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Les banques centrales française et suisse, accompagnées par la Banque des Règlements Internationaux (BRI), s'associent dans un projet transfrontalier baptisé « Jura » utilisant la technologie blockchain. Présentée comme une monnaie « de gros », elle ne sera peut-être pas proposée aux particuliers.

Cette expérimentation va être menée conjointement avec un consortium privé dirigé par Accenture et composé du Crédit Suisse, Natixis, R3, SIX Digital Exchange et UBS. Deux monnaies numériques de banque centrale (MNBC) devraient être émises, l'une indexée sur le cours de l'euro, l'autre sur celui du franc suisse.

La crypto-monnaie envisagée pour doper les échanges transfrontaliers France - Suisse

Depuis plus d'un an, la Banque de France, la Banque Nationale Suisse ainsi que la BRI et un consortium d'entreprises privées travaillent ensemble à un projet d'échange monétaire transfrontalier s'appuyant sur deux devises numériques de banque centrale. Baptisé « Jura », celui-ci sera lancé entre la France et la Suisse à une date qui n'a pas encore été communiquée. La seconde sous-gouverneur de la Banque de France, Sylvie Goulard, annonce « se réjouir » de cette avancée.

En décembre 2020, la Banque de France a notamment financé un projet pilote de MNBC à hauteur de 2 millions d'euros ; elle poursuit donc ici sa lancée. Les MNBC du projet « Jura » reposeront sur deux mécanismes : d'un côté, l'échange entre l'instrument financier et une MNBC de gros, en euro, se fera via une plateforme de règlement livraison contre paiement. De l'autre, l'échange entre la MNBC en euro et celle en franc suisse se fera selon un principe de règlement paiement contre paiement.

À noter que les monnaies numériques seront réservées aux intermédiaires financiers, excluant de fait le grand public. La Banque de France, elle, a annoncé ne pas chercher, pour l'instant, à aller plus loin que ce projet expérimental concernant la potentielle émission d'une monnaie de gros durable.

Les monnaies numériques de banques centrales poursuivent leur développement

L'ancienne eurodéputée et conseillère de Romano Prodi à la Commission européenne a appuyé l'avènement de « Jura » en ces termes : « l'Eurosystème s'engage dans l'innovation et adapte ses actions à la forte tendance à la numérisation des paiements. La Banque de France est convaincue des avantages potentiels de la monnaie numérique de gros des banques centrales pour assurer une sécurité et une efficacité maximales dans les transactions financières ».

Pour l'heure, les projets de monnaies numériques émanant de banques centrales se multiplient dans le monde. En Europe, depuis 2019, la Banque Centrale Européenne (BCE) planche sur un euro numérique, qui pourrait voir le jour avant 2024 selon l'annonce faite par Christine Lagarde, sa présidente, le 12 novembre 2020. Les Bahamas ont été les premiers à expérimenter puis officiellement lancer leur monnaie numérique de banque centrale, baptisée Sand Dollar, en octobre 2020. Selon la BRI, près de 80 % des banques centrales mondiales travailleraient actuellement au développement de MNBC.