Des fermes de smartphones ont été découvertes en Chine © Shutterstock
Des fermes de smartphones ont été découvertes en Chine © Shutterstock

Une enquête choc de la télévision chinoise révèle l'existence de fermes de smartphones chinoises utilisées pour des escroqueries en ligne.

Châssis remplis de smartphones, centres de données clandestins… une enquête de la télévision d'État China Central Television (CCTV) a révélé l’existence de fermes de smartphones. Ces installations, équipées de cartes mères de téléphones et de logiciels sophistiqués, sont impliquées dans des escroqueries en ligne à grande échelle. Les opérateurs de ces fermes, qui louent des smartphones dépouillés et des kits d'utilisation, déjouent tous les radars de sécurité pour opérer de manière anonyme.

Cette pratique illégale, violant la réglementation sur les télécommunications, pose un défi majeur aux autorités et aux plateformes de commerce électronique. Alors que certaines entreprises tentent de justifier l’utilisation de ces technologies pour des tests de jeux, la majorité des activités reste totalement illégale et ça, ça ne plaît pas du tout aux autorités chinoises.

Des racks entiers contenant des chassis de 20 smartphones, tous connectés pour escroquer - © Weixin / WeChat
Des racks entiers contenant des chassis de 20 smartphones, tous connectés pour escroquer - © Weixin / WeChat

Des milliers d'appareils connectés à un seul compte, pour des opérations de cybercriminalité à grande échelle

Une organisation sans faille, c'est peut-être le seul mérite qui serait attribué à ces fermes totalement clandestines qui opèrent dans l'ombre. À l'intérieur de ces bâtiments reculés, les images prises par la CCTV sont impressionnantes. Des dizaines de racks alignés abritent des systèmes, composés de vingt cartes mères de smartphones par châssis. On y voit également une sorte de centre de données rempli de racks, chacun peuplé de plusieurs châssis et de pas moins de 1 000 smartphones connectés et opérationnels. Ils sont gérés via des moniteurs qui contrôlent simultanément les activités de chaque unité.

Les opérateurs sont eux aussi très organisés pour déjouer les barrières de sécurité. Ils changent fréquemment d'adresse IP pour échapper à la surveillance des autorités et des plateformes en ligne. Les services « offerts » par ces fermes comprennent la publication de faux commentaires et de fausses mentions « j'aime », ainsi que la création de fausses commandes sur des sites de commerce électronique, ou encore la création de liens pour améliorer le référencement, le tout pour des tarifs allant de 3 000 à 6 000 RMB, soit entre environ 400 et 800 dollars pour 20 smartphones connectés en simultanés.

Cette pratique illégale viole l'article 53 de la réglementation chinoise en matière de télécommunications, qui stipule que les équipements de télécommunication, de radio et de mise en réseau qui sont connectés au réseau public de télécommunications doivent être conformes aux normes nationales et obtenir une licence d'accès au réseau.

Un rack de stockage contenant 20 smartphones connectés en simultané - © Weixin / WeChat

Certaines pratiques légales noyées dans un océan de fraudes difficiles à endiguer

Face à l’ampleur de la fraude numérique perpétrée par les fermes de smartphones, les autorités et les plateformes de commerce électronique intensifient leurs efforts pour endiguer ce fléau. Les principales plateformes, telles que Taobao et Poinduoduo, ont pris des mesures pour bloquer les termes de recherche conduisant à ces fermes illégales.

Malgré ces efforts, les contrevenants trouvent de nouvelles méthodes pour poursuivre leurs activités, notamment grâce à des logiciels de gestion offrant la mise en miroir de l’écran et l’accès à distance via le cloud. Parallèlement, certains fournisseurs tentent de légitimer leurs dispositifs en les présentant comme des outils de développement et de test de jeux.

Cependant, la réalité juridique est implacable : plus de 23 % des entreprises impliquées dans ces activités ont rencontré des problèmes juridiques, et moins de 3 % ont été sanctionnées administrativement. Cette situation met en évidence le défi constant de lutter contre la cybercriminalité et de protéger l’intégrité du commerce électronique.

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