Si le nœud 14A n'est pas un succès, Intel pourrait complètement abandonner la gravure de haute précision à ses concurrentes sud-coréenne (Samsung) et taiwanaise (TSMC).

Décidément, les dernières annonces en provenance d'Intel ne sont pas tout à fait ce que l'on pouvait espérer avec le récent remaniements. Le nouveau P.-D.G. du groupe américain met effectivement la pression sur ses employés pour faire du futur nœud de gravure processeurs Intel 14A un succès… sinon, ce sera le mur.
Lip-Bu Tan face aux difficultés d'Intel
Depuis maintenant plus de trois ans, les mauvaises nouvelles succèdent aux mauvaises nouvelles chez Intel et l'arrivée d'un nouveau patron en début d'année ne semble pas devoir y changer grand-chose.
Lip-Bu Tan a effectivement voulu marquer sa différence avec son prédécesseur – Pat Gelsinger – tout en cherchant à préserver une certaine partie de l'héritage. C'est ainsi qu'il n'a pas été question comme le voulaient certains membres du conseil d'administration du groupe de scinder les activités en deux avec, d'un côté Intel « conception de puces » et, de l'autre, Intel Foundry, le département production de l'entreprise américaine.

Pour autant, depuis quelques semaines, les déclarations de Lip-Bu Tan n'incitent guère à la confiance. Tout semble indiquer que l'on se dirige vers la fin des technologies de pointe. En début de mois, une fuite soulignait l'abandon du nœud de gravure 18A pour les partenaires d'Intel afin que l'entreprise soit en mesure de réorienter sa communication vers le 14A. plus prometteur.
L'Intel 14A : dernière planche de salut ?
Dans la foulée, Lip-Bu Tan a eu un commentaire résigné sur la position d'Intel du côté de l'intelligence artificielle : « sur l’entraînement, je pense qu’il est trop tard pour nous », a-t-il déclaré.
Le P.D-G. voyait alors une option sur d'autres segments de l'IA dans lesquels Intel pourrait encore tirer son épingle du jeu. Reste que seulement quelques jours plus tard, Lip-Bu Tan profitait de la présentation des derniers résultats financiers du groupe pour faire d'autres, toutes plus pessimistes les unes que les autres. En premier lieu, il a ainsi été question de supprimer encore de nombreux emplois afin de simplifier la structure d'Intel.
Lip-Bu Tan a aussi constaté l'échec de la nouvelle orientation Arrow Lake qui, avec la disparition de la technologie Hyper-threading, devait acter le fait que le nombre de cœurs devait suffire. Las, le P.-D.G. du groupe a expliqué que « s'éloigner du SMT [NDLR : simultaneous multi-threading ou Hyper-threading] aura été un désavantage compétitif »… évidemment un désavantage par rapport aux processeurs du concurrent de toujours, AMD.
TSMC pourrait se retrouver seule en piste
Eh bien, juste après cette annonce choc, Lip-Bu Tan est allé encore plus loin en soulignant combien le nœud 14A représente l'ultime chance pour Intel. Comme l'expliquent nos confrères de Tom's Hardware, ce 14A est prévu pour succéder aux 18A et 18A-P lesquels ne seront donc utilisés qu'en interne. En revanche, le 14A est autant prévu pour un usage interne à Intel que pour produire des puces à destination de clients externes.
C'est là tout le nœud – sans mauvais jeu de mot – du problème : les clients externes qui, seuls, peuvent permettre à Intel se sortir la tête de l'eau. De tels contrats avec des acteurs majeurs ne sont pas encore signés pour le 14A sur lequel Intel a au moins un projet de puce. Cela dit, si le 14A ne séduit pas ces fameux clients externes, Intel semble clairement envisager l'annulation pure et simple de ce nœud de gravure.
Dans une telle hypothèse, Intel pourrait faire produire ses propres puces par des compagnies tierces, comme elle le fait déjà avec TSMC sur la génération Arrow Lake notamment. Intel ne serait alors plus du tout dans la course avec TSMC qui se retrouverait bien seule alors que Samsung a déjà annoncé ne plus chercher à concurrencer directement le géant taiwanais. Or, on le sait tous, un monopole sur une industrie aussi sensible, ce n'est jamais bon.
Si un tel cas devait se produire, on pourrait alors souhaiter que le Japon ou même la Chine parviennent à se mettre au niveau. La Chine, bien sûr, ne fait pas mystère de sa volonté de concurrencer Taïwan alors que le Japon a récemment annoncé un plan pour produire des puces 2 nm d'ici 2027. Ça reste bien loin…
Source : Tom's Hardware