Depuis plusieurs heures, les utilisateurs français de Facebook et Instagram n'arrivent plus à accéder à leurs comptes. Meta les oblige à choisir entre un abonnement payant et un consentement à la réutilisation des données personnelles, pour maintenir l'usage « gratuit ».

Le groupe Meta a décidé de bloquer l'accès direct à ses réseaux sociaux Instagram et Facebook. Les utilisateurs français et européens tombent depuis cette semaine sur un message qui les incite à « reconsidérer le traitement de leurs données à des fins publicitaires ». L'entreprise exige d'eux qu'ils tranchent définitivement entre l'abonnement payant pour une préservation de leurs données ; et l'utilisation gratuite avec publicités et avec traitement de leurs données personnelles, à des fins publicitaires.
Meta installe un checkpoint de consentement à l'entrée d'Instagram et de Facebook en Europe
Meta a dressé un véritable checkpoint à l'entrée de ses plateformes Facebook et Instagram pour les utilisateurs européens. Le message qui s'affiche est sans appel : « Reconsidérez le traitement de vos données à des fins publicitaires. Nous vous avons précédemment demandé si nous pouvions traiter vos données personnelles pour personnaliser vos publicités. Conformément aux lois locales, nous avons besoin que vous réexaminiez ce choix. »
Le côté un peu bulldozer de l'approche est une conséquence des nouvelles réglementations européennes sur la protection des données, que le groupe de Mark Zuckerberg doit s'efforcer de respecter s'il ne veut pas écoper d'une lourde amende des instances du Vieux continent. Le colosse californien se retrouve dans l'obligation légale de demander explicitement l'autorisation de fouiller dans les habitudes numériques des utilisateurs.
La méthode choisie par Meta tient comme en otage les internautes, même si le but final reste la mise en conformité et le choix consenti de ces derniers. Cette fois, vous ne trouverez pas de bouton du genre « J'y réfléchis » ou de possibilité d'esquiver : Meta verrouille littéralement ses services tant que vous n'avez pas capitulé devant son ultimatum.
Abonnement à 5,99 euros ou publicités, le dilemme Meta
Meta laisse donc le choix aux utilisateurs, sous forme de dilemme. Pour continuer à naviguer sur Instagram ou sur Facebook, vous pouvez débourser 5,99 euros mensuels, et vous êtes débarrassé de toute publicité. Avec l'abonnement payant, vos données échappent enfin aux algorithmes commerciaux de la firme.

La formule premium met bien fin aux bandeaux publicitaires, elle arrête la collecte de données personnelles, et envoie aux oubliettes le pistage cross-plateforme. Seuls persistent les contenus sponsorisés des marques que vous suivez de vous-même. Meta vend ainsi le luxe suprême, celui de retrouver le contrôle de son fil d'actualité, et d'éviter le spam publicitaire.
Si vous ne payez pas, il est tout à fait possible d'utiliser Instagram et Facebook « gratuitement ». En fait, ici, Meta maintient le statu quo et annonce la couleur. Dans sa version sans abonnement, le groupe analyse vos messages, décortique vos clics, dépose des cookies sur vos appareils et dissèque vos habitudes pour nourrir sa machine publicitaire. Un choix de « publicités moins personnalisées » est aussi soumis plus loin dans le parcours. Meta laisse la possibilité de personnaliser l'expérience publicitaire.
Vie privée tarifée : l'avenir des réseaux sociaux ?
Avec ce mur placé à l'entrée de ses plateformes favorites, Meta répond à la pression réglementaire croissante en Europe. Pour l'entreprise, c'est aussi un moyen de sauver ses revenus publicitaires, tout en proposant une échappatoire payante aux citoyens allergiques au tracking, et générer une ligne de supplémentaire de revenus, même si l'abonnement payant était déjà proposé sur les deux réseaux sociaux.
Le tarif de 5,99 euros reflètera pour certains la valeur marchande réelle d'un profil Facebook et Instagram. Meta monétise enfin ouvertement ce qui semblait gratuit depuis des années.
Pour les utilisateurs, ce choix cornélien peut sonner comme un réveil brutal. Car il s'agit soit d'accepter d'être le produit vendu aux annonceurs, soit de payer pour redevenir client. Une polarisation forcée qui redéfinit le rapport de force entre plateformes et consommateurs, et pourrait inspirer d'autres géants technologiques confrontés aux mêmes contraintes réglementaires européennes.