Test Sennheiser Memory Mic : la quasi-liberté pour tous les créateurs

Guillaume Fourcadier
Spécialiste Audio
27 juin 2020 à 10h10
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Vendu comme un concept assez unique, le Memory Mic de Sennheiser se présente comme l'hybridation d'un dictaphone compact et d'un microphone type lavalier (ou cravate). Ainsi le modèle s'adresse aux principalement aux vidéastes sur smartphones, aux nombreux utilisateurs ne voulant (ou ne pouvant) pas s'encombrer d'un ensemble caméra + configuration audio dédiée. Produit presque clés en main, le Memory Mic est à ce titre un petit ovni qui ne manque pas d'intérêt.

Un peu trop de plastique

Se classant dans un hypothétique milieu de gamme à la base (200 euros au lancement, 100 maintenant), le Memory Mic ne brille pas nécessairement pas sa fabrication. Celle-ci est entièrement plastique, exceptée la petite grille métallique du micro ainsi que le système d'attache en silicone, mais on ne retrouve pas de gros points noirs. Le reproche principal est sans doute le petit jeu entre le capot et la partie basse du microphone, donnant un peu de grincement sans même forcer. Rien d'alarmant, mais pas très premium.

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L'unique finition blanche est plutôt élégante, mais une déclinaison noire aurait été bienvenue. Car contrairement à un micro-cravate classique, le Memory Mic n'est pas un objet passant inaperçu. Accroché à un tee-shirt noir, le produit accroche immanquablement l'œil.

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Ce n'est absolument pas évident ici, mais la diode est pourtant allumée

Son architecture se compose d'un unique bouton, déclenchant l'allumage/appairage/extinction, le tout indiqué par une petite diode. Cette dernière est décevante, car minuscule, mais surtout illisible en plein jour.


Un port très simple, peu sportif

Contrairement aux systèmes de pince de l'essentiel des micro-cravate, le Memory Mic préfère une approche aussi spartiate, utilisant deux aimants, l'un à la base du micro, l'autre à l'extrémité de la barrette souple en silicone. Ainsi l'attache n'est pas aussi ferme, mais un peu plus rapide à mettre en place, ne nécessitant par ailleurs pas de se débattre avec un fil.

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Mais, la technologie du modèle est également sa faiblesse ergonomique, puisque cela implique un poids bien plus important qu'un petit micro. Impossible de le caler sur un revers de chemise un peu lâche, ou un tee-shirt au col trop souple, il faut l'accrocher à un col avec un minimum de « densité » pour que produit reste droit. La plupart des habits classiques passeront, surtout lorsqu'il s'agit de vêtements automne et hiver, mais ce point peut être problématique dans certains cas.

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Une fois cette condition remplie, la tenue est plutôt bonne, même si encore une fois on ne parle pas d'un produit prêt à soutenir un marathon ou du parkour. La force de l'aimant est honnête, suffisamment importante pour soutenir les oscillations d'une bonne marche, mais il ne faut pas lui demander la lune. Nous le verrons également, son placement assez proche de la bouche n'est pas sans conséquence.

Écosystème clés en main, pas exempt de bugs

Présenter le fonctionnement du microphone n'est pas forcément évident, puisqu'il fonctionne à travers plusieurs protocoles.

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Tout d'abord, le Sennheiser Memory Mic nécessite l'installation d'une application, Android ou iOS. L'application permet un premier appairage, puis un calibrage du microphone en envoyant quelques sons via le smartphone. Une fois ces rapides étapes effectuées, le produit est opérationnel.
C'est la que l'on comprend que le micro fonctionne sous 3 angles.

Premièrement le Bluetooth ne sert pas pour l'envoi de données, mais pour créer un pont de connexion entre le smartphone et le micro, cela pour garder un échange d'informations type durée d'enregistrement restant sur le micro et niveau de batterie.

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Deuxièmement l'enregistrement se fait via un système de mémoire interne dans le microphone. Ce point n'est pas forcément évident à comprendre, puisque l'enregistrement se déclenche et se stoppe depuis l'application, mais il n'est pas nécessaire de garder les deux produits à proximité lors de l'enregistrement en lui-même.

Troisièmement, une fois l'enregistrement bouclé, une synchronisation (envoi du fichier du micro vers le smartphone) s'effectue via un pont wifi, plus énergivore, mais infirment plus rapide qu'il ne le ferait en Bluetooth.

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Deux cas de figures existent ainsi, un enregistrement audio ou un enregistrement vidéo. Dans le premier cas, il suffit de déclencher l'enregistrement, de se balader avec le micro, avec ou sans le smartphone à proximité, de couper l'enregistrement et de passer à un nouveau éventuellement, puis de fermer la « session d'enregistrement » et tout synchroniser une fois les tâches effectuées. Il est alors possible de lire les fichiers dans l'interface ou de les transférer avec les différentes méthodes du smartphone.

En vidéo, le principe est à peu près le même, puisque le micro n'a toujours pas besoin d'être à proximité, mais le smartphone conserve en plus une piste d'enregistrement audio en interne (micros du smartphone). Une fois le fichier vidéo synchronisé avec le fichier audio du micro (même système de sessions), permettant par la même occasion de n'avoir aucun décalage son/image, il est possible de lire le fichier dans l'interface tout en basculant (via un outil de balance) entre le son du Memory Mic et celui du micro interne. Il reste malgré tout dommage de ne pouvoir utiliser le micro et donc la vidéo qu'avec cette application, efficace mais très basique dans ce mode.

L'application Memory Mic possède un gros avantage, sa simplicité. Même le néophyte aura accès à toutes les informations sur le microphone sans rentrer dans des dizaines de réglages, et pourra facilement accéder à ses enregistrements.

Revers de la médaille, le micro n'est pas utilisable en dehors de cette application, pas plus qu'il ne peut fonctionner en tant que dictaphone autonome, alors même qu'il peut enregistrer 4 h dans sa mémoire interne. À ce titre, il est un peu ce que l'on pourrait voir d'un produit Apple, très simple et intuitif, mais n'autorise aucune petite folie.

Seuls défauts rencontrés alors, des bugs récurrents de l'application, comme une indication de mémoire saturée (nécessite un redémarrage), ou même des problèmes de synchronisation. Nous n'avons pas rencontré de problème au point d'avoir une synchronisation corrompue, mais cela arrivait visiblement dans certaines versions antérieures de l'application, ce qui fait toujours planer une certaine peur (des heures d'enregistrement passant à la trappe par exemple). Nous pouvons noter que l'application iOS est plus stable et moins bugée.

Autonomie et enregistrement

La vie est bien faite, la mémoire interne et l'autonomie du produit sont à peu près calées sur la même durée, à savoir 4 h. En pratique cela se vérifie à peu près, bien que la synchronisation en Wifi soit clairement l'opération la plus énergivore. En pratique, il vaut mieux se laisser de la marge et, dans l'idéal, ne pas s'éloigner d'un chargeur USB-C ou d'une batterie externe, sachant que la recharge complète prend moins de 2 h.

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Polyvalent, pas encore neutre

À l'image d'un micro-cravate, le Memory Mic est cardioïde, son enregistrement est donc directionnel, ce qui est clairement plus adapté qu'un omnidirectionnel pour les bruits extérieurs.

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Les différentes sensibilités et les quelques réglages permettent de donner une base solide, qu'il sera tout de même préférable de compléter par un post-traitement

Le microphone est assez malléable, mais pas non plus dans une optique IA, c'est pourquoi 3 modes de sensibilités existent, tous les trois adaptés à un usage particulier. La sensibilité haute est à réserver aux environnements très calmes, sans risque de pics brusques, pour une interview sans monde autour. Il faut particulièrement bien doser la voix, car la saturation peut arriver extrêmement vite.

Nous pouvons qualifier le modèle de légèrement chaud, préférant un boost des bas-médiums et une petite mise en retrait des haut-médiums afin de rendre l'écoute plus agréable, à défaut d'être neutre et extrêmement riche. Ce boost n'est pas totalement le fruit du hasard, puisque le microphone, plutôt destiné à se placer sur un col, est plus près de la bouche que ne peut l'être un micro-cravate classique, d'où des bas-médiums plus appuyés qu'ils ne le seraient à distance plus classique (déperdition plus importante des basses fréquences avec la distance). Par extension, même petit reproche sur les plosives (les sons en P et B), que le microphone atténue très moyennement, idem pour les bruits de bouche et clic de langue. L'avantage est là par rapport à un micro type canon, que l'on placerait au moins au double de cette distance, mais qui de fait est plus permissif à ce niveau.

Comparé au micro-cravate filaire Rode Lavalier Go (autour des 70 euros), le son est un peu plus agréable, techniquement bon, mais pas aussi étendu dans les aigus, ce qui pourra être vu comme un défaut. Sa signature est ainsi un peu plus «Radio» ou «Podcast», ce qui va également attraper potentiellement moins de bruits parasites dans les hautes fréquences. Un rendu qui à 100 euros en filaire serait déjà honnête compte tenu de sa taille.

Le mode sensibilité moyenne est un bon compromis, et clairement celui à privilégier en extérieur. Utilisable dans un café un peu plus bruyant ou même dans une rue très fréquentée, ce mode permet de ne pas trop avoir à mettre les mains dans le post-traitement tout en conservant une bonne qualité générale, même si cette opération reste obligatoire pour avoir un vrai rendu satisfaisant, ne serait-ce qu'une petite étape de compression. Les fichiers audio ne sont ici pas retouchés (à part des cuts entre deux longs blancs).

Nous sentons forcément quelques compromis, la dynamique de la voix n'étant plus aussi importante, le boost bas-médiums est également un peu moins marqué sans que les aigus soient plus mis en avant. Le test audio ayant été fait pendant une bonne petite période d'allergie au pollen, on remarque également que les souffles/soupirs/respirations, ici accentués par l'état des bronches,ressortent assez clairement. Avec un brin de post-traitement, le rendu peut être tout à fait satisfaisant pour un vidéaste.
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Le mode basse sensibilité est destiné à des cas assez rares en lieux vraiment bruyants. Faute de concerts en ce moment, nous avons testé le micro face à des enceintes poussées à bloc (95-100 dB à moins de 1 m). Le résultat est une sorte d'exagération du second mode, puisqu'il sera nécessaire de pratiquement crier dans le microphone, le seuil d'enregistrement étant repoussé à des volumes très importants. Le résultat reste impressionnant en tant que mode «extrême».

La résistance au vent est également un très bon point, puisque l'inclinaison de l'entrée du microphone lui permet de ne saturer que dans des très rares cas.

Il reste en revanche dommage de ne pas avoir, lors de l'enregistrement (si le microphone est à proximité) de Vumètre sur l'interface. Il peut arriver de faire saturer le son en se trompant de mode, ou simplement en dosant mal sa voix. De la même façon, l'enregistrement est uniquement 16 bits. Un mode 24 bits aurait été un plus pour le travail de post-production. La fréquence d'échantillonnage peut quant à elle être réglée à 44,1 kH ou 48 kHz, le premier étant le standard en pur audio, le second étant plus utilisé avec la vidéo.

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Des améliorations à apporter ? Principalement sur les corrections de bugs de l'applications (surtout Android), mais également quelques fonctions supplémentaires, réglages sonores ou quelques outils de post-traitement basiques. Au vu de son caractère autonome, il est presque dommage de ne pas avoir placé une fonction dictaphone, avec un enregistrement autonome des fichiers, ou encore une sortie jack (pour raccorder à une entrée microphone de caméra), ce qui le transformerait en un parfait petit caméléon.


L'avis de Clubic

Microphone atypique, le Sennheiser Memory Mic est un bon produit pour vidéastes sur smartphones, pour lesquels les solutions vraiment simples et sans-fil ne se bousculent pas particulièrement. Unique dans son approche, il n'est pas exempt de défauts, mais reste une V1 plus qu'acceptable et innovante.

Sennheiser Memory Mic

6

Les plus

  • Usage simplissime
  • Bonne qualité audio
  • Enregistrement en interne
  • Autonomie correcte et recharge USB-C

Les moins

  • Quelques bug sous Android
  • Fabrication moyenne
  • Pas de pochette de transport
  • Diode illisible en plein jour
  • Son plus chaud que neutre

Construction5

Ergonomie7

Polyvalence7

Qualité sonore7


Guillaume Fourcadier

Spécialiste Audio

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Tombé dans l'audio depuis tout petit mais certainement pas audiophile, je navigue entre Hifi indécente et modèles plus abordables avec le même plaisir. Rédacteur audio sur Clubic et malheureux addict...

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Tombé dans l'audio depuis tout petit mais certainement pas audiophile, je navigue entre Hifi indécente et modèles plus abordables avec le même plaisir. Rédacteur audio sur Clubic et malheureux addict à Binding of Isaac, à retrouver sur le pire réseau social de la création en tant que Guifou.

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Commentaires (1)

calude_vincent
Si j’étais P-DG du groupe, j’aurais commander une formation poussée aux « designers ». Franchement, le bidule ressemble à un appareil des années 1980. Pas de gout du tout au fond du trou.
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