Critique | Les Animaux fantastiques, les Secrets de Dumbledore : le spin-off d'Harry Potter a-t-il enfin trouvé la bonne formule ?

13 avril 2022 à 12h12
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© Warner Bros Pictures
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Les fans de l'univers magique de J.K. Rowling vivent une belle année : après la sortie du documentaire Harry Potter : Retour à Poudlard, et en attendant l'arrivée prochaine du jeu Hogwarts Legacy, c'est le troisième épisode des Animaux Fantastiques qui vient d'arriver en salles.

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore
  • Vous êtes un fan absolu de l'univers de J.K. Rowling
  • Vous voulez en savoir plus sur la jeunesse de Dumbledore
  • Les créatures magiques vous font craquer
  • La magie d'Harry Potter vous manque
  • Vous n'avez que faire d'un prequel sans lien avec le jeune sorcier
  • Vous avez lâché l'affaire depuis le premier volet de cette saga

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique du film :

Fiche technique Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore

Résumé

Informations

Titre original
Fantastic Beasts: The Secrets of Dumbledore
Date de sortie
7 avril 2022
Durée du film
2H22
Réalisateur
David Yates
Société(s) de production
Warner Bros. Heyday Films
Genre cinématographique
Fantastique
Classification
Public averti

C'est pas Sorcier

Alors que le maléfique Gellert Grindelwald renforce son influence et prépare sa guerre contre les Moldus, Albus Dumbledore monte un groupe et place à sa tête le magizoologiste Norbert Dragonneau, pour déjouer les noirs dessins du sorcier.

Si nous sommes de grands fans de la saga Harry Potter et de ses adaptations sur grand écran, la sortie en 2016 des Animaux Fantastiques nous a fait l'effet d'une douche froide, une impression d'ailleurs amplifiée par sa suite, Les Crimes de Grindelwald, sortie deux ans plus tard.

Malgré tous nos efforts pour nous replonger dans l'univers délicieux imaginé par la célèbre romancière britannique, ces deux premiers films nous semblaient en effet vidés de tout ce qui faisait le sel de l'oeuvre originelle. Les ingrédients sont là, certes, mais la magie n'opère jamais, la faute, principalement, à des scripts foutraques qui partent dans tous les sens et distillent de nombreux éléments sans jamais chercher à créer une véritable osmose.

© Warner Bros Pictures
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En plus de ce bagage compliqué, Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore a connu une production compliquée. Son tournage a d'abord été reporté d'un an à cause de la crise sanitaire, et la réalisation a dû composer avec le départ de Johnny Depp, débarqué par la production pour des histoires judiciaires peu reluisantes. Malgré tout, il nous tardait de découvrir ce troisième opus, pour voir si le studio avait pris en compte les critiques des spectateurs les plus attachés à l'univers des sorciers.

Abracadabricabrac

Si J.K. Rowling a officié en tant que scénariste sur les deux premiers films de la franchise, Warner Bros a eu la riche idée de rappeler Steve Kloves, scénariste de la quasi intégralité de la saga Harry Potter, pour ce troisième épisode. La romancière est évidemment très à l'aise pour créer et enrichir son univers de multiples détails, mais un livre n'est pas un scénario et son imagination débordante devenait un problème pour le rythme et les enjeux des films.

Bonne nouvelle donc : ce nouvel opus profite d'une écriture bien plus structurée. Il se concentre presque exclusivement sur la montée en puissance de Grindelwald et le combat mené par Dumbledore et ses compagnons d'arme, ne déviant quasiment jamais de cette ligne narrative. Sans trop entrer dans les détails pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, sachez que les animaux fantastiques redeviennent un point central de l'intrigue et ne sont plus seulement un argument marketing tout juste bon à vendre des peluches aux fans une fois la séance terminée.

Le film est toujours trop long pour le peu qu'il raconte mais il est néanmoins plus rythmé que les précédents films, notamment dans sa deuxième heure.

© Warner Bros Pictures
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Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore opère également ce qu'on appelle un soft-reboot, soit un redémarrage de la série en cours de route, et passe ainsi beaucoup de temps à réintroduire les personnages et enjeux pour les nouveaux spectateurs comme pour ceux qui ont tout oublié depuis la sortie du dernier volet en 2018. La démarche tend ainsi à rafistoler autant que possible le récit global.

C'est d'ailleurs tout le paradoxe de ce nouveau film : les quelques coups de pinceaux apportés révèlent en fin de compte la structure branlante qui soutient la franchise. On pense par exemple à Norbert Dragonneau, le héros de la saga, encore plus creux et fade que précédemment, qui plus que jamais semble n'être que le simple spectateur de sa propre histoire. Eddie Redmayne lui même paraît ne plus vraiment y croire et surjoue la candeur et l'innocence à chacune de ses apparitions pour donner le change. C'est triste.

Les Animaux Fantastiques 3 © © Warner Bros Pictures

On peut néanmoins saluer la partition de Jude Law, qui retrouve avec brio le rôle de Dumbledore. Malicieux, déterminé, mais aussi habité d'une part obscure, le comédien réussit à incarner la complexité du personnage en quelques regards, s'impose facilement comme le vrai héros de la saga et réveille notre intérêt à chacune de ses apparitions.

Mads Mikkelsen reprend quant à lui le rôle de Grindelwald et si l'acteur ne force pas son talent, son charisme suffit à faire illusion. Le reste du casting fait le minimum syndical mais impossible de les blâmer tant l'écriture de leurs personnages est inconsistante.

« Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore tient davantage aujourd'hui du produit dérivé que du prolongement d'un univers foisonnant »

Les Secrets de Dumbledore du titre, eux, répondent au cliffhanger du précédent film, mais les explications apportées tombent comme un cheveu sur la soupe. J.K. Rowling semble ne pas avoir suffisamment de matière pour remplir les cinq films prévus et Warner Bros s'en est également aperçu. Le final du film, anti-spectaculaire au possible, laisse bien évidemment quelques portes ouvertes pour une suite, mais pourrait très bien signer la conclusion de la saga en cas d'échec cuisant au box-office. Un comble pour une franchise aussi populaire et rentable que le Wizarding World.

La grande illusion

À la réalisation pourtant, on retrouve David Yates, metteur en scène des précédents opus mais aussi des quatre derniers volets de la saga Harry Potter. C'est peu dire que l'homme connait l'univers des sorciers sur le bout des baguettes et sait y faire pour nous replonger rapidement dans les fantaisies de J.K.Rowling.

© Warner Bros Pictures
© Warner Bros Pictures

La réalisation se montre ici propre et discrète, tant dans les scènes d'exposition, qui ne dévient guère plus de simples champ-contrechamp, que dans les affrontements entre sorciers, toujours lisibles. David Yates semble être toutefois passé en mode « pilotage automatique » et ne retrouve pas la ferveur de ses premiers travaux, qui profitaient de quelques idées malicieuses de réalisation et de découpage.

On aurait aimé aussi plus de décors réels et de tournage en extérieur. Le métrage semble intégralement filmé en studio et sur fond vert, et si les effets numériques sont globalement réussis, certains décors, à la profondeur de champ limitée, font peine à voir.

La photographie sombre de ces Animaux Fantastiques a été étudiée pour marquer une franche différence avec la saga Harry Potter, mais ce manque de lumière et de couleur ne sert finalement qu'à masquer les environnements, notamment la première scène du film qui se passe dans une jungle où il n'est jamais possible de voir plus loin que deux ou trois arbres.

© Warner Bros Pictures
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Ce traitement plus réaliste, désenchanté même, trouve ses limites lors du désormais traditionnel passage à Poudlard. Le film ne peut pas s'empêcher de devoir revenir à l'école des sorciers pour donner au spectateur adulte sa petite dose de nostalgie. Seulement la magie a définitivement quitté le château, à l'instar des élèves, dont seul quelques rares représentants se baladent ici et là, laissant les couloirs vides. Là encore les incrustations numériques rendent chaque pièce factice et nous font regretter les décors en dur des films Harry Potter.

Le seul vrai point positif du film est à chercher du côté de la musique de James Newton-Howard. Pour sa troisième incursion dans le monde des sorciers, le compositeur ne démérite pas et nous offre une ample partition orchestrale comme on en entend de moins en moins dans les blockbusters hollywoodiens. James Newton-Howard joue à l'équilibriste entre des morceaux atmosphériques, qui collent parfaitement à son style, et des pièces d'action enlevées qui sonnent comme un hommage à John Williams et à ses compostions d'époque pour la saga Harry Potter. Et ça fonctionne !

© Warner Bros Pictures
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Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore nous laisse donc un drôle de goût en bouche. Ce troisième épisode est sûrement le meilleur de la saga, notamment grâce à une écriture resserrée, mais peine à masquer la vacuité de l'histoire.

En réaménageant quelques éléments, le film montre qu'il aurait très bien pu être le point de départ d'une trilogie consacrée à Dumbledore et que les deux premiers films n'ont été qu'une grande perte de temps, ou un remplissage destiné à remplir les caisses de Warner Bros.

Les Potterhead purs et durs seront probablement aux anges devant une oeuvre qui ne se prive plus de leur faire de nombreux coups de coude complices, avec des références de plus en plus appuyées à Harry Potter. Pour les autres, Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore ne relève pas vraiment le niveau d'un cycle cinématographique sans grand intérêt, qui tient aujourd'hui davantage du produit dérivé industriel que du prolongement naturel d'un univers pourtant foisonnant.

5

Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore est sans conteste le meilleur épisode de la saga, avec un scénario plus structuré qui recentre enfin ses enjeux. Le film ne peut toutefois pas masquer les failles béantes du projet, notamment ses personnages creux et une intrigue globale bien trop faible pour justifier déjà trois films. À réserver aux Potterhead les plus convaincus donc.

Cette œuvre est pour vous si

  • Vous êtes un fan absolu de l'univers de J.K. Rowling
  • Vous voulez en savoir plus sur la jeunesse de Dumbledore
  • Les créatures magiques vous font craquer

Cette œuvre n'est pas pour vous si

  • La magie d'Harry Potter vous manque
  • Vous n'avez que faire d'un prequel sans lien avec le jeune sorcier
  • Vous avez lâché l'affaire depuis le premier volet de cette saga

Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore est dans les salles de cinéma depuis le 13 avril 2022.

Mathieu Grumiaux

Grand maître des aspirateurs robots et de la domotique qui vit dans une "maison du futur". J'aime aussi parler films et séries sur les internets. Éternel padawan, curieux de tout ce qui concerne les n...

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Grand maître des aspirateurs robots et de la domotique qui vit dans une "maison du futur". J'aime aussi parler films et séries sur les internets. Éternel padawan, curieux de tout ce qui concerne les nouvelles technologies.

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