme!)
C’est le Graal parce que c’est là que le cout d’un VE est équivalent à un VT!