Le recoupement d'informations en ligne, un nouveau risque pour la vie privée prévient la CNIL

07 février 2024 à 17h48
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Ne pas voir votre visage sur une photo ne l'anonymise pas pour autant © tsingha25 / Shutterstock
Ne pas voir votre visage sur une photo ne l'anonymise pas pour autant © tsingha25 / Shutterstock

Voilà plusieurs années que la CNIL étudie avec soin une discipline baptisée Renseignement d’Origine Source Ouverte (ROSO ou OSINT). Elle consiste à recouper les informations disponibles en ligne sur un individu afin de l'identifier.

Alors que peu de Français semblent porter de l'attention à la protection de leurs données personnelles, la CNIL tire encore une fois la sonnette d'alarme concernant une pratique qui se répand de plus en plus. Le recoupement d'informations en ligne. Elle est pratiquée par de nombreux acteurs : journalistes, cybercriminels ou acteurs de la sécurité, services d'enquêtes ou recruteurs. Il faut voir la présence numérique d'une personne comme un puzzle : chaque information prise individuellement ne permet pas nécessairement l'identification de celle-ci. Toutefois, une fois qu'on en rassemble plusieurs, il est possible de les recoller et de procéder facilement à une identification d'un internaute.

Un puzzle numérique aux conséquences réelles

Le ROSO consiste donc en un assemblage méticuleux de diverses données trouvables publiquement sur internet. La moindre information, aussi anodine soit-elle, peut être utilisée afin de compléter ce fameux puzzle : photographie postée sur un réseau social, commentaires sur un blog, sur un site d'e-commerce, etc.

Ces données, une fois rassemblées, permettent de dresser le portait d'à peu près n'importe qui avec précision et de collecter des informations personnelles le concernant : travail et adresse personnelle par exemple. Pour la CNIL, ce recoupage représente un danger pour l'usager moyen d'Internet, pas spécialement conscient de ce genre de risque.

 Des données éparpillées entre plusieurs plateformes peuvent être reliées entre elles pour identifier n'importe qui © Prostock-studio / Shutterstock
Des données éparpillées entre plusieurs plateformes peuvent être reliées entre elles pour identifier n'importe qui © Prostock-studio / Shutterstock

Une pratique située entre l'utilisation légitime et la surveillance

Même si la CNIL reconnaît bien l'utilité du ROSO dans certains domaines, elle rappelle bien que la réutilisation d'informations publiquement disponibles doit se faire en respectant scrupuleusement les principes de la protection des données dans le RGPD. Cette réutilisation doit également se faire dans le respect de la loi Informatique et Libertés.

Toutefois, elle considère tout de même que recouper des informations via le ROSO demeure une démarche intrusive à l'échelle individuelle. Sur la page de son site concernant cette pratique, elle rappelle : « Par exemple, utiliser le ROSO en vue de révéler des informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d'une personne ou permettant de l'identifier ou de la localiser et l’exposant à un risque direct, qui ne peut être ignoré, d’atteinte à sa personne ou à sa famille, est passible de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros (article 223-1-1 du code pénal) ».

Se protéger efficacement

Comme à son habitude, la CNIL propose une série de comportements à adopter afin de contrer ou de minimiser les risques liés au ROSO. La plupart tiennent tout de même du bon sens mais cela ne fait jamais de mal de les rappeler. Elle préconise la différenciation des courriels selon les comptes utilisés sur différents sites et (tout de même !) l'utilisation de pseudonymes. Même si cela peut paraître évident, poster des informations sensibles comme l'adresse personnelle, la plaque d'immatriculation ou des documents d'identité est formellement déconseillé. Si la CNIL le rappelle, c'est que ce genre de pratiques n'a pas disparu.

Un peu moins connu, elle déconseille également de poster une photo similaire sur différentes plateformes. Autre très bonne habitude à mettre en place également : s'intéresser aux paramètres de confidentialité des applications souvent utilisées. Un aspect assez fréquemment négligé. En bref, rien ne doit être laissé au hasard ! Chaque détail compte dans la conservation de son (tout relatif) anonymat en ligne.

Source : CNIL

Camille Coirault

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Commentaires (3)

gothax
L’OSINT permet en effet de connaitre bcp de chose. Damien Bancal sur sa chaine twitch en parle depuis plusieurs mois et année comme un moyen facile pour des attaques élaborées … Bon même les états s’y mettent donc ça doit être bien
Guillaume1972
Qui décide de mettre des informations sur nous-méme sur les réseaux, après ça, comment pourrait-on se plaindre que ces données pourraient être recoupées afin d’en savoir plus sur nous? Qui est responsable a part nous-même?
Guillaume1972
Qui décide de ce que nous mettons sur internet, à pert nous même? Si seulement (mais je rêve) ça pouvait faire réfléchir certains avant e mettre tout et n’importe quoi sur eux sur internet. Après ça, j’ai du mal à comrendre que l’on puisse se plaindre du recoupement d’informations à notre propos. Désolé pour le doublon concernant les messages, mais j’ai mis le premier et écris le second parce que le premier n’apparaissait pas. Perso, ça fait plus d’un quart de siècle que je sais que je ne dois pas publier n’importe quoi sur moi. Qui sème le vent récolte la tempête. Internet devrait être vu comme une sorte de mémoire ineffaçable ou difficilement, donc ce que nous mettons sur nous a peu de chances de disparaitre. Donc je fais non seulement attention à ce que je publie a mon propos mais également à propos de ceux que je côtoie.
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