Le général Thierry Burkhard quitte ses fonctions de chef d'état-major des armées françaises. C'est Fabien Mandon, jusque-là chef de l'état-major particulier du président de la République, qui prend sa succession.

Le général Thierry Burkhard passe le flambeau à la tête des armées françaises © MDL Victor François/Dicod/Défense
Le général Thierry Burkhard passe le flambeau à la tête des armées françaises © MDL Victor François/Dicod/Défense

Il y a un changement de tête à la direction des armées françaises. Ce mercredi 23 juillet, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé la nouvelle sur son compte X. Thierry Burkhard, qui dirigeait l'état-major des armées depuis juillet 2021, cède son poste au général Fabien Mandon, actuellement chef d'état-major particulier d'Emmanuel Macron. Un symbole fort à l'heure où les drones prennent une place majeure dans les conflits militaires qui occupent le monde.

Thierry Burkhard, l'homme qui préparait déjà l'avenir

Sébastien Lecornu, qui a annoncé le changement de visage de numéro un des armées françaises, salue « une vision stratégique lucide des menaces » chez le général sortant, Thierry Burkhard. À 61 ans tout juste (il fête ses 62 ans dans une semaine), l'ancien élève de Saint-Cyr aura gardé pendant quatre années mouvementées les commandes, comme son prédécesseur François Lecointre. Une durée standard, qui évidemment cache mal l'intensité du mandat.

La coïncidence est un peu troublante, car dans la foulée de l'annonce de Sébastien Lecornu, le ministère des Armées a publié la longue interview de Thierry Burkhard donnée dans le magazine Esprit défense, tenu par la Délégation à l’Information et à la Communication de la Défense (DICoD). L'homme y développe sa philosophie du « gagner la guerre avant la guerre. » Il insiste sur l'adaptation permanente nécessaire face aux « évolutions technologiques » qui bouleversent tout. Une sorte de testament stratégique, avant de passer la main. Car Thierry Burkhard laissera un héritage.

Peut-être un autre hasard du calendrier, le général a donné une très rare conférence de presse, le 11 juillet dernier, au cours de laquelle il a alerté sur les menaces russes, et la qualification de la France de « cible prioritaire » de Moscou en matière de guerre informationnelle. Des mots qui résonnent plus que jamais aujourd'hui, alors que son successeur hérite de ce dossier brûlant.

Un vrai spécialiste de l'aérien prend la tête des armées françaises

Parlons-en d'ailleurs, de son successeur ! Emmanuel Macron a tranché : ce sera Fabien Mandon, l'actuel chef d'état-major particulier de l'Élysée. Ce choix, que certains verront que celui d'un « proche du président », nourrira peut-être quelques discussions dans les couloirs du ministère de la Défense. Pourquoi serait-ce le cas, vous demandez-vous ? Parce que depuis des décennies, ce poste revenait traditionnellement aux « terriens », comprenez l'armée de Terre, ou aux marins.

Fabien Mandon, 55 ans, est un général d'armée aérienne. Il est pilote de chasse et a fait carrière dans l'aérien militaire. Sa nomination, sur décision du président de la République, réjouit certains pilotes. « Pour nous aviateurs, c'est une fierté d'avoir enfin un CEMA (chef d'état-major des armées) issu de nos rangs, après des décennies d'attente », s'enthousiasme un pilote de chasse sur X. Il est vrai qu'à l'heure où les conflits se jouent de plus en plus dans les airs et l'espace – on a tous vu les images de l'immense « usine à drones » russe – il paraît presque normal qu'un pilote prenne les commandes.

Fabien Mandon hérite dans tous les cans d'un chantier colossal : moderniser l'outil militaire français dans un monde où « finalement, aucun équipement n'est discrédité », comme le rappelait encore Thierry Burkhard il y a quelques jours. « Il faut toujours des avions, des chars, des bateaux, des drones », martelait-il, prônant une approche hybride entre haute technologie et équipements de masse. Mission acceptée pour le nouveau patron des armées françaises.