Google : le Parlement Européen souhaiterait scinder la société

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Alors que la Commission Européenne mène actuellement une enquête sur un éventuel abus de position dominante entretenu par Google, le Parlement Européen devrait voter jeudi une motion visant à diviser les activités du géant du Web. La société aux multiples services est désormais perçue comme une menace.

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Au mois de septembre, Sigmar Gabriel, vice-chancelier d'Allemagne et ministre fédéral de l'Économie et de l'Énergie, avait donné le ton en revenant sur l'enquête actuelle concernant un abus de position dominante de la part de Google. Dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. Gabriel expliquait qu'une scission des activités de Google était une solution qui devait être « sérieusement prise en considération (...) mais ce serait seulement en recours final, c'est la raison pour laquelle nous nous concentrons sur la régulation anti-monopole pour les plateformes Internet ».

Ces dernières semaines, il semblerait que les autorités de Bruxelles aient mûri cette idée et selon une dépêche de l'agence Reuters, le Parlement Européen s'apprête à voter une motion pour l'heure à l'état de brouillon selon laquelle les sociétés proposant un moteur de recherche devraient séparer leurs autres activités. Google ne serait pas expressément mentionné, toutefois, la société de Mountain View affiche une part de marché de 90% sur le Vieux Continent. Elle est donc clairement en ligne de mire. Plus globalement cela pourrait également affecter les stratégies des autres acteurs du secteur comme Yahoo! et Microsoft. Cette information a également été confirmée par le Financial Times.

Redynamiser le marché

La séparation explicite de ces activités viserait à offrir une solution viable pour éviter tout entretien d'abus de position dominante et favoriser la concurrence sur ce secteur. « C'est un monopole, cela tue notre marché technologique », affirme ainsi Ramon Tremosa, l'un des membres du Parlement ayant pris part à la rédaction de cette motion. Andreas Schwab, le démocrate allemand ayant co-rédigé cette résolution, explique que Google continue de supprimer la compétition au détriment du consommateur et des entreprises européennes.

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Notons que le Parlement européen ne dispose pas des pouvoirs législatifs et n'est pas en mesure de scinder les activités d'une société. Toutefois cette motion devrait permettre de faire pression sur la Commission Européenne. Les autorités de Bruxelles sont précisément en pleine investigation sur les pratiques du géant californien pour une affaire d'abus de position dominante. Plusieurs entreprises dont Microsoft reprochaient à Google d'entretenir un monopole sur le marché des moteurs de recherche pour mettre en avant ses propres services (comparateurs de prix, services de cartographie, etc) au détriment de ses concurrents. Parmi les plaignants, nous retrouvons TripAdvisor, Expedia, Hotwire, Nokia, Oracle, Twenga ou ShopCity, représentés par FairSearch.org.

La société Yelp s'était également manifestée en expliquant que Google la défavorisait sur son moteur pour mettre en avant ses propres contenus et notamment son réseau communautaire Google+. Yelp avait précédemment déposé une plainte en expliquant que la firme de Larry Page utilisait le contenu de son site pour le placer librement au sein de ses services comme Google Maps.

Comme solution alternative à la scission des activités de Google, il a également été évoqué de faire tourner en boucle les résultats du moteur de Google pour une requête donnée afin d'offrir une visibilité égale pour l'ensemble des acteurs dont le marché est relatif à ce mot-clé.

Quelles conséquences pour Google ?

Ces dernières années Google multiplie au contraire les synergies entre ses différents services. A cet effet, la société a modifié sa politique de gestion des données en mars 2012 en rassemblant une soixantaine de documents au sein d'un seul.

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Tous les services étant à la même enseigne, il est donc plus facile de les faire communiquer, les données de l'internaute étant traitées de la même manière. Ainsi par exemple le service de notifications Google Now peut aussi bien scruter les emails ou le calendrier que géolocaliser le mobinaute ou lui effectuer des recommandations selon différents critères liés à son activité ou à ses habitudes sur la galaxie des services proposés par la société.

Google explique que la collecte de toutes ces données lui permet d'améliorer son algorithme de recherche mais surtout de retourner de meilleurs résultats à l'internaute. Face aux inquiétudes, Google allait jusqu'à suggérer la création de plusieurs comptes pour ses différents services.

Une scission drastique de ces informations affecterait donc directement la stratégie du géant californien.

Une guerre déclarée

C'est véritablement une guerre qu'a décidé de déclarer l'Europe à Google. Au mois de mai la Cour de justice de l'Union européenne avait obligé les moteurs de recherche à publier un formulaire de droit à l'oubli permettant de demander la suppression d'un résultat lié à une requête particulière.

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A Berlin une cour fédérale a également obligé Google à réactiver son service de support envers les consommateurs. La société est ainsi en violation de la loi German Telemedia Act et, sans mesure prises, elle pourrait écoper d'une amende de 250 000 euros s'ajoutant à son tableau noir. En janvier, la CNIL a infligé à Google une amende de 150 000 euros pour le non-respect des règles concernant la gestion des données des utilisateurs.

En septembre Heiko Maas, le ministre de la justice en Allemagne avait souhaité que Google affiche davantage de transparence sur les algorithmes de son moteur afin de déterminer si la société privilégiait ses propres services.

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