Laissez de côté vos préjugés sur X ou TikTok. Une récente enquête mondiale vient de couronner un champion inattendu de l'hostilité en ligne, et ce n'est autre que Facebook.

Pour ceux qui défendent l'environnement et les droits fonciers, le réseau de Meta est devenu un champ de bataille où le harcèlement a des conséquences bien réelles. © Shutterstock
Pour ceux qui défendent l'environnement et les droits fonciers, le réseau de Meta est devenu un champ de bataille où le harcèlement a des conséquences bien réelles. © Shutterstock
L'info en 3 points
  • Facebook est désigné comme le principal vecteur d'abus en ligne par 62% des activistes interrogés, surpassant WhatsApp et Instagram.
  • Les attaques en ligne sur Facebook ont des conséquences réelles, 75% des militants ayant subi des préjudices physiques les lient à ces abus.
  • Global Witness appelle Meta à améliorer la modération, car les algorithmes actuels ne saisissent pas les subtilités culturelles et linguistiques.

Quand on parle de la toxicité des plateformes, les mêmes noms reviennent en boucle, alimentant un débat sans fin. Pourtant, en se penchant sur le quotidien de ceux qui sont en première ligne, les activistes, une étude de l'ONG Global Witness vient de redessiner la carte du danger. Elle révèle une vérité dérangeante : la menace la plus insidieuse ne se cache pas forcément là où le bruit est le plus fort.

Facebook
  • Connectivité globale sur le web
  • Accès à l'Information et aux contenus
8 / 10

Facebook, le visage caché de la haine en ligne

Les chiffres de l'enquête menée auprès de plus de 200 activistes sont sans appel : 62% d'entre eux désignent Facebook comme le principal vecteur d'abus en ligne, loin devant WhatsApp (36%) et Instagram (26%). Ces données, jugées « bien plus élevées que prévu » par les auteurs du rapport, esquissent une réalité glaçante où le réseau social le plus populaire au monde se transforme en outil de prédilection pour faire taire les voix dissidentes.

Le plus effrayant réside dans la porosité terrifiante entre le virtuel et le réel. Près des trois quarts (75%) des militants ayant subi un préjudice physique estiment qu'il faisait directement suite à des attaques en ligne. Le cyberharcèlement n'est plus un concept abstrait, mais l'antichambre de la violence, nourri par des campagnes de désinformation, du doxxing (divulgation d'informations privées) ou des accusations calomnieuses.

Cette mécanique est d'autant plus dangereuse que la modération semble défaillante. En Indonésie, une organisatrice communautaire a été taxée de communisme sur la plateforme, une accusation qui équivaut à une menace de mort dans le contexte politique local. Malgré ses signalements, ses appels sont restés lettre morte, Meta estimant que les publications respectaient ses règles de la communauté.

La perception de la toxicité varie grandement selon les utilisateurs et les menaces qu'ils subissent. © Shutterstock

Une toxicité aux multiples visages

Face à ce constat, Global Witness et les activistes implorent Meta d'allouer plus de moyens pour protéger ces cibles spécifiques. Les algorithmes actuels peinent en effet à saisir les subtilités culturelles et linguistiques où un simple mot peut mettre une vie en péril. D'ailleurs, la firme elle-même a admis une légère hausse des contenus relevant du harcèlement sur Facebook au premier trimestre 2025, signe que le problème est loin d'être réglé.

Faut-il pour autant absoudre les autres plateformes ? Pas si vite. Si cette enquête incrimine Facebook pour le danger qu'il représente pour une catégorie précise d'utilisateurs, la perception du grand public reste différente. D'autres études placent régulièrement X en tête pour la violence de ses échanges, ou TikTok pour son impact sur la santé mentale des plus jeunes, ce qui prouve que la toxicité est un concept à géométrie variable.

En définitive, le phénomène ne cesse de se complexifier, notamment avec l'avènement des deepfakes qui ouvrent une nouvelle boîte de Pandore. Cette enquête nous oblige à regarder au-delà des polémiques habituelles : la dangerosité d'un réseau social ne se mesure pas qu'au volume de ses messages haineux, mais à sa capacité à devenir une arme ciblée et redoutable. Le véritable défi pour les géants de la tech est désormais de déjouer ces stratégies de nuisance qui effacent la frontière entre l'écran et le monde réel.

Source : WCCFTECH