Fin 2014, Assassin's Creed Unity avait fait parler de lui, et pas forcément en bien : le premier volet de la saga d'Ubisoft, exclusif à la PS4, Xbox One et au PC, était criblé de bugs à sa sortie, affichant des baisses de framerate considérables et des soucis de stabilité dans son mode multijoueur. Ces problèmes, combinés à un scénario faiblard et un héros, Arno, pas franchement charismatique, ont contribué à faire de Unity un épisode moins intéressant qu'il aurait pu l'être.
On attend donc légitimement d'Assassin's Creed Syndicate, la cuvée de cette année, qu'elle fasse mieux que son prédécesseur. Nous avons pu nous essayer trois heures à une version preview du jeu, mi-septembre, soit environ un mois avant la sortie du titre sur PS4 et Xbox One. A ce stade, on peut estimer que la preview proposée est proche de la version finale. Certains points ne sont pas forcément très rassurants.
Ce pendentif me dit quelque chose...
Une intrigue prometteuse
On le sait, Syndicate prend place à Londres, en 1868, soit en pleine révolution industrielle. Le joueur peut incarner quand il le souhaite Evie ou Jacob Frye, des jumeaux venus de Crawley. Les apprentis assassins débarquent à Londres, bien décidés à nettoyer la capitale des Templiers qui y sont trop bien installés. Faire tomber une à une les têtes de l'organisation va être l'un des principaux objectifs du jeu.Bien que la base de l'intrigue rappelle celles de précédents volets de la saga, on est cependant rapidement frappé par la dynamique installée entre Evie et Jacob. Les jumeaux n'ont pas le même caractère : Evie est sérieuse et déterminée, là où Jacob est impétueux et fait dans l'humour. S'il faudra attendre la version finale du jeu pour voir si les personnages fonctionnent sur la durée, la première impression augure du bon. C'est le cas aussi du côté des méchants, qui s'annoncent un poil plus intéressants que ce proposait Unity.
De nombreuses personnalités historiques seront de la partie. Ici, Alexander Graham Bell.
Grandeur et décadence
Le joueur est rapidement libre de ses mouvements au sein du plus grand environnement proposé jusque-là dans la saga : les quartiers sont immenses et les lieux réputés de la capitale britanniques parfaitement rendus. Un petit tour dans la gare de St. Pancras, ou sur les toits de la cathédrale St. Paul confirme qu'Ubisoft Québec n'a pas chômé en matière de modélisation.Néanmoins, cette richesse de l'environnement où la vie est omniprésente n'a pas été vide de défauts dans cette preview : outre les quasi-traditionnels bugs d'affichage, nous avons pu nous frotter, à plusieurs reprises, à des chutes de framerate. Même si ces dernières n'égalaient pas celles rencontrées sur Unity, elles poussent à s'interroger sur la capacité du moteur du jeu à gérer toujours plus d'éléments - alors qu'il peinait déjà à le faire dans le jeu de l'année dernière. A ce stade, on ne peut qu'espérer que les développeurs planchent sur ce problème avant la sortie du titre.
Whitechapel est le premier quartier dans lequel Jacob, Evie et leur gang vont devoir s'imposer.
Grand Theft Calèche
La grandeur de la ville a poussé les développeurs à chercher de nouveaux moyens de se déplacer au cœur de Londres. Les points de déplacement rapides sont toujours de la partie, mais trois nouveautés importantes sont à noter. La première, c'est la présence d'une base de gang au coeur d'un train en marche, qui permet à Evie et Jacob Frye d'organiser leurs activités pour lutter contre les Templiers. Le train arpente la ville en continu et il est possible de grimper dessus et d'en descendre à tout moment. Dans un genre similaire, on trouve également des bateaux qui naviguent sur la Tamise, et qu'on peut emprunter à loisir.Les calèches sont efficaces dans les missions de kidnapping.
Le second moyen de transport a été montré plusieurs fois par Ubisoft : il s'agit de la calèche. Celle-ci remplace le cheval dans cet opus. Il en circule partout à Londres, et Jacob, comme Evie, peuvent en voler une à tout moment, qu'elle soit ou non à l'arrêt. Une fois à l'intérieur, la calèche affiche la route à suivre pour se rendre à la destination sélectionnée. Il est possible d'accélérer ou de donner des à-coups sur les côtés pour envoyer un autre véhicule dans le décor, par exemple. Entre ça et les poursuites avec les ennemis et les autorités locales, on se croirait dans un GTA à vapeur.
En usage normal, la calèche se conduit sans trop de difficulté, même si la circulation vient mettre des bâtons dans les roues du joueur. Il semblerait que le jeu soit plutôt tolérant avec la ribambelle de passants qui passent sous les roues du carrosse - l'IA ne semble d'ailleurs pas très réactive à ce sujet. Par contre, en mode course-poursuite, on se heurte facilement à quelques difficultés pour conduire et gérer les assaillants en même temps.
Joue-la comme Batman
Le troisième nouveau moyen de se déplacer est peut-être celui qui va le plus diviser les joueurs : il s'agit du grappin. Nous avions pu l'approcher lors de la Gamescom, qui avait été l'occasion de découvrir Evie manette en main. Grâce à cette preview, on découvre que Jacob y a également accès.La cathédrale St Paul a beau être immense, son ascension ne pose guère de difficulté avec le grappin.
Les développeurs expliquent que les bâtiments étant de plus en plus hauts et complexes à gravir, le grappin est là pour faciliter les choses. Le problème, c'est qu'il les facilite trop. A partir du moment où l'on récupère le grappin, on a le sentiment d'avoir une corde et un palan à disposition en permanence, et on est largement incités à abandonner la grimpette manuelle. Celle-ci avait déjà été simplifiée par la mise en place du bouton unique qu'il suffit de presser pour monter ou descendre, et elle devient désormais accessoire à bien des niveaux. La preview nous a permis de le constater lors d'une mission durant laquelle il ne fallait pas se faire remarquer des policiers : le grappin retire une bonne partie de l'aspect stratégique, comme le témoigne notre vidéo ci-dessous.
Il faudra donc voir, sur l'ensemble du titre, si le grappin parvient à se justifier dans une dimension stratégique, et s'il n'efface pas tout l'intérêt de l'escalade sur le long terme.
Entre bonnes surprises et interrogations
Cet aperçu d'Assassin's Creed Syndicate affiche des points positifs, notamment dans la direction artistique et le travail d'écriture, qui promettent tous les deux d'être intéressants. On peut rapidement évoquer la musique : composée par Austin Wintory, qui a travaillé sur Journey, elle s'avère très réussie. Jacob et Evie, quant à eux, nous ont fait très bonne impression, même si on va attendre le résultat final pour s'en assurer. Pour le reste, Syndicate devrait rester en terrain connu, distillant quelques nouveautés çà et là, notamment de nouveaux types de missions secondaires. Les menus du jeu nous ont également confirmé qu'une partie du titre sera consacré au présent, comme le veut la tradition de la franchise.Là où la preview rassure un peu moins, c'est sur les nombreux bugs rencontrés, en particulier sur la difficulté du titre à rester constant à 30 fps. A quelques semaines seulement de la sortie du jeu, prévue le 23 octobre, sur PS4 et Xbox One, il y a de quoi s'inquiéter, surtout après l'expérience fort désagréable qu'avait proposé Unity à son lancement. On devrait être vite fixé avec la sortie de la version définitive, prévue le 23 octobre.