Critique | The Pentaverate : Mike Myers chasse les complots sur Netflix et ne fait pas dans la dentelle

Mathieu Grumiaux
Par Mathieu Grumiaux, Expert maison connectée.
Publié le 12 mai 2022 à 12h05
© Netflix
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L'interprète d'Austin Powers revient sur le devant de la scène avec The Pentaverate, une mini-série en six épisode abordant le sujet des conspirations et autres théories du complot. La greffe avec Netflix a-t-elle pris ? Réponse dans cette critique !

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :

One Mike Show

Pour éviter une mise à la retraite forcée, Ken Scarborough, journaliste canadien en perte de vitesse, va enquêter sur le Pentaverate, une prétendue société secrète qui opérerait dans l'ombre depuis près d'un millénaire pour le bien de l'humanité et dont l'un des membres vient d'être mystérieusement assassiné.

Cela faisait bien longtemps que l'on n'avait pas vu Mike Myers. Star de la comédie à la fin des années 90 avec la trilogie Austin Powers, le comédien canadien a vu sa carrière s'arrêter net avec Love Guru, une comédie assez navrante, il faut bien l'avouer, qui s'est d'ailleurs soldée par un échec public à sa sortie. Depuis, hormis une apparition dans Bohemian Rhapsody, le biopic consacré à Freddy Mercury, nous n'avions plus de nouvelles de l'auteur de Wayne's World.

Et voilà qu'après une décennie de vaches maigres, Mike Myers cède finalement aux sirènes des plateformes de streaming : on le retrouve donc sur Netflix avec The Pentaverate, une mini-série en six épisodes où il officie en tant que scénariste et comédien principal. Comme à sa grande époque, Myers endosse ici pas moins de huit rôles différents : il est de tous les plans, enchaînant les déguisements et les maquillages pour interpréter le personnage principal et les cinq membres composant le Pentaverate, ainsi que deux autres personnages secondaires.

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Il reste alors peu de place pour les autres comédiens, qui ne peuvent faire que de la figuration, notamment Lydia West, que l'on avait pu voir dans l'excellente série britannique Years and Years. Si chacune de ses apparitions suscite une vague d'empathie, l'actrice ne peut pas lutter contre le one-man show permanent de Mike Myers, qui nous fait frôler l'overdose à de multiples reprises à force de grimaces, de mimiques et d'accents.

Et ça fait bim, bam, prout…

Avec The Pentaverate, Mike Myers ne change en rien ses habitudes et son style d'humour. Nous ne serons donc pas épargnés durant les quelques trois heures que durent le programme de nombreuses blagues de pets, qui puent bien entendu, mais aussi de tout ce que peut compter le corps humain de fluides corporels et autres déjections.

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Myers s'est également fait une réputation pour ses blagues sexuelles, et il profite à plein de la carte blanche artistique laissée par Netflix pour pousser ses idées dans leurs retranchements. C'est parfois amusant mais souvent très lourd, surtout quand chaque scène est répétée et étirée à l'infini jusqu'à atteindre les limites du malaise, que recherche manifestement le comédien.

« The Pentaverate ne peut être conseillée qu'aux spectateurs nostalgiques des comédies grasses des années 90 »

Heureusement, la série sait parfois changer de registre et troque ses cacas et ses prouts pour quelques scènes plus savoureuses, notamment les génériques où l'acteur Jeremy Irons (Une journée en enfer, Batman v. Superman) brise le quatrième mur pour nous rappeler les événements vus précédemment dans la série et livrer ses commentaires sans retenue sur le show. Les citations qui ouvrent chaque épisodes sont aussi à saluer, et certaines, très décalées, font particulièrement mouche.

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On ne pourra pas non plus compter sur l'esthétique de The Pentaverate pour nous faire rire ou tout simplement nous distraire. La série a visiblement bénéficié d'une jolie enveloppe pour sa production, mais malheureusement bien mal utilisée, pour de jolis décors bien peu inspirés.

La mise en scène, malgré un sympathique jeu opéré sur les formats d'image, tristement abandonné dès le premier épisode, ne tente rien et se contente de tout illustrer en plan fixes, en usant et en abusant du champ-contrechamp pour chaque dialogue. Heureusement les quelques effets visuels de la série sont d'assez bonne qualité pour faire illusion.

Une comédie qui n'est pas sans fondements

Sur le fond, The Pentaverate n'est pourtant pas qu'une simple pantalonnade (très) bête et (pas bien) méchante. L'intrigue, assez convenue il est vrai, profite d'une bonne gestion du suspense, tant et si bien qu'on se surprend à vouloir arriver au bout des six épisodes pour tirer le fil de cette conspiration, pour connaître l'identité et les motivations du meurtrier.

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Plus important encore, il transparaît que Mike Myers veut délivrer un message de bienveillance à ses spectateurs. La société secrète qu'il imagine n'est pas là pour comploter et s'enrichir sur le dos des honnêtes gens mais se destine à faire le bien et pour faire avancer l'humanité. Le comique célèbre au fil du show l'intelligence de grands penseurs qui cherchent à résoudre les problèmes du monde, sans demander de contrepartie.

Si l'on gratte un peu plus, The Pentaverate est aussi un passage de relais entre les générations. Mike Myers, dont la carrière d'auteur est derrière lui, semble vouloir mettre la jeunesse à l'honneur et espérer que la nouvelle génération, plus moderne et plus inclusive, saura relever les défis auxquels la sienne n'a pas été capable de faire face. En ces temps troublés, le message apparaît naïf, mais la série l'assume avec une réelle sincérité qui emporte finalement le morceau dans ses dernières minutes.

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The Pentaverate est une série qui laissera une trace, malodorante mais pas indélébile, dans l'histoire de la comédie. Pire encore, elle montre les failles du système Netflix qui, pour recruter toujours plus d'abonnés de par le monde, fait des chèques en blanc à des auteurs identifiés du grand public et leur laisse une liberté créative absolue, sans aucune once de contrôle. Si la démarche peut être louable, ici un producteur n'aurait pas été de trop pour canaliser la créativité de Mike Myers, quitte à le contraindre pour garantir l'efficacité de chaque gag.

En l'état, The Pentaverate ne peut être conseillée qu'aux spectateurs nostalgiques des comédies grasses des années 90 et d'un auteur qui ne semble pas décidé à changer d'un iota sa formule pour plaire aux nouvelles générations. On peut apprécier la cohérence du geste et aimer la série pour ce qu'elle est, une relique d'un autre temps, ou tout simplement se dire que l'on est trop vieux pour ces conneries et passer son chemin.

The Pentaverate est disponible depuis le jeudi 05 mai 2022 sur Netflix

Par Mathieu Grumiaux
Expert maison connectée

Grand maître des aspirateurs robots et de la domotique qui vit dans une "maison du futur". J'aime aussi parler films et séries sur les internets. Éternel padawan, curieux de tout ce qui concerne les nouvelles technologies.

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Commentaires (10)
nicgrover

Caca, prout… L’humour de Mike Myers ne fait plus rire depuis longtemps, sauf les ados américains peut-être…

spip74

Les ados vont adorer. Normal on est sur Netflix

Bondamanmanw

Vu sur un épisode et demi, Caca prout prout…

Khonar_LeBarban

@L’auteur : Hé bien, voila Mike habillé pour l’hiver ! Je conçois que la série n’est pas pour tout le monde, surtout parmi le public français.

Moi, j’ai bien aimé. Mais je suis un fan de Mike Myers, et « le coeur a ses raisons que la raison en connait pas ».
Le fait que Myers fasse tous les personnages démontre sa capacité d’acteur (et le talent de son équipe de make up / special effects).

Attention aux discriminations contre les « vieux »: Mike Myers n’avait pas de défi civilisationnel à relever. Pas plus qu’aucun d’entre nous, en fait. Soyons humbles.

@Nick Grover : C’est votre opinion et je la respecte. Mais sur quelle stat’ se fonde-t-elle ? Quand je vois Rick et Morty, j’ai pas l’impression qu’on soit à un niveau plus haut que Myers, tellement Rick rote, pète ou gerbe sur les pieds de Morty.
Et moi, je pense que l’ado américain ne sait même pas qui est Mike Myers, Minimoi et la Grande Quête du Mojo perdu". C’est pas sur Ticktock, ni Snap…
Sans parler de son chef d’oeuvre, Love Guru, qui ne fait rire que moi en VO (avec Sir Ben Kingsley, Justin Timberlake, Jessica Alba et John Oliver, quand même) et dont vous n’avez pas entendu parler non plus, je suppose…

fredolabecane

J’adore Mike, impossible de le critiquer. Je regarde ça ce soir. Mégateuf.

nicgrover

Mik Myers c’était Wayne’s World 1 et2 et de moindre comique les « Austin Power ». « Love Gourou » heureusement je ne connais pas… Pourquoi…

« En 2009, ce film a reçu les Razzie Awards du [pire film] Razzie_Awards_2009), [pire acteur] Razzie_Awards_2009) pour Mike Myers, et du [pire scénario de l’année 2009] Razzie_Awards_2009). » C’est tout dire…

Il est des personnes qui se complaisent dans ce genre et je leur laisse bien volontiers…

toast

Je suis de la génération Wayne’s World. Cette série m’a fait marrer tout en étant conscient du niveau pipi caca de la chose. On pose son cerveau, on se marre, point. Il ne faut rien attendre d’autre de cette série.
Par contre, à regarder (et comprendre) impérativement en Anglais tant les jeux de mots sont nombreux, incessants, lourds et très ancrés dans la langue anglaise. Et je doute que Chabat soit passé par là pour en faire l’adaptation ?

Bombing_Basta

Mais clair Clubic, c’est une honte mayers qui fait du mayers, et pas du almodovar…

:roll_eyes:

fredolabecane

Toi tu adore Benny hill, ça se sent.

nicgrover

« Vous prenez vos vessies pour des lanternes »…

Je préfère le comique un peu plus subtile mais aussi le comique tout court… Benny Hill cela fait des décennies que je n’en ai pas regardé…

Quand on ne sait pas on ne dit rien…