Nés en Corée du Sud, les Webtoons se lisent en balayant l’écran vers le bas. Ils séduisent des millions d’utilisateurs sur smartphone, mais leur percée en Europe reste timide comparée au Japon, où ils affrontent déjà les géants du manga papier.

- Les Webtoons, nés en Corée du Sud, séduisent les jeunes grâce à leur format mobile et coloré, mais peinent à s'imposer en Europe comparé au Japon.
- Les géants coréens comme Kakao et Naver investissent dans la traduction et les adaptations pour conquérir le marché international, notamment en France.
- Bien que différents du manga papier, les Webtoons commencent à toucher un public plus large en Europe, avec des adaptations en librairie.
Le format a pris racine sur les plateformes coréennes il y a plus de vingt ans. Longtemps cantonnés à l’Asie, les Webtoons circulent aujourd’hui à l’échelle mondiale grâce aux smartphones. En France, leur diffusion reste modeste. Kakao Entertainment ou Naver Webtoon investissent pourtant dans la traduction, les droits d’adaptation et les partenariats avec des maisons d’édition. Le modèle, conçu pour la lecture mobile, commence à s’imposer auprès des plus jeunes lecteurs. Mais pour ce qui est de sa longévité, c'est une autre histoire.
Les plateformes misent sur le smartphone, la traduction et les licences
Naver, Kakao, Lezhin… Ces entreprises coréennes ont construit des catalogues massifs et des plateformes accessibles sur smartphone. Le modèle séduit en priorité les moins de 30 ans, avec un format court, coloré et calibré pour la lecture en mobilité. La plupart des épisodes ne dépassent pas quelques minutes de lecture.
Pour s’imposer à l’international, les géants sud-coréens multiplient les investissements. Kakao Entertainment a racheté plusieurs sociétés, dont Tapas Media aux États-Unis et l’éditeur français Delitoon. Leur idée est diffuser les titres coréens dans plusieurs langues, les adapter au goût local, et monétiser par un modèle freemium. Lecture gratuite pour les premiers chapitres, puis paiement à l’épisode ou abonnement.
Du côté de Naver Webtoon, on joue également la carte des adaptations vers d’autres formats. Plusieurs titres ont été portés en séries live ou en dessins animés, notamment via des partenariats avec Netflix. En 2022, le marché mondial du Webtoon a franchi les 4 milliards de dollars, selon les chiffres de Naver. La France, avec ses lecteurs déjà friands de mangas, figure parmi les priorités.
Des usages très différents du manga papier, mais un public qui commence à se recouper
En Corée ou au Japon, le Webtoon ne concurrence pas directement le manga traditionnel. Les deux formats cohabitent, avec des usages très différents. Le premier se lit sur smartphone, au fil de la journée, souvent debout dans les transports. Le second garde son ancrage papier, avec une communauté fidèle.
En Europe, les frontières bougent. Plusieurs séries à succès comme Solo Leveling ou Lore Olympus se vendent désormais en librairie, imprimées dans un format hybride. C’est là que le Webtoon commence à toucher un public plus large. La BD européenne observe aussi le phénomène, parfois avec méfiance, parfois avec curiosité. Le Syndicat national de l’édition a même lancé un groupe de travail sur le sujet.
En France, les ventes de mangas ont explosé depuis 2020, notamment grâce à l’offre étendue et aux opérations à prix réduit. Ce regain d’intérêt a profité à toute la chaîne du livre. Dans ce contexte, les Webtoons ne viennent pas remplacer les mangas, mais proposer autre chose. Un format plus fluide, plus immédiat, centré sur la romance, le fantastique ou le quotidien.
Dans les écoles d’illustration, on voit aussi évoluer les pratiques. De plus en plus d’étudiants pensent leurs planches pour un défilement vertical. Les logiciels comme Clip Studio Paint ou Procreate proposent désormais des formats adaptés. Et certains jeunes auteurs, notamment en France, débutent directement sur Webtoon Canvas, l’espace ouvert aux créateurs amateurs.
Source : BFMTV