Après deux ans d'hiatus et quelques petits problèmes pour adapter ses anciens modèles à Android 15, le Néerlandais Fairphone revient avec un Fairphone de sixième génération dont la nomenclature vient souligner le caractère audacieux de la proposition. Le « vrai » nom du Fairphone 6, c'est tout simplement Fairphone.
Un Fairphone qui conserve, rassurez-vous, tout ce qui a fait le sel de la marque depuis ses débuts. Un smartphone réparable, durable, dont les pièces détachées resteront disponibles longtemps et qui bénéficiera de mises à jour pendant de longues années. Non, cette année, la différence se situe essentiellement dans la proposition technique. Plus que jamais, Fairphone donne l'impression de ne plus vouloir être regardé de haut ; de ne plus être à la traîne. Preuve que ça fonctionne : le Fairphone 6 est le premier du genre qui me fait sincèrement envie.
- Un vrai smartphone réparable et durable
- 8 ans de mises à jour
- De bonnes performances globales
- Grande autonomie
- La qualité de l'écran
- Luminosité de l'écran
- Les photos
Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur.
Dans la boîte du Fairphone 6
Fairphone prend sa mission très au sérieux. Ainsi, à part la documentation légale, l'épingle pour le tiroir à carte SIM et le smartphone, vous ne trouverez absolument rien dans la boîte du Fairphone 6, pas même un câble USB.
Design : le CMF Phone est passé par là
Le Fairphone 6 est plus… actuel, dirons-nous. Comme à peu près tous les fabricants de smartphones, Fairphone renonce à l'arrondi pour embrasser un design très rectangulaire, qui manque de finesse. En effet, avec presque 10 mm d'épaisseur, le Fairphone 6 ne fait pas dans la dentelle.

Je ne vais pas tourner autour du pot : le Fairphone 6 a un petit côté « jouet » qui s'explique logiquement par l'omniprésence de plastique. Ce n'est pas forcément un mal : il est résistant et facile à remplacer en cas de problème. Puisqu'on en parle, vous aurez sans doute remarqué les deux vis à l'arrière du smartphone. Grâce au tournevis fourni dans la boîte, on peut faire coulisser le dos du smartphone, et ainsi accéder aux différents composants. Batterie, tiroir à carte SIM, port USB-C, et même modules photos contre un peu plus d'efforts.
Eh oui, c'est toute la beauté d'un smartphone durable. Fairphone commercialise toutes les pièces détachées sur son site, et aucune ne vous coutera plus de 89 € (l'écran). Comptez par exemple 39 € pour une batterie neuve, facile à remplacer.
L'une des nouveautés de ce Fairphone 6, c'est son aspect modulable. Calqué sur le modèle du CMF Phone (le premier, le second ayant abandonné le concept), on peut remplacer le dos du smartphone pour ajouter, comme je l'ai fait, un passant offrant une meilleure prise en main. On trouve aussi un porte-cartes, ou un cordon épais pour le porter autour du cou.
Sur la tranche droite, encore une nouveauté. Un nouvel interrupteur, façon Alert Slider de OnePlus (en plus cheap, autant l'écrire) fait son apparition. Je reviendrai sur son intérêt plus bas dans la section Interface. Dessous, se trouve le bouton Power, qui sert également de scanner d'empreintes. Un bouton particulièrement inconfortable à utiliser, en cela qu'il affleure trop le châssis. Il m'est arrivé plusieurs fois de le chercher du doigt.
Enfin, j'ajoute que le smartphone est certifié IP55 (résistant à la poussière et aux éclaboussures), et que son tiroir pour cartes SIM permet d'insérer une carte SD jusqu'à 2 To.
Écran : une dalle réactive mais un peu sombre
C'est une première pour Fairphone : le nouveau modèle intègre un écran OLED LTPO de 120 Hz à la résolution assez élevée (431 ppp pour 6,31"). Je note toutefois que les réglages du smartphone sont mal fichus : le menu idoine nous propose de choisir entre 60 Hz, 90 Hz (par défaut) et 120 Hz. Rien ne laisse suggérer que la fréquence sera en fait dynamique — ce que j'ai toutefois pu vérifier grâce aux outils pour développeurs.
En dépit de ses vilaines bordures épaisses, l'écran du Fairphone nouveau est exemplaire. Il propose des couleurs somptueuses et naturelles, ainsi qu'une réactivité impeccable. Finie, l'impression d'utiliser un téléphone de seconde zone, qui rame dès l'écran d'accueil. On sent une vraie montée en gamme, et ça fait un bien fou !
Dommage que la marque n'ait pas eu les moyens de ses ambitions pour améliorer la luminance de l'écran, qui reste assez modeste. En extérieur, la dalle est assez difficile à lire quand le soleil donne.
Performances : indéniablement du mieux, mais…
En choisissant la Snapdragon 7s Gen 3, Fairphone revient dans la course. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais Fairphone revient de loin. Ses précédents modèles étaient équipés de puces souvent très datées (et pas fameuses, avec ça). Ce SoC date de l'été dernier, et a encore été utilisé récemment au sein des formidables Nothing Phone (3a). Alors, oui. Le Nothing coûte 150 € moins cher. Mais vous commencez à comprendre qu'acheter Fairphone, c'est accepter de faire des concessions.
Dans les benchmarks, le Fairphone 6 brille surtout pour sa grande constance. On ne relève aucun throttling qui viendrait tirer vers le bas des performances déjà modestes (8 Go de RAM, c'est peu en 2025). Pour autant, le smartphone se débrouille très bien, et offre des performances tout à fait honorables, permettant même de jouer en qualité faible à Genshin Impact à environ 45 fps. J'ajoute que le SoC intègre un modem offrant une connectivité Wi-Fi 6e.
Maintenant, Fairphone a sans doute encore des progrès à faire en matière d'optimisation. Souvent, j'ai été confronté à un bug qui semblait limiter la fréquence de l'écran à 30 Hz jusqu'à ce que je re-verrouille et re-déverrouille le mobile. Étrange, mais adressable par une future mise à jour.
Interface : Android dans son plus simple appareil
La durabilité, ça ne passe pas que par le hardware. Et, avant même que la Commission européenne ne vienne mettre un coup de pied aux fesses des constructeurs pour améliorer le support logiciel de leurs smartphones, Fairphone affichait déjà une politique extrêmement avantageuse pour les clients prudents et soigneux. Pas de surprise à ce que le Néerlandais fasse encore une fois mieux que tout le monde : le Fairphone 6 sera mis à jour pendant huit ans. C'est un record.
Côté interface, le Fairphone opte pour un Android Stock dans son plus simple appareil. On ne trouve aucune application préinstallée (à l'exception de l'appli Fairphone, qui fait office d'onboarding et de manuel d'utilisation, notamment pour commander des pièces détachées ou accéder aux guides). Inutile de dire que, si vous cherchez des fonctionnalités IA clinquantes, vous toquez à la mauvaise porte. Le Fairphone 6 intègre Gemini, et c'est marre. On ne trouve même pas de gomme magique pour effacer certains éléments d'une photo.
L'une des particularités de ce modèle, je l'évoquais plus haut, c'est ce nouvel interrupteur « Switch » sur la tranche droite. Celui-ci peut évidemment être reconfiguré, mais de façon trop élémentaire. Appareil photo, lampe torche, mode Ne Pas Déranger ou avion… rien de bien folichon. La seule option qui vaut le détour, c'est en réalité celle par défaut : Fairphone Moments.
Fairphone Moments, c'est un launcher alternatif qui va à l'essentiel. Il vient remplacer l'écran d'accueil du smartphone pour ne laisser apparaître que cinq applications de votre choix, lesquelles seront représentées par du texte uniquement. Pas de notifications, pas de distractions. Un « mode de concentration » un peu agressif, qui pourrait toutefois rendre service à celles et ceux qui ont du mal à se détacher de leur smartphone. Maintenant, était-il bien nécessaire d'ajouter une touche pour cet usage ?
Appareil photo : tout simplement pas au niveau
Fairphone et la photo, ça n'a jamais été une grande histoire. Pourtant, je remarque une fois encore les efforts de la marque, qui opte cette fois pour un capteur principal capable de tenir tête à la concurrence. Du moins, sur le papier. Parce qu'on va très vite déchanter.
La configuration photo du Fairphone 6 :
- Grand-angle : 50 Mpx, 1/1.56", f/1.6, OIS ;
- Ultra grand-angle : 13 Mpx, 1/3.06", f/2.2 ;
- Selfie : 32 Mpx, 1/3.42".
Grand-angle
Doté d'une optique assez standard, le grand-angle du Fairphone 6 ne fait pas de vagues. Il produit des images plutôt neutres, sans grand éclat. Je concède que le capteur n'est pas aidé par la grisaille nantaise, mais l'exposition est un peu tristoune, et le piqué n'est tout simplement pas au rendez-vous. Pour vous dire : j'ai dû revérifier à plusieurs reprises que je ne shootais pas avec l'ultra-grand-angle en observant la piètre qualité de certains clichés.
Ultra grand-angle
Avec ses 13 mégapixels, l'ultra-grand-angle du Fairphone 6 annonce la couleur : « ne comptez pas sur moi », hurle-t-il à mes yeux. Ne t'inquiète pas, petit module secondaire. Je n'attends rien de toi.
Sans vouloir paraître cruel, c'est peut-être le pire ultrawide que j'ai testé cette année. Et la résolution n'est pas une excuse : celui du formidable OnePlus Nord CE5 n'a que 8 mégapixels à son actif et produit des résultats infiniment plus alléchants que le Fairphone 6.
Téléobjectif / Zoom
Vous l'avez lu plus haut : aucun téléobjectif ne trouve sa place au revers du Fairphone 6. On peut malgré tout compter sur le grand-angle, de 50 mégapixels, pour offrir un zoom numérique. Un zoom qui, autant l'écrire, est tout bonnement inacceptable.
Même pas besoin d'aller chercher le zoom 10x qu'autorise l'interface. Rien qu'en 2x, le résultat est tout simplement abominable. Toutes les textures sont encadrées par des artefacts blancs, comme si on leur avait ajouté un contour sur Photoshop dans les années 2000. Le pire étant sans doute que le viewfinder ne laisse absolument pas imaginer la tronche du résultat. J'ai découvert la chose en observant mes photos sur grand écran en écrivant ce test. Je ne m'attendais pas à un tel retour en arrière sur ce point.
Photos de nuit
De nuit, l'ultra-grand-angle est logiquement à la peine, avec un déclenchement plus lent, des couleurs inadéquates et un bruit numérique omniprésent. Le grand-angle fait le café, même s'il n'y a pas de quoi tomber à la renverse. Le niveau de détails est assez pauvre, avec pas mal d'artefacts dans les ombres. Comme si le Fairphone se dépêchait de conclure la pose pour passer à autre chose. Il pourrait sans mal ajouter quelques millisecondes à la formule pour récupérer plus de lumière.
Portraits et selfies
Ce que l'on a vite fait de prendre pour un troisième capteur au dos du Fairphone, c'est en réalité un LiDAR 3D ToF qui vient filer un coup de main au module principal, notamment pour le détourage du sujet et l'application du flou d'arrière-plan.
J'ai rarement été bluffé par la chose, mais je dois reconnaitre que le Fairphone 6 se débrouille bien en portrait. Mieux qu'un autre smartphone ? Pas du tout. D'autant que les couleurs sont une nouvelle fois un peu ternes (mais réalistes, il faut le reconnaître). Problème : l'autofocus est laborieux. Il m'est arrivé de devoir enchaîner les clichés pour obtenir une prise correcte. Ce genre de choses n'arrive plus sur l'écrasante majorité des smartphones du marché.
Avec son module avant, le Fairphone 6 donne le change. Les photos sont belles, le niveau de détails satisfaisant, et les couleurs encore une fois d'une neutralité agréable.
Vidéo
Le Fairphone 6 peut filmer en 4K HDR à 60 images par seconde. Malheureusement, avec ce mode, les couleurs en prennent paradoxalement dans les dents et s'affichent de façon assez ternes — un peu comme avec un fichier LOG. En repassant sur 30 images par seconde, le bilan est bien meilleur.
L'ultra-grand-angle se contente de 1080p à 60 images par seconde, mais vous l'imaginez, le compte n'y est pas tout à fait.
Autonomie : un smartphone endurant
C'est l'une des bonnes surprises du Fairphone 6. Son processeur a beau ne pas être très véloce, il est économe. Aussi, même avec un framerate bloqué à 90 Hz, j'ai pu tenir une grosse journée et demie avant d'avoir besoin de courir vers la prise murale. Cela correspond à une grosse dizaine d'heures de temps d'écran, réparties comme d'habitude entre de la navigation, de nombreuses photos, environ 30 minutes de jeu et beaucoup de vidéos.
Pour la recharge, Fairphone garde les choses simples. Acceptant une puissance maximale de 33W, cela prend une heure tout rond pour refaire le plein du Fairphone 6. Malheureusement, la recharge sans fil ne fait pas partie du menu.
Fairphone 6 : Prix, disponibilité et concurrence
Le Fairphone 6 a l'excellente idée d'être commercialisé moins cher que son prédécesseur, à 599 € pour 8 Go de RAM et 256 Go de stockage (extensible, je rappelle). Cela reste un coût, d'autant que — c'est l'éternel dilemme Fairphone — on trouve quantité de références à la fois plus performantes ou à l'aise en photo pour beaucoup, beaucoup moins cher.
Quoi qu'il en soit, pour environ 600 €, on pourra aussi s'intéresser au Google Pixel 9a, au OnePlus Nord 5, au Samsung Galaxy A56 ou bien au Honor 400.
Fairphone 6 : l'avis de Clubic
Tout le défi de Fairphone, c’est de parvenir à convaincre les clients de dépenser plus pour avoir moins bien. Qu’on se le dise : ce que Fairphone nous propose aujourd’hui à 600 €, c’est un smartphone qui en vaut moitié moins — sur le plan technique.
Pourtant, il est impossible de ne pas prendre la mesure des efforts entrepris par les Néerlandais cette année. Beaucoup plus performant et moderne que son prédécesseur, le Fairphone 6 a aussi le bon goût d’être vendu moins cher. Un positionnement presque agressif, qui doit se traduire par des marges riquiquis pour le fabricant, et qui illustre également d’une certaine façon « le vrai prix des bonnes choses », comme dirait l’autre.
Oui, le Fairphone 6 est cher. Mais la marque invite à repenser son rapport au smartphone. Ne vaut-il pas mieux dépenser 600 € dans ce modèle que de se ruer vers un concurrent à 300 € qu’on remplacera dans deux ans ? Smartphone le plus réparable du marché, le Fairphone 6 promet de rester à vos côtés au moins pendant 8 ans. En voilà au moins un qui n’a pas peur de l’engagement.
- Un vrai smartphone réparable et durable
- 8 ans de mises à jour
- De bonnes performances globales
- Grande autonomie
- La qualité de l'écran
- Luminosité de l'écran
- Les photos
Fiche technique Fairphone 6
Taille de l'écran | 6.31 pouces |
Taux de rafraîchissement | 120Hz |
Mémoire interne | 256 Go |
Mémoire vive (RAM) | 8 Go |
Capacité de la batterie | 4415 mAh |
Charge rapide | Oui |
Définition du / des capteur(s) arrière | 50 Mpx, 13 Mpx |
Système d'exploitation | Android |
Version du système d'exploitation | 15 |
Assistant vocal | Google Gemini |
Taille de l'écran | 6.31 pouces |
Type d'écran | LTPO OLED |
Définition de l'écran | 1116 x 2484 pixels |
Taux de rafraîchissement | 120Hz |
Densité de pixels | 432 ppi |
Mémoire interne | 256 Go |
Stockage extensible | Oui |
Processeur | Snapdragon 7s Gen 3 |
Finesse de gravure | 4nm |
Nombre de cœurs CPU | Octa-core |
Fréquence CPU | 2.5GHz |
GPU | Adreno 710 |
Mémoire vive (RAM) | 8 Go |
Capacité de la batterie | 4415 mAh |
Batterie amovible | Oui |
Charge rapide | Oui |
Puissance de la charge rapide | 33W |
Nombre de caméras (avant & arrière) | 3 |
Définition du / des capteur(s) arrière | 50 Mpx, 13 Mpx |
Définition du / des capteur(s) avant | 32 Mpx |
Enregistrement vidéo | 4K@30fps, 1080p@30/60/120fps, 720p@240fps |
Stabilisateur caméra | Optique et Numérique |
Flash arrière | Dual-LED |
Flash Frontal | Non |
Taille des photosites objectifs arrière | 1.0 µm |
Ouverture objectif photo arrières | f/1.6, f/2.2 |
Ouverture objectif photo frontaux | f/2.0 |
Carte(s) SIM compatible(s) | Nano-SIM, eSIM |
Compatible double SIM | Oui |
Compatible 5G | Oui |
Compatible VoLTE | Oui |
Wi-Fi | 6 |
Bluetooth | 5.4 |
NFC | Oui |
GPS | Oui |
Infrarouge | Non |
Type de connecteur | USB Type-C 3.0 |
Lecteur biométrique à empreinte digitale | Oui |
Capteur de reconnaissance faciale | Reconnaissance faciale 2D |
Acceleromètre | Oui |
Gyroscope | Oui |
Capteur de lumière ambiante | Oui |
Prise Jack | Non |
Nombre de haut-parleurs | 2 |
Hauteur | 164mm |
Largeur | 75mm |
Epaisseur | 8mm |
Certification IP | IP65 |