L'utilisation intensive d'outils d'intelligence artificielle comme ChatGPT pourrait bien affaiblir nos capacités cognitives. Une étude récente du MIT Media Lab révèle une baisse significative de l'activité cérébrale chez les utilisateurs réguliers, soulevant des inquiétudes majeures sur l'impact à long terme de ces technologies sur la pensée critique et la mémoire.

La question n'est plus de savoir si l'IA peut nous aider, mais plutôt à quel prix pour notre développement intellectuel et nos compétences fondamentales. © Primakov / Shutterstock.com
La question n'est plus de savoir si l'IA peut nous aider, mais plutôt à quel prix pour notre développement intellectuel et nos compétences fondamentales. © Primakov / Shutterstock.com
L'info en 3 points
  • Une étude du MIT Media Lab montre que l'utilisation intensive de ChatGPT réduit l'activité cérébrale des utilisateurs.
  • Les utilisateurs réguliers de ChatGPT développent une dépendance cognitive, affectant leur mémoire et pensée critique.
  • L'éducation à un usage équilibré de l'IA est cruciale pour préserver nos capacités cognitives fondamentales.

L'intelligence artificielle générative a transformé de nombreux aspects de notre quotidien, de la rédaction de courriers électroniques à la création de contenu. Alors que ces outils promettent efficacité et gain de temps, un regard plus attentif sur leurs effets sur l'esprit humain s'impose.

ChatGPT
  • Chat dans différentes langues, dont le français
  • Générer, traduire et obtenir un résumé de texte
  • Générer, optimiser et corriger du code
9 / 10

L'étude choc du MIT Media Lab : quand l'IA endort le cerveau

Une recherche menée par le MIT Media Lab a mis en lumière un phénomène préoccupant : l'affaiblissement des fonctions cérébrales chez les utilisateurs de Large Language Models (LLM) tels que ChatGPT. Cette étude, portant sur un échantillon d'individus âgés de 18 à 39 ans, a consisté à leur demander de rédiger des essais de type SAT dans différentes conditions : avec ChatGPT, avec un moteur de recherche classique comme Google, ou sans aucune assistance.

Les résultats, mesurés par un électroencéphalogramme (EEG) sur 32 régions cérébrales, sont frappants. Le groupe utilisant ChatGPT a montré l'engagement cérébral le plus faible, affichant des performances inférieures aux niveaux neural, linguistique et comportemental. Au fil des essais, ces participants ont manifesté une tendance accrue à la passivité, allant jusqu'à de simples copier-coller. À l'inverse, les groupes ayant travaillé sans IA ou avec Google ont démontré une activité cérébrale plus élevée, une meilleure connectivité neuronale et une satisfaction accrue quant à leur travail. Cette paresse cognitive est un signal d'alarme : elle suggère une potentielle érosion de la mémoire et des compétences linguistiques.

Une visualisation de l'étude. © Nataliya Kosmyna/MIT

Dépendance cognitive : les risques pour la pensée et la mémoire

L'étude du MIT ne se contente pas de pointer du doigt une diminution de l'activité cérébrale, elle révèle également une dangereuse dépendance. Lorsque les participants ayant initialement utilisé ChatGPT ont été contraints de retravailler un essai sans l'outil, ils ont peiné à se souvenir de leur propre texte. Leurs ondes cérébrales alpha et thêta, associées aux processus de mémoire profonde, étaient plus faibles, indiquant que la tâche avait été exécutée sans véritable intégration des informations dans leur réseau mémoriel. Cette absence d'assimilation suggère que la commodité offerte par les IA se fait au détriment d'un apprentissage profond et d'une mémorisation durable.

Cette observation est d'autant plus critique pour les jeunes utilisateurs, dont le cerveau est encore en développement. S'appuyer excessivement sur l'IA pourrait entraver l'acquisition de compétences essentielles, notamment en matière de pensée critique et d'analyse. Si l'IA peut parfois aider à structurer des idées ou à formuler des phrases, elle risque de remplacer le processus de réflexion autonome, conduisant à des productions jugées « sans âme » par des évaluateurs. Bien que certaines études récentes explorent comment l'IA peut augmenter la créativité dans des tâches quotidiennes en combinant divers concepts, la capacité à générer des idées véritablement originales semble rester l'apanage de l'esprit humain non assisté. Il est crucial de comprendre que si l'IA peut améliorer la productivité, elle ne garantit pas la stimulation intellectuelle nécessaire à un développement complet.

Vers un usage conscient de l'intelligence artificielle

Face à ces constats, la question n'est plus d'interdire, mais d'éduquer à un usage judicieux des outils d'IA. L'auteure principale de l'étude du MIT, Nataliya Kosmyna, insiste sur l'importance de développer le cerveau de manière « analogique » et d'enseigner comment exploiter ces outils sans sacrifier les capacités cognitives fondamentales. Cela passe par une approche pédagogique qui ne délègue pas la réflexion aux machines, mais qui les utilise comme des supports pour amplifier les compétences humaines.

Certaines recherches suggèrent en effet que l'IA peut avoir un effet positif sur le développement des capacités de pensée d'ordre supérieur si elle est utilisée de manière appropriée, par exemple, en aidant les étudiants à formuler des idées ou à réfléchir à leurs processus d'apprentissage. Le défi consiste à trouver le juste équilibre, pour que l'IA devienne un catalyseur d'apprentissage plutôt qu'un substitut à la réflexion. La prudence est de mise, car l'impact à long terme de cette « fainéantise » intellectuelle sur les générations futures et sur la force de travail est encore à mesurer. Des études sont déjà en cours sur l'impact de l'IA dans des domaines comme l'ingénierie logicielle, avec des résultats préliminaires qui ne sont pas moins inquiétants. L'avenir de nos capacités cognitives dépendra de la sagesse avec laquelle nous intégrons ces technologies puissantes dans nos vies.

Source : TIME

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