Dans un contexte social déjà tendu chez Microsoft, la maladresse d'un cadre de la division Xbox a provoqué une vive polémique. Celui-ci a en effet suggéré aux employés récemment licenciés de se tourner vers des intelligences artificielles comme Copilot pour un soutien... émotionnel.

On s'en serait passé de celle-là ! © Microsoft
On s'en serait passé de celle-là ! © Microsoft
L'info en 3 points
  • Un cadre de Xbox a suggéré aux employés licenciés d'utiliser l'IA pour un soutien émotionnel, provoquant une polémique.
  • La suggestion a été perçue comme déconnectée, surtout après des licenciements massifs liés à l'investissement dans l'IA.
  • Microsoft justifie ces coupes par un repositionnement stratégique, malgré l'impact humain et les craintes pour l'avenir.

Alors que l'entreprise vient de connaître une vague de licenciements historiques, se délestant de 9 000 employés, la proposition a été perçue comme particulièrement déconnectée. Cette suggestion intervient dans un climat d'anxiété où l'IA est de plus en plus vue comme une menace pour l'emploi, et non comme un outil de réconfort. C'est dans ce décor que Matt Turnbull, producteur exécutif chez Xbox Game Studios Publishing, a publié un message sur LinkedIn qui a rapidement mis le feu aux poudres.

Microsoft Copilot
  • Intégration de DALL-E 3 pour une création d'images plus créatives et réalistes
  • Capacité de traitement des images par GPT-4 Vision pour des réponses contextuelles précises
  • Interface conviviale et intégrée dans divers produits Microsoft

Une communication perçue comme déconnectée de la réalité

Dans sa publication, depuis supprimée, Matt Turnbull entendait offrir « le meilleur conseil possible » aux milliers de collaborateurs remerciés. Sa recommandation ? Utiliser des agents conversationnels tels que ChatGPT et Copilot, l'outil maison de Microsoft, pour « alléger la charge émotionnelle et cognitive qui accompagne la perte d'un emploi ». Une démarche qu'il jugeait utile pour aider les personnes dépassées par la situation à y voir plus clair, plus calmement.

Le producteur, en poste depuis plus de 15 ans chez Microsoft, est allé jusqu'à proposer des exemples de prompts (instructions pour l'IA) très spécifiques. Il suggérait de demander à l'IA de l'aide pour planifier sa recherche d'emploi, rédiger des messages de prise de contact ou encore améliorer son CV. Le conseil le plus critiqué invitait à écrire : « Je souffre du syndrome de l'imposteur après avoir été licencié. Pouvez-vous m'aider à recadrer cette expérience d'une manière qui me rappelle mes compétences ? ».

La réaction ne s'est pas fait attendre. Qualifiée de « déconnectée », la publication a été massivement critiquée sur les réseaux sociaux avant d'être retirée quelques heures plus tard. Eric Smith, un producteur de Zenimax Online fraîchement licencié, a résumé le sentiment général par un cinglant : « Mon Dieu, lis l'ambiance, mec ». Beaucoup ont souligné l'ironie de voir un cadre de Microsoft promouvoir un produit Microsoft (l'IA) à des personnes que Microsoft venait de licencier, en partie à cause de ses investissements massifs dans cette même technologie.

Zenimax Online, les développeurs d'Elder Scrolls Online, font partie des victimes de cette vague de licenciement. © Microsoft

L'IA, à la fois cause et solution selon Microsoft ?

Si Turnbull. D'un côté, l'entreprise investit des sommes colossales dans l'intelligence artificielle, avec près de 80 milliards de dollars engagés dans les infrastructures et les partenariats comme celui avec OpenAI. De l'autre, elle procède à des coupes drastiques dans ses effectifs, alimentant la crainte que l'automatisation ne se fasse au détriment de l'humain. Voilà comment Microsoft justifie cette restructuration massive : non pas comme une sanction de la performance, mais comme un « repositionnement stratégique pour l'avenir », selon les mots du PDG Satya Nadella.

Cette réorientation vers l'IA est présentée comme une nécessité pour rester compétitif. La firme de Redmond met en avant l'adoption à grande échelle de Copilot par des clients majeurs comme Barclays ou Siemens, qui déploient chacun l'outil pour plus de 100 000 utilisateurs. Chaque contrat, facturé 30 dollars par utilisateur et par mois, représente une manne financière considérable, justifiant aux yeux de la direction le pivot stratégique opéré.

Le parallèle illustre de façon parlante le télescopage entre licenciement et recours à l’IA pour « soutien » émotionnel. © Clubic/ChatGPT

Pourtant, le coût humain de cette transition est immense. La division Xbox a été particulièrement touchée, avec la fermeture de studios comme The Initiative (en charge du reboot de Perfect Dark), l'annulation de plusieurs jeux et des licenciements dans des équipes clés comme celle de Forza Motorsport. Cette situation génère une peur palpable chez les employés restants et soulève de sérieuses questions sur la santé mentale au sein de l'industrie, certains rapports faisant état de conséquences tragiques suite à ces vagues de départs.

Source : Neowin