Comme nous le relatons régulièrement sur Clubic, la guerre contre l'IPTV fait rage, et dans certains pays plus qu'ailleurs. C'est le cas en Espagne, où LaLiga recourt à des méthodes jugées brutales. Sa stratégie de blocage massif d’adresses IP provoque des dommages collatéraux majeurs. Le P.-D.G. de Cloudflare tire aujourd’hui la sonnette d’alarme.
- Depuis février 2024, LaLiga a intensifié sa lutte contre le piratage IPTV en bloquant d'importantes plages d'adresses IP, ciblant notamment Cloudflare, engendrant des interruptions massives affectant des millions de sites légitimes.
- Cette stratégie de blocage agressive a causé des conséquences inattendues en Espagne, rendant des milliers de services essentiels inaccessibles et engendrant une crise appelée "LaLigaGate" par certains observateurs.
- Matthew Prince, P.-D.G. de Cloudflare, critique ces méthodes qu'il juge disproportionnées, appelant à un dialogue pour éviter des impacts potentiellement dangereux sur l'accès à des ressources critiques.
Depuis février 2024, LaLiga a intensifié sa campagne de lutte contre le piratage IPTV en obtenant des injonctions judiciaires lui permettant de bloquer l'accès à environ 150 sites illégaux de diffusion de matchs. Pour y parvenir, la ligue de football espagnole a choisi une méthode radicale : faire bloquer en masse des plages d’adresses IP via les fournisseurs d’accès à Internet (FAI), ciblant notamment les infrastructures de Cloudflare, sur lesquelles repose une part importante du web mondial.
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La guerre contre l'IPTV est -elle condamnée à l'échec ?
En Espagne, les méthodes des ayants droits font couler beaucoup d'encre ! En frappant large avec une stratégie de blocage particulièrement agressive, LaLiga bouscule l'infrastructure même de l'internet espagnole. En bloquant des plages d'adresses IP dans le but de mettre à mal quelques centaines de flux illégaux de matches de football, une cascade de conséquences inattendues survient. Des milliers de sites parfaitement légitimes (et potentiellement des millions), dont des services essentiels, se retrouvent inaccessibles pour les internautes espagnols. Un phénomène qui n’a cessé de s’amplifier depuis plusieurs semaines et que certains ont surnommé "LaLigaGate".
Ces derniers mois, LaLiga a multiplié les déclarations dans la presse, accusant Cloudflare de refuser de coopérer. De son côté, l’entreprise américaine a toujours affirmé être ouverte au dialogue, à condition que les procédures soient encadrées et ciblées.
Des millions de sites innocents bloqués
Dimanche dernier encore, de nouvelles adresses IP liées à Cloudflare ont été bloquées en Espagne. Selon les observateurs du site hayahora.futbol, qui documentent ces pratiques, les blocages s’intensifient chaque semaine. Des sites de petites entreprises, des ressources éducatives ou encore des plateformes d’information locales se retrouvent ainsi inaccessibles pour les utilisateurs espagnols, sans lien aucun avec le piratage.
La situation inquiète de plus en plus d’experts, notamment en cybersécurité, qui pointent une approche disproportionnée et potentiellement dangereuse. Parmi les services touchés, certains pourraient relever de la santé, de l’éducation ou être associé à des services d’urgence, selon Cloudflare.
Le P.-D.G. de Cloudflare ne mâche pas ses mots
Face à l’ampleur des blocages, le P.-D.G. de Cloudflare, Matthew Prince, a publié plusieurs messages alarmants sur le réseau X (ex-Twitter). Dans un ton inhabituellement grave, il s’inquiète des conséquences humaines que pourrait engendrer cette "guerre" numérique : « La stratégie de blocage large via les FAI, sur la base des adresses IP, est absurde. Trop de contenus — y compris vitaux — peuvent être hébergés derrière une même IP. Les dommages collatéraux sont énormes et empêchent les citoyens espagnols d'accéder à des ressources critiques » explique Prince.
« Ce n’est qu’une question de temps avant qu’un citoyen espagnol ne puisse pas accéder à une ressource d’urgence vitale parce qu’un ayant droit dans un match de football a préféré bloquer tout un pan d’Internet plutôt que de cibler une seule ressource. Quand cela arrivera — ce qui est malheureusement inévitable — et que des vies seront en danger, j’espère que les politiques et les juges prendront enfin la bonne décision. Je prie pour que personne ne meure. »
Matthew Prince - P.-D.G. de Cloudflare
Une coopération est-elle encore possible ?
Malgré la gravité de ses propos, Matthew Prince insiste : Cloudflare n’a jamais refusé de coopérer avec les ayants droit. La balle semble désormais dans le camp de LaLiga, dont les méthodes continuent de faire surgir des levées de boucliers de toutes parts en raisons des questions éthiques et techniques de plus en plus pressantes qu'elles soulèvent. Autrement, elle atterrira tôt ou tard dans le camp des juges et des responsables politiques !
Source : Torrent Freak
