La récente suspension du compte email du procureur de la Cour pénale internationale par Microsoft n'est pas passée inaperçue. Cela a notamment ravivé les inquiétudes européennes sur la dépendance technologique envers les géants américains.

- Microsoft a suspendu l'email du procureur de la CPI, illustrant la dépendance européenne aux géants tech américains.
- L'incident a ravivé les discussions sur la souveraineté numérique, poussant l'Europe à explorer des alternatives locales.
- Les dirigeants commencent à se tourner vers des alternatives comme Proton
Nous savions déjà qu'il y avait du lobbying de la part des grandes entreprises technologiques étrangères pour influencer les décisions prises au sein de l'UE. Cette fois, l’incident survenu à la Cour pénale internationale nous a montré que les GAFAM étaient prêts à entraver le fonctionnement des institutions européennes. Face à ces risques, les responsables politiques et industriels européens appellent à repenser la gestion des infrastructures numériques.
La souveraineté numérique devient une priorité politique
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a issu un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant, respectivement premier ministre et ancien ministre de la Défense en Israël. Cette décision n'a pas été au goût du président américain Donald Trump, lequel a condamné M. Khan. Le mois dernier, l'entreprise américaine Microsoft a pris le parti de lui couper l'accès à sa messagerie.
Autant dire que ce cas illustre parfaitement les fragilités d'une dépendance trop marquée à des entreprises technologiques localisées hors de l'Union européenne. Si Microsoft a affirmé ne pas avoir interrompu l’ensemble des services à la Cour, la coupure ciblée a suffi à démontrer la vulnérabilité des institutions sur le Vieux Continent.
Selon le New York Times, cet épisode a suscité une accélération des réflexions sur la diversification des solutions cloud et la sauvegarde des données critiques, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, où des alternatives locales sont activement recherchées.
En finir avec la pression américaine
Plusieurs responsables, dont la députée allemande Alexandra Geese, dénoncent le risque de voir les infrastructures numériques utilisées comme levier d’influence étrangère, évoquant même des formes de “chantage” politique. Des membres du personnel à la Cour pénale internationale ont jeté l'éponge sur leur compte Microsoft 365 et ont adopté les outils sécurisés de l'entreprise suisse Proton.
Selon le président de Microsoft Brad Smith, cette affaire a jeté de l'huile sur le feu. Il estime qu'entre les deux blocs, la confiance s'est érodée depuis un certain temps déjà. L'entreprise américaine a récemment lancé son offre “Sovereign Cloud” en Europe. Celle-ci promet d'être en conformité avec les directives de l'Union européenne tout en proposant des outils avancés de gestion de la souveraineté des données. Toutefois, certains experts dénoncent des mesures jugées purement cosmétiques, estimant que le cadre légal américain (Cloud Act) continue de primer sur la localisation des données et n’offre pas de garanties suffisantes.
Messageries, moteurs de recherche, stockages en ligne, hébergements, solutions de sécurité... il existe aujourd'hui plusieurs alternatives européennes et de nouvelles dynamiques, comme le rapprochement récent entre Ecosia et Qwant.
Nous rapportions récemment que 300 acteurs français avaient signé un manifeste pour accélérer cette souveraineté numérique. Dernièrement, c'est le Danemark qui a annoncé avoir amorcé un virage stratégique pour réduire son influence envers Microsoft et adopter des solutions open source.