Non-Fungible Tokens : qu'est-ce que les NFT, et comment ça marche ?

Cyril Fiévet
Cyberculture
14 juin 2021 à 17h33
19
Rokas Tenys / Shutterstock.com
Rokas Tenys / Shutterstock.com

NFT par ci, NFT par là… On ne parle (presque) plus que de ça. Au fil de titres racoleurs et de ventes aux enchères spectaculaires, médias et néophytes constatent, abasourdis, qu’un simple GIF animé peut se vendre plusieurs millions de dollars. Le Web serait-il — lui aussi — devenu fou ? Pas si vite. Malgré les excès du moment, les NFT ne sont ni une mode, ni une folie passagère. Explications.

Ce mois-ci s’est vendu chez Christie’s un collage numérique de l’artiste Beeple pour la bagatelle de 69,3 millions de dollars. Ailleurs, un GIF grossièrement pixélisé, représentant un singe « CryptoPunk » affublé d’un bandana, était vendu 1,2 million de dollars. De son côté, Jack Dorsey, PDG de Twitter, mettait en vente aux enchères le tout premier tweet de l’histoire. La vente a été conclue au prix final de… 2,9 millions d'euros.

Le NFT, un titre de propriété dématérialisé

Outre les sommes astronomiques dont il est question, toutes ces « oeuvres » ont un point commun : elles tirent parti des NFT, ou Non-Fungible Tokens — des tokens non fongibles.

Ces tokens particuliers établissent un lien indéfectible entre un objet quelconque et une adresse sur une blockchain. Un NFT n’est donc pas véritablement une oeuvre par lui-même, mais un titre de propriété rattaché à une oeuvre : une unité de valeur individuelle représentant un objet (physique ou numérique) et l’associant à un propriétaire, par le truchement d’une blockchain. Tout comme les unités d’une crypto-monnaie, les NFT peuvent avoir une valeur de marché et être transférés d’une personne à une autre. D’où le délire actuel, basé sur une spéculation effarante. Mais le principe de NFT ne se résume pas à cela.

NFT

Fongible ?

Pour comprendre les NFT, il faut d’abord s’attarder sur le principe de fongibilité, un « gros mot » moins compliqué qu’il n’y paraît.

Toutes les monnaies traditionnelles, dites « fiat », comme l’euro ou le dollar, sont fongibles. Cela signifie que toute unité de valeur dans ces monnaies est indistinguable d’une autre unité de valeur de la même monnaie. Concrètement, si vous possédez un billet de 10 €, vous pouvez l’échanger à tout moment contre n’importe quel autre billet de 10 €. Chaque billet est bien unique (et identifié par un numéro), mais l’objet en tant que tel importe peu, c’est la valeur qu’il représente qui compte.

De la même façon, les crypto-monnaies sont fongibles. Tous les bitcoins ont la même valeur et, si vous possédez un bitcoin, vous pouvez l’échanger contre n’importe quel autre bitcoin.

Mais tout n’est pas « fongible ». Dans la vie courante, de nombreux objets ont une valeur différente de celle d’objets pourtant similaires et ne sont donc pas des biens ou valeurs « fongibles ».

NFT

Cela peut être pour différentes raisons. Si vous possédez un objet ayant appartenu à votre arrière-grand-mère, vous n’aimeriez sans doute pas l’échanger contre un objet parfaitement identique mais tout juste sorti d’usine. Celui de votre aïeul a « plus de valeur » à vos yeux, même si cette valeur purement sentimentale est impossible à quantifier. De la même façon, tous les tableaux peints par un même peintre ne sont pas fongibles, même s’ils peuvent avoir la même valeur de marché. Chacun est une pièce de collection unique, non échangeable contre un tableau similaire émanant du même artiste.

Souvent, la non-fongibilité est directement liée à la rareté. Le jeu de Scrabble est basé sur ce principe. Il utilise 102 jetons représentant des lettres de l’alphabet, mais ces lettres sont plus ou moins rares : les jetons A et E sont beaucoup plus nombreux que les W, X ou Z, et la valeur de ces jetons reflète cette distinction. Un W vaut 10 fois plus qu’un A, un H vaut 4 fois plus qu’un E. Cette valeur est d’ailleurs différente selon les langues : dans la version polonaise du jeu, les lettres W et Z sont très communes et ont donc peu de valeur. Au Scrabble, les lettres de l’alphabet, représentées par des jetons similaires qui ont tous la même fonction et le même usage (composer des mots) sont assorties d’une valeur qui dépend directement de leur rareté dans une langue donnée et ne sont donc pas interchangeables, pas fongibles.

NFT

Blockchainiser l’unicité

Les NFT correspondent à la transposition du principe de non-fongibilité à des valeurs numériques. Par le truchement de crypto-monnaies et de leurs blockchains, on crée des tokens (jetons) particuliers, identifiables de façon unique et donc non échangeables entre eux comme de simples tokens. Chaque NFT est un objet numérique unique et indépendant, assorti d’une valeur qui lui est propre. Il faut noter que tout token n’est pas un NFT, bien au contraire : il existe sur les blockchains d’innombrables tokens « simples » qui sont, eux, fongibles (tout comme des unités de crypto-monnaies).

Une famille de NFT sera donc constituée de jetons quasi identiques puisqu’ils sont tous émis sur une même blockchain (un peu comme les jetons de Scrabble, qui ont tous la même taille et la même couleur et sont fabriquée dans la même matière) mais qui sont néanmoins distinguables les uns des autres et assortis d’une valeur qui dépendra de leur rareté.

Contrairement à ce que pourrait laisser croire le récent buzz médiatique sur le sujet, les NFT existent depuis longtemps.

Etheria NFT

Le concept de « colored coins » (littéralement « pièces de monnaie coloriées »), ancêtres des NFT, est apparu dès le début des années 2010. L’idée était de créer une façon de distinguer certaines unités d’une crypto-monnaie donnée, cessant d’être fongibles pour devenir « coloriées », c’est-à-dire distinguables des autres. Les premiers NFT proprement dits sont apparus en 2015 sur le projet Etheria bâti sur la blockchain Ethereum. Il s’agissait d’une sorte d’objet virtuel en 3D composé de briques hexagonales, façon Lego. Chaque brique était représentée par un token unique identifiable sur la blockchain.

C’est à partir de 2017 que le principe de NFT a pris son envol et montré tout son intérêt avec CryptoKitties, un jeu où l’on collectionne et élève des chatons virtuels. Chaque chaton est un NFT enregistré sur la blockchain Ethereum et, selon sa rareté et ses caractéristiques, possède une valeur de marché. Démontrant un cas d’usage des NFT à la fois amusant et pertinent, CryptoKitties a immédiatement connu un fort succès médiatique et financier. S’il n’a attiré que 100 000 joueurs depuis sa création, certains des « Kitties » se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Et le jeu est toujours actif : rien qu’en 2020, plus de 75 000 chatons virtuels ont changé de propriétaires, pour un montant global de 3 042 ETH, soit 5,6 millions de dollars au cours actuel.

© CryptoKitties
© CryptoKitties

Le succès du jeu en 2017-2018 a précipité l’engouement pour les NFT. Des dizaines de clones de CryptoKitties ont vu le jour, certains lancés par de gros éditeurs de jeux comme Ubisoft ou de grands acteurs du sport comme l’association américaine de basketball NBA, tandis qu’apparaissaient les premières places de marchés dédiées à l’achat et à la vente de NFT, comme OpenSea, lancé en 2017 et qui liste aujourd’hui plus de 14 millions de NFT. En juillet 2020, donc bien avant l’explosion médiatique de mars 2021, le marché des NFT dépassait déjà le seuil significatif de 100 millions de dollars.

La grande majorité des NFT sont produits sur la blockchain Ethereum, qui a été la première à établir, en janvier 2018, une norme standardisant les NFT au plan technique (ERC-721). Mais beaucoup d’autres blockchains, comme Flow, Binance Smart Chain, EOS, Tron, Lisk ou d’autres (parfois semi-privées) permettent également d’en créer.

NFT

Des usages infinis

Les avantages des NFT sont faciles à comprendre. Etant inscrits sur une blockchain, ils sont hautement sécurisés et en principe non piratables (en tout cas lorsqu’ils sont émis sur de grosses blockchains publiques vraiment décentralisées, comme Ethereum). Un NFT est aussi pérenne : il existe sur la blockchain sur laquelle il a été créé sans limitation de durée (tant que cette blockchain existe). Et, puisqu’il s’agit d’un token, donc d’une unité de valeur similaire à celle d’une crypto-monnaie, un NFT peut être envoyé à une tierce personne (en fait à n’importe quelle adresse sur la blockchain concernée) en toute sécurité et en quelques clics.

En somme, posséder un NFT, c’est détenir un titre de propriété numérique inviolable et immuable mais très facile à transférer à quelqu’un d’autre.

Dès lors, de nombreux usages apparaissent.

Le plus évident concerne les collections. Depuis la nuit des temps, on collectionne des timbres postaux, des pièces de monnaie, des jouets McDonald's, des soldats de plomb et mille et une autres choses. Pour les collectionneurs, disposer d’un procédé fiable et potentiellement universel pour tracer, échanger ou coter les éléments collectionnés est forcément appréciable. Dès 2019, l’Autriche a été le premier pays à émettre des timbres postaux officiels assortis de leurs NFT. En 2021, le Bureau Philatélique de Gibraltar en fait autant, avec l’émission de 50 000 timbres couplés à des NFT.

Les NFT permettent aussi de transposer (ou élargir) la pratique de la collection à des biens immatériels. Si l’on admet qu’il n’est pas plus absurde de collectionner des GIF animés que des cartes postales en papier, on comprend que le NFT précipite la modernisation d’un hobby ancien et répandu, s’adaptant — en toute logique — à un monde désormais dominé par le numérique. Un bon exemple est la démarche de DC Comics et Veve, qui proposent aux passionnés d’acquérir des sortes de statues virtuelles de personnages des univers Batman ou Harley Quinn, devenues des NFT. Comme pour les disques vinyle et les CD remplacés par les fichiers MP3 puis le streaming, les figurines en plastique de super-héros se dématérialisent pour devenir des animations 3D, possédées ou échangées via des blockchains et admirées sur un écran.

NFT

Le principe s’adapte aussi aux objets physiques, en particulier dans le domaine du luxe. Le NFT sert alors autant de titre de propriété que de certificat d’authenticité. C’est le modèle que défend Arianee, une start-up française créée en 2017 et qui vient de lever 8 millions d’euros pour poursuivre son développement. Sa solution est utilisée par de grandes marques, comme Breitling ou Vacheron Constantin, pour identifier de façon unique chacune de leurs luxueuses montres.

Un NFT en forme de « passeport numérique unique » est attaché à chaque produit, afin de lutter contre les contrefaçons tout en facilitant sa revente éventuelle. Et la technique ne s’applique pas qu’aux nouveaux modèles. En octobre dernier, VIDT Datalink avait tokénisé une montre ancienne et très rare : une Rolex Milgauss de 1956. Après avoir été expertisée, la montre est désormais assortie d’un NFT garantissant son authenticité et se provenance. A terme, on peut imaginer qu’un objet de marque vendu sans son NFT correspondant ait une valeur bien moindre — ou soit même quasiment invendable.

Age of Rust
Age of Rust

Un autre cas d’usage, et pas des moindres, concerne le domaine du jeu. Beaucoup de jeux à base de NFT, comme le très populaire Axie Infinity, sont plus ou moins inspirés de CryptoKitties et représentent une évolution des jeux de cartes à collectionner comme Magic ou Hearthstone. Les NFT et la logique financière sont parfois au coeur du jeu, comme dans ZED, un jeu de courses de chevaux virtuelles où l’on remporte des prix en ethers. Chaque cheval est un NFT, caractérisé par son génotype et ses performances, que l’on peut faire se reproduire pour développer une écurie.

Dans d’autres cas, les NFT sont utilisés comme des récompenses agrémentant le jeu. Age of Rust, disponible sur Steam en version bêta depuis mi-mars, est avant tout un ambitieux jeu d’action-aventure, mais les joueurs peuvent découvrir (et obtenir) des NFT tout au long de leur périple. Les NFT sont aussi utilisés dans les communautés virtuelles, comme dans Decentraland, un univers en 3D où les parcelles de terrains, mais aussi les vêtements et accessoires décorant les avatars, sont des biens immatériels identifiés par des NFT, échangeables sur une place de marché dédiée depuis début 2020.

Dans l’univers du jeu, le NFT marque une évolution notable. Tous les artéfacts d’un jeu ou d’un metaverse peuvent désormais être identifiés de façon unique et possédés, achetés ou vendus par l’utilisateur sur des marchés mondiaux, tandis que se floute la distinction entre divertissement, investissement et spéculation financière.

Decentraland
Decentraland

Aux limites de l’absurde

Malgré tout, il est indéniable que la démocratisation du principe de NFT s’accompagne d’une folle spéculation et d’une hype exagérée.

On voit aujourd’hui apparaître des NFT pour tout et n’importe quoi. Charmin, une marque de papier toilette, vient de lancer des NFT « artistiques » en forme de... rouleaux de papier toilette. Dans le même genre, un petit malin est parvenu à écouler des NFT de ses propres pets. A 85$ le prout, pas sûr que l’acquéreur ait fait une bonne affaire.

D’innombrables images banales, réalisées en quelques secondes ou même puisées sans vergogne sur le Web, sont aussi transformées en NFT, parfois vendus à des prix absurdes.

NFT

Pour autant, il faut se souvenir que la valeur — artistique ou financière –d’une œuvre échappe souvent à l’entendement. Le « Carré blanc sur fond blanc » de Malevich, pièce de choix du musée d’art moderne de New York, interpelle sans doute plus d’un visiteur quant à sa « valeur ». Les prix des œuvres d’art, eux, sont depuis longtemps inintelligibles pour le commun des mortels. Une toile blanche où sont simplement peintes les lettres « F O O L », s’est vendue chez Christie’s 7,7 millions de dollars en 2012. Et un tableau de Léonard de Vinci s’est vendu en 2017 quelques 470 millions de dollars — l’équivalent de 26 000 Clio V.

Au final, la valeur d’une oeuvre sera toujours subjective et uniquement fixée par le montant que quelqu’un est prêt à dépenser pour la posséder. — avec ou sans NFT. Et peut-être que dans quelques décennies, le tout premier tweet ou une image de singe à bandana seront eux aussi considérés comme des témoignages essentiels de leur époque, qui sait ?

En attendant, cette folie passagère ne devrait pas occulter l’interêt — bien réel — du concept de NFT et de ses multiples applications, qui n’ont sans doute pas encore été toutes explorées.

Cyril Fiévet

Cyberculture

Cyberculture

Cyril Fiévet est ingénieur, journaliste et auteur. Il couvre depuis une vingtaine d’années les technologies de pointe, l'innovation et les tendances émergentes. Il a publié plusieurs centaines d’artic...

Lire d'autres articles

Cyril Fiévet est ingénieur, journaliste et auteur. Il couvre depuis une vingtaine d’années les technologies de pointe, l'innovation et les tendances émergentes. Il a publié plusieurs centaines d’articles dans une vingtaine de médias sur la cyberculture, l'évolution des usages numériques, l’intelligence artificielle, les interfaces homme-machine, les blockchains... et 7 livres annonçant successivement l’avènement d’Internet, des blogs, des robots ou des crypto-monnaies.

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news
Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (19)

malak
Ce que j’ai du mal à comprendre personnellement, c’est comment un NFT peut être lié techniquement à un tweet par exemple?<br /> Qu’est-ce qui fait la liaison? Rien du tout? c’est juste un titre de propriété numérique sans lien?<br /> Comme un bout de papier qui certifie qu’un objet est à moi, mais qui le signe dans ce cas? quelle valeur légale a-t-il?<br /> Si y’a aucun lien, on peut donc générer autant de NFT qu’on veut en ciblant le même objet (réel ou numérique).
Droz
Le NFT on en parle juste parce-que les vendeurs de NFT ont eux même acheté quelques œuvres qui paraissent faisable par tout le monde à des prix très élevés pour créer une ruée de création de NFT (entre 50 et 80€) par des pigeons qui croient qu’ils vont gagner à la loterie.<br /> Bref, c’est une arnaque.
Jerry
Merci pour cet article très didactique. Bravo !
Urleur
bientôt quand tu iras au musée sa seras plus des tableaux, mais des écrans, bref beaucoup vont surfer sur cette tendance pour installer un marché et beaucoup vont y perdre… de l’argent, une vraie arnaque des temps moderne, rien ne remplaceras la toile.
cfievet
Bonne question ! <br /> Il y a en fait plusieurs questions dans votre interrogation :<br /> Comment une oeuvre et un NFT sont-ils liés ?<br /> Techniquement, un NFT est un smart contract, du code informatique qui définit en l’occurence le fonctionnement particulier d’un token sur une blockchain. Sont associées à ce contrat des «&nbsp;méta-données&nbsp;», comme un nom, une description textuelle, une image… Autrement dit, une fois créé, un NFT associe un propriétaire à un ensemble de données numériques décrivant un objet, le tout étant assorti d’un identifiant unique et enregistré sur une blockchain.<br /> Pourrait-on créer une infinité de tokens relatifs à un même objet ?<br /> Oui, bien sûr. Rien ne vous empêche de faire un copier/coller du premier tweet de Dorsey et d’en faire un NFT. Mais ce n’est pas pour autant que votre NFT aura une quelconque valeur. C’est en fait exactement la même chose pour l’art. Dans l’exemple que j’ai cité de la peinture «&nbsp;FOOL&nbsp;», vous pouvez facilement recopier ce tableau ou le refaire vous-même, mais je doute que vous le vendiez 7 millions de $. Si ce tableau (ou le tweet) affichent un prix élevé, c’est parce qu’ils ont une histoire et sont rattachés à une personnalité précise. Et le NFT (donc le smart contract) inscrit cette histoire sur une blockchain. Au fur et à mesure de la vie d’un NFT, vous pourrez d’ailleurs consulter la liste de ses propriétaires successifs.<br /> Ce qui amène à une autre question que vous évoquez : comment savoir qui est véritablement le propriétaire d’un NFT, ou le créateur de l’oeuvre ?<br /> Vous avez parfaitement raison, on ne peut pas le savoir !<br /> Techniquement, le «&nbsp;propriétaire&nbsp;» d’un NFT est une adresse sur une blockchain. Sur Ethereum, le propriétaire est en fait un truc du genre "<br /> 0x0c70a710ac9a2d1b293a045fa315c025b9bdf5fd" ;-). C’est le seul fait de contrôler l’accès à cette adresse (d’en posséder les clés) qui fait de vous le propriétaire du NFT. Mais rien ne lie le NFT à votre identité.<br /> C’est la raison pour laquelle les places de marché de NFT artistiques, comme Rarible, imposent souvent un enregistrement nominatif (un artiste doit prouver son identité), tandis que Valuables (où a été vendu le tweet de Dorsey) utilise l’API Twitter pour lier les propriétaires à leur compte Twitter, donc certifier qu’ils sont qui ils prétendent être. C’est la plate-forme qui vous garantit que c’est bien Dorsey qui a créé ce NFT.<br /> En somme, c’est comme d’autres applications sur Internet. Si vous recevez un email de quelqu’un prétendant s’appeler Jack Dorsey et être le patron de Twitter, vous aurez des doutes. Si son adresse email se termine par @twitter.com, vous aurez un peu moins de doutes, mais ne serez pas certain pour autant que c’est bien lui. Mais si vous recevez un message direct sur Twitter du compte @jack, certifié par Twitter comme étant celui du PDG, vous êtes sûr que c’est bien lui.<br /> Dit autrement, le NFT ne cherche pas à résoudre le problème de l’identification des personnes, mais à associer de façon inviolable un objet à une personne. L’identité de cette personne, si l’on veut la connaître, doit être prouvée d’une autre façon.
malak
cfievet:<br /> Dit autrement, le NFT ne cherche pas à résoudre le problème de l’identification des personnes, mais à associer de façon inviolable un objet à une personne. L’identité de cette personne, si l’on veut la connaître, doit être prouvée d’une autre façon.<br /> Si j’ai bien compris, association qui n’a lieu que selon le bon vouloir de la plateforme qui l’a vendu… plateforme privée sur une chaine crypto bien précise.<br /> Plateforme qui peut disparaitre du jour au lendemain.<br /> Jack Dorsey pourrait vendre son Tweet sur 50 plateformes différentes… les acquéreurs ne posséderont jamais le tweet original… il est lié à son utilisateur (qui peut le supprimer n’importe quand).<br /> Ils n’achètent aucun titre de propriété, mais un NFT lié ou non à qq chose (susceptible de disparaitre).<br /> Bref, une belle arnaque…
cfievet
Vous trouvez un tableau signé Picasso dans la cave de votre grand-mère. Vous le faites expertiser par un expert, qui confirme que c’est bien un Picasso. Vous le vendez aux enchères. L’expert meurt. Le tableau a-t-il perdu sa valeur ? Bien sûr que non.<br /> Le nouveau «&nbsp;propriétaire&nbsp;» du tweet n’a pas acheté un tweet, il a acheté une «&nbsp;oeuvre&nbsp;» originale dont il est prouvée qu’elle est signée par Dorsey.<br /> Même si Dorsey mourrait, même si la plate-forme ayant procédé à la vente initiale disparaissait, tant que la blockchain Ethereum existe, le NFT dont on parle existera. Et il sera toujours possible de retracer son origine et ses propriétaires successifs.<br /> On peut débattre sans fin sur la légitimité d’acheter un NFT de tweet à 3 millions de $, mais le principe de NFT n’est nullement une arnaque. Juste un système numérique d’enregistrement de propriété. Avec de nombreux cas d’usage, comme je l’explique longuement dans l’article.
malak
Rien à voir… Valuables n’est pas un expert, c’est la tierce partie faisant la liaison entre le NFT et l’objet dans le cas présent. Le NFT n’est «&nbsp;visualisable&nbsp;» que via Valuables.<br /> Si Dorsey supprime son tweet (ou que Twitter a une mise à jour modifiant son graphisme, ses urls), le NFT n’a plus aucune valeur, l’objet n’existe plus, sa liaison est brisée, il reste quoi dedans, de la data, une capture d’écran au mieux…<br /> Une oeuvre que Dorsey peut dupliquer à l’infini en NFT ou supprimer complètement, reste quoi aux acheteurs? ils ne possèdent qu’un NFT… un token… une chaine de caractères…
Pierro787
@Droz<br /> Je doute que de simples vendeurs de NFT montent une arnaque à 69 millions de dollars en rachetant une œuvre d un artiste ultra connu sur le marché de l art contemporain juste pour encourager des gens à se lancer dans ce business et prendre 2,5% de commission sur une immense majorité de ventes qui ne dépassent pas 100 ou 200 dollars. Le marché des NFT ne pèse rien en volume à côté de celui des cryptomonnaies.<br /> Vous confondez marché de l art, forcément aléatoire et parfois irrationnel , et ce depuis des décennies avec les fameuses foires artistiques et preuve numérique de possession d un fichier numérique.<br /> Vous êtes désigneur , vous concevez une brosse à dent super design, vous mettez le fichier de la brosse à dent en 3D que vous avez conçue en ligne, sur un système IPFS avec un NFT associé. Vous avez ainsi la preuve qu à telle date , vous étiez en possession du dit fichier. Ça remplace une enveloppe Soleau ou un dépôt chez un huissier.<br /> Aucune arnaque là dedans.<br /> Après, que certains soient prêt à payer des millions pour quelques taches de couleurs sur un tableau, ce n est pas nouveau et ça n a rien à voir avec les NFT.<br /> Il y en a même dans l industrie pour adulte maintenant. Ça permettra au moins aux modèles de prouver qu ils / elles sont bien les détendeurs des droits d auteurs des images et vidéos , massivement volées et revendues par de multiples intermédiaires sur de multiples plateformes, sur le dos des ayant droits. Les NFT pourront mettre un terme à ces vols d images et vidéos. Un exemple parmi d autres, comme la brosse à dent en fait.
Pierro787
@ malak<br /> Pour éviter les problèmes dont vous parlez et qui sont effectivement bien réels, il faut mettre les fichiers numériques sur des systèmes IPFS distribués sur des milliers de serveurs à travers le monde en peer to peer avec un lien vers un nom de domaine Ethereum. Comme ça, on ne dépend plus d un serveur web unique ni d un prestataire susceptible de disparaître.<br /> D ailleurs certains rêvent d un web totalement décentralisé avec les sites web qui serait stockés en peer to peer, de manière fragmentée sur des milliers de noeuds IPFS à travers le monde au lieu de serveurs uniques façon OVH.<br /> Contrairement à une idée reçue, il est tout à fait possible de créer un NFT à la main avec des lignes de commandes Linux. On trouve plusieurs tutos sur le net pour faire ça. Il faut juste aimer coder un peu mais ça n à rien de compliqué.<br /> Reste le cas du décès du créateur. Mais avouez que ça restera des cas ultra minoritaires.
sandalfo
Information wants to be free.<br /> Un GIF, un PNG, un tweet, etc. n’importe quel document numérique peut à la base être dupliqué à l’infini pour un coût dérisoire. Mettre des titres de propriété là dessus c’est un peu dérisoire. Rien n’empêche la copie et la diffusion à l’infini de votre «&nbsp;propriété&nbsp;».<br /> Si dans la blockchain il n’y a qu’une URL c’est encore plus bête. Il faut sécuriser le fichier lui-même dans son intégralité.<br /> Mais à partir du moment où ce droit de propriété ne sera jamais opposable à qui que ce soit, il n’a aucune valeur. Il ne faut pas confondre monde réel et monde numérique.<br /> Encore une fois «&nbsp;Information wants to be free&nbsp;».
pecore
Il en va de même pour beaucoup de choses. Peignez n’importe quoi et trouvez suffisamment de personnes pour dire que c’est génial puis un abruti pour payer cher votre croute et cela devient un chef d’œuvre et vous un grand artiste. Combien de bouses infâmes sont passées à la postérité et ont rendu leurs commetteurs richissimes grâce à ce système, qui peut facilement être orchestré en plus.<br /> J’ai donné l’exemple de la peinture mais cela peut être transposé à toute forme d’expression «&nbsp;artistique&nbsp;».
keyplus
sur le plan de l arnaque les coups les plus tordus ne sont Rien à côté de la peinture abstraite<br />
Pierro787
Concernant la propriété intellectuelle, je crois que n importe quel début de preuve, comme un email, un fax, un fichier, peut suffit à convaincre un tribunal.<br /> Les NFT en seront très probablement un autre parmi d’autre. La signature numérique d un fichier par sa table de hachage est unique et son enregistrement dans la blockchain réputée inviolable avec un lien vers un porte monnaie de cryptomonnaie semblent être une preuve solide de détention d un fichier a un instant T. Pour un créateur, toute copie ne pourra avoir lieu qu après la diffusion de son fichier par ses soins. S il l’enregistre au préalable par un NFT, il aura la garantie de l antériorité pour la date dans l enregistrement sur la blockchain.<br /> Par contre, concernent les œuvre d art et leur détention ultérieure, c est effectivement bcp plus discutable. En France, seule une facture officielle peut faire foi auprès des assurances et d un tribunal, les NFT ne sont pas ( encore ) reconnus.<br /> Cela dit, dans tous les OS modernes, il est par exemple nécessaire et même obligatoire de signer les exécutables et applications lors de la compilation. Chez Apple, il faut signer avec un certificat numérique crypté fournit par Apple lors du développement d une app, qui permet de mettre un nom, une date, une société sur un fichier. On peut ainsi authentifier le propriétaire ou le développeur mais ce n est hélas possible que pour les fichiers de type exécutables ou applications. Par pour des fichiers « passifs « comme des images PNG l GIF ou JPEG.
kroman
Quand j’étais collégien, j’avais déjà des non fongible tokens : les pog
Highmac
Bel article… qui me conforte dans l’idée que l’être humain devient de plus en plus absurde/fou/fuit perpétuellement en avant/etc.<br /> Vivement sa disparition !
Pornhub
Dites je pige pas un truc. Un NFT est un lien unique qui mène à un fichier numérique. Ce NFT est sur une blockchain mais où est hébergée l’image ?
SPH
J’ai décroché très vite de l’article car je ne comprenais rien… Pis, c’est pas grave
Hyuril
oufff merci pour cet aveu, partagé lol
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Les derniers tutoriels

NFT : tous les tutoriels