Transformer chaque spectateur en réalisateur, voilà l'ambitieuse promesse de Showrunner. Une start-up, soutenue par Amazon, lance une plateforme pour créer des épisodes animés à la demande, mais le défi s'annonce colossal.

- Showrunner, soutenu par Amazon, permet aux utilisateurs de créer des épisodes animés via une plateforme IA innovante.
- La technologie SHOW-2 de Fable Studio gère dialogues, animation et montage, mais reste limitée à l'animation.
- Le modèle économique de Showrunner, basé sur le partage de revenus, soulève des questions éthiques et économiques.
L'intelligence artificielle générative continue de s'étendre au-delà du texte et de l'image pour aborder la création vidéo. Les géants du streaming explorent déjà son potentiel, comme l'a récemment confirmé Netflix pour optimiser ses productions. Une nouvelle étape est désormais présentée avec Showrunner, un service qui ambitionne de mettre les outils de création directement entre les mains des spectateurs.
Showrunner, le « Netflix de l'IA » qui vous transforme en réalisateur
Fable Studio, une start-up fondée par d'anciens de Pixar et d'Oculus, a donc ouvert la version alpha de sa plateforme Showrunner. L'idée est de permettre à n'importe quel utilisateur de générer des épisodes de séries animées en décrivant simplement une idée dans un prompt. La technologie sous-jacente, un modèle d'IA propriétaire nommé SHOW-2, prétend gérer l'intégralité du processus, de l'écriture des dialogues à l'animation, en passant par le doublage et le montage. Pour l'heure, ses capacités se cantonnent à des styles d'animation spécifiques, loin de pouvoir générer du contenu en prise de vue réelle.
Le concept est baptisé « télévision jouable » (playable television). En théorie, les abonnés pourront non seulement regarder des séries générées par l'IA, comme la parodie de la Silicon Valley Exit Valley, mais aussi produire leurs propres épisodes ou s'y insérer en tant que personnage. Reste à savoir si ce modèle, qui demande une participation active du spectateur, parviendra à séduire au-delà d'un public de niche curieux de tester cette nouvelle forme d'interaction, qui s'apparente davantage à un jeu vidéo qu'à une soirée devant sa télévision.

Un modèle économique et éthique à prouver
Alors que Netflix commence à utiliser de l'IA générative pour ses séries, l'approche est bien plus pragmatique et se concentre sur des tâches de post-production, comme pour les effets visuels de la série The Eternaut. Showrunner, à l'inverse, met l'IA au centre de la création, proposant un modèle économique pour le moins audacieux basé sur le partage de revenus. Les créateurs dont les univers seraient réutilisés par d'autres pourraient toucher une part des bénéfices, un système dont la viabilité économique reste entièrement à démontrer.
L'arrivée d'un tel outil ravive les inquiétudes sur l'avenir des métiers créatifs, au cœur des grèves qui ont paralysé Hollywood en 2023. Interrogée sur l'origine des données ayant entraîné son modèle, Fable Studio a donné une réponse évasive, mentionnant des « données publiquement accessibles » et le contenu créé par ses propres testeurs. Avant même de convaincre le grand public, la start-up devra naviguer dans des eaux troubles, entre les questions de droits d'auteur et la réticence probable des grands studios à laisser leurs propriétés intellectuelles être librement modifiées par une IA.
Source : Engadget