Le géant sud-coréen des semi-conducteurs semble plus que jamais à la peine sur ses procédés de fabrication les plus modernes et plutôt que de tenter de concurrencer TSMC, Samsung veut améliorer sa propre rentabilité.

Il y a une vingtaine d'années, le nombre d'entreprises spécialisées dans la fabrication de semi-conducteurs haut de gamme tournait autour de la vingtaine. En l'espace de deux décennies, il pourrait se réduire à une.
Alors que TSMC pousse toujours plus son avantage technologique et qu'Intel est toujours en grande difficulté, c'est Samsung qui décide de repousser encore un peu plus son nœud de production le plus moderne, le 1,4 nm.
TSMC seule en course ?
Pas plus tard que la semaine dernière, une information tombait sur les ambitions de Samsung Foundry dans la gravure en 1,4 nm, une technologie sur laquelle la société sud-coréenne est en difficulté depuis un petit moment.
Peut-on encore parler de simple « difficulté » quand Samsung elle-même annonçait que cette technologie un temps prévue pour 2027 est finalement repoussée à, au mieux, 2028. Les choses sont même encore plus complexes pour le firme sud-coréenne puisqu'il est maintenant clairement indiqué que ce processus de fabrication 1,4 nm, indispensable pour concurrencer TSMC, ne sera pas disponible avant 2029.
Un retard de plus de deux ans sur le planning originel qui ne sera évidemment pas sans conséquence sur le marché. En effet, TSMC est actuellement en train de monter en puissance sur le 2 nm pour lequel la production de masse débute cette année. De fait, tout porte à croire que l'entreprise taiwanaise sera en mesure d'évoluer, comme prévu, vers le 1,4 nm autour de 2027 et aurait alors bien deux ans d'avance sur Samsung.
Officiellement, seule Intel semble encore en mesure de proposer une alternative à TSMC d'autant que – toujours à en croire les informations officielles – la gravure Intel 18A serait sensiblement plus dense que le N2 (2 nm) de TSMC. Problème, Intel ne s'est pas montrée très rassurante ces dernières années : ce n'est pas pour rien que la plupart des gros clients du 2 nm (AMD, Apple, NVIDIA…) se tournent vers TSMC.

Samsung veut mieux maîtriser ses technologies
Mais revenons-en à Samsung car si le Sud-Coréen se met en retrait de la course effrenée qu'il menait avec TSMC et Intel, ce n'est évidemment pas sans une très bonne raison qui va au-delà de la seule maîtrise du 1,4 nm.
En effet, il est évident que parfaire le procédé de fabrication 1,4 nm est un défi technologique majeur, mais Samsung explique que pour parvenir à garder le rythme sur ce nœud de gravure, la firme est contrainte de réallouer des ressources qui devaient permettre d'améliorer la production des procédés moins avancés comme les 3 nm de première et seconde génération (GAA).
En l'occurrence, Samsung insiste davantage sur le 3 nm « GAA », bien sûr moins moderne que le 1,4 nm, mais malgré tout nécessaire pour l'industrie et alors que toutes les entreprises du secteur n'ont pas besoin de plus fin pour le moment. Sur le papier, le 3 nm GAA devrait donc être en mesure de générer d'importants revenus pour Samsung Foundry.
« Sur le papier », car cela fait maintenant de nombreux mois que Samsung annonce – discrètement – des rendements décevants sur ce procédé. Des rendements qui handicapent l'entreprise en réduisant considérablement ses marges alors que ce devrait être la locomotive de Samsung Foundry en attendant que les technologies supérieures soient au point.
Comme l'expliquent nos confrères de Wccftech, plutôt que d'accélérer encore sur le 1,4 nm, Samsung a donc opté pour la solution la plus raisonnable en termes économiques : focaliser ses efforts sur l'amélioration du procédé 3 nm afin de faire progresser ses rendements et, du même coup, sa rentabilité. Aujourd'hui, Samsung ambitionne donc d'atteindre un rendement de 70 % – on serait plutôt autour de 30 % actuellement – sans toutefois donner de calendrier précis.
Source : Wccftech