Le format d'image PNG, pilier du web depuis des décennies, reçoit sa première mise à jour majeure en 22 ans. Cette nouvelle spécification, publiée par le W3C, officialise enfin la prise en charge des animations et du HDR, modernisant en profondeur un standard incontournable.

Connu de tous pour sa capacité à gérer la transparence avec une qualité sans perte, le Portable Network Graphics (PNG) est un format aussi discret qu'essentiel. Après plus de deux décennies sans évolution notable, le World Wide Web Consortium (W3C) vient de publier la troisième édition de ses spécifications. Cette mise à jour ne vient pas bouleverser les fondations du format, mais plutôt l'adapter aux usages et technologies d'aujourd'hui.
L'APNG : une officialisation attendue de longue date
La principale nouveauté est l'intégration officielle de l'Animated PNG (APNG) dans le standard. Proposée dès 2004 par des développeurs de Mozilla, cette extension permet de créer des animations, à l'instar du format GIF. Cependant, l'APNG surpasse son ancêtre en proposant des images en 24 bits et une transparence alpha sur 8 bits, offrant une qualité visuelle bien supérieure.
Jusqu'à présent, l'APNG fonctionnait comme une extension non officielle, bien que largement supportée par les navigateurs modernes comme Chrome et Firefox depuis des années. Son officialisation garantit une meilleure interopérabilité et pérennise son usage. De plus, il conserve une rétrocompatibilité totale : un logiciel ne prenant pas en charge l'animation affichera simplement la première image du fichier, sans générer d'erreur.
Autre avancée significative : la prise en charge native du High Dynamic Range (HDR), permettant d'afficher des images avec une plage de couleurs et de luminosité beaucoup plus étendue. Cette capacité est rendue possible par l'intégration des Coding-Independent Code Points (CICP), une spécification issue du monde de la vidéo. Cet ajout est particulièrement léger, ne nécessitant que quatre octets pour décrire l'espace colorimétrique, ce qui évite d'alourdir excessivement les fichiers. Pour les créateurs de contenu et les utilisateurs, cela signifie la possibilité de manipuler et de visualiser des images PNG avec un réalisme et une richesse de couleurs accrus, en phase avec les écrans modernes.
Enfin, la troisième édition du PNG standardise l'intégration des métadonnées EXIF (Exchangeable image file format). Ces données, bien connues des photographes, permettent d'embarquer directement dans le fichier des informations techniques telles que la vitesse d'obturation, l'ouverture, le modèle de l'appareil photo ou la date de la prise de vue. Cette formalisation renforce l'utilité du PNG dans des contextes professionnels et pour l'archivage numérique, un domaine où sa compression lossless (sans perte) est déjà très appréciée par des institutions comme la Bibliothèque du Congrès américain.

Une compatibilité assurée, pas de panique !
N'ayez crainte, cette mise à jour ne devrait causer aucun problème de compatibilité pour l'utilisateur final. En effet, la plupart des navigateurs web majeurs et des logiciels de retouche comme Adobe Photoshop prennent déjà en charge les fonctionnalités désormais officialisées, notamment l'APNG. La démarche du W3C consiste davantage à ratifier des usages déjà bien établis qu'à imposer des changements drastiques. Vos anciens fichiers PNG restent parfaitement valides et les nouveaux seront lisibles par la majorité des applications récentes.
Cette modernisation positionne le PNG de manière plus compétitive face à des formats plus récents comme le WebP de Google. Le WebP offre des avantages certains, notamment une compression plus efficace qui produit des fichiers jusqu'à 34% plus légers que le PNG à qualité visuelle comparable, et il gère aussi bien la compression avec ou sans perte. Il supporte également les animations, souvent avec une meilleure optimisation pour le web que l'APNG.
Cependant, le PNG conserve son avantage fondamental : sa compression lossless garantit une restitution parfaite de l'image originale, pixel par pixel. Cette caractéristique demeure indispensable pour les graphistes travaillant sur des logos, les artistes nécessitant une fidélité absolue des couleurs et les institutions procédant à de l'archivage à long terme.
Le W3C ne compte pas s'arrêter là. Cette troisième édition n'est qu'une étape dans un processus de modernisation continue. Des mises à jour futures sont déjà envisagées pour améliorer encore le format. Les prochaines versions pourraient se concentrer sur une meilleure gestion de l'interopérabilité entre les contenus SDR (Standard Dynamic Range) et HDR, ainsi que sur l'amélioration des algorithmes de compression pour réduire la taille des fichiers, le principal point faible historique du format.
Source : XDA-Developers