War And Peace

Nerces
Spécialiste Hardware et Gaming
28 novembre 2002 à 11h00
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   War And Peace... Guerre et Paix pour les anglophobes : tout un programme. Loin de nous conter les folles aventures des Rostov du roman de Léon Tolstoï, le jeu de Microïds n'a finalement qu'un seul point commun avec l'oeuvre titanesque de l'écrivain russe : ils traitent tous deux des guerres napoléoniennes. En revanche, War And Peace de Microïds est un jeu de stratégie temps réel et en ce sens, il n'a rien de la fresque sociale... Mais alors rien du tout !

Projet très ambitieux que ce War And Peace, trop peut-être, tant et si bien que pour être capable de sortir le jeu à temps, Microïds a été contraint de faire quelques coupes franches dans ce qui était prévu au départ. Autant le dire tout de suite donc, War And Peace n'est plus qu'un jeu simple joueur... Il est dommage de ne pas avoir de parties réseau, mais en ces temps de morosité c'était le prix à payer pour que le titre sorte dans les temps.


Nostalgiques de la France des 130 départements ?

   Avec un titre comme War And Peace et plus encore avec un sous-titre comme 1796-1815, il semble évidemment très dur d'aborder un sujet tel que les perspectives de la conchyliculture en baie de Saint-Brieuc. Les "historicophobes" en seront donc pour leurs frais : War And Peace est un jeu de stratégie temps réel et il tente de retracer au mieux les années tumultueuses qui ouvrirent le XIXème siècle. Années qui - est-ce vraiment un hasard ? - correspondent exactement à l'accession au pouvoir d'un petit bonhomme à l'ambition galopante : Christian Clavier... Euh mince, j'm'a trompé : Napoléon Bonaparte.

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L'introduction figure parmi les plus courtes du moment !

Ces trépidantes 15 premières années du siècle "ont vu" les grandes nations européennes se foutre sur la gueule... Hum, hum, ce n'est pas mon jour. Je disais donc les grandes nations européennes s'entredéchirer. War And Peace propose de ce fait aux joueurs que nous sommes de prendre en main le destin d'un des six géants de l'époque : Angleterre, Autriche, France, Prusse, Russie et Empire Ottoman. Il faut ensuite se choisir un petit scénario parmi les quelques-uns élaborés par les développeurs. On regrettera évidemment leur (très ?) faible nombre puisque Microïds a en fait découpé la période en sept parties égales correspondant chacune à un scénario. A cela, il convient toutefois d'ajouter deux missions fictives, mais le total (neuf donc) reste malgré tout relativement maigre.

Ces scénarios qui couvrent donc des périodes précises (le rêve oriental, le bourbier espagnol, la bataille des nations...), n'ont pas d'objectifs très précis et c'est au joueur qu'il incombe de les définir. Trois types de conditions de victoire sont possibles : conquête du monde, guerre impériale (éradiquer entièrement une nation) ou conquête des capitales. Ce choix effectué, on arrive enfin à l'écran de jeu tant attendu et la partie peut dès lors commencer ! A noter tout de même que Microïds a inclus un didacticiel à son titre. Un didacticiel pas très agréable à suivre, mais qui a le mérite d'expliquer très clairement les commandes.
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Une réalisation moyenne qui gâche les bonnes idées

   Quelques secondes de chargement et... Le monde apparaît sous nos yeux ébahis. Enfin ébahis pas tant que ça, la réalisation graphique n'étant assurément pas le point fort du jeu. Il faut dire que les développeurs ne se sont pas limités à la représentation simpliste de quelques coins du monde ou d'une bête planisphère. Non, ils ont tout bonnement modélisé près des deux tiers de la planète, rien que ça ! Il est possible de faire défiler la carte du monde sur d'énormes distances et ainsi se rendre de New York à Madagascar ! Alors forcément devant un tel exploit, on ne pouvait s'attendre à la réalisation graphique d'un Age Of Mythology... On ne peut pas non plus tout avoir !

Le jeu démarre sur une vue de votre capitale. Les villes sont représentées par une cité fortifiée dont la taille définie l'importance et, évidemment, le potentiel sur trois niveaux : petite, moyenne ou grande. Selon la nation et l'époque choisie vous aurez sous votre contrôle plus ou moins de villes qui définissent votre puissance à l'aide de deux critères essentiels : les hommes mobilisables et l'or en réserve. En plus de représenter la puissance d'une nation, les villes en représentent également le territoire. C'est ainsi que la France est constituée d'une bonne vingtaine de villes alors que pour conquérir son voisin la Suisse il suffira de prendre Genève et Zurich.

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Choix du scénario, vue de votre capitale et premières échauffourées

Pour remplir les objectifs du scénario, il faudra évidemment passer par le champs de batailles, mais et malgré son statut de jeu de stratégie, War And Peace en propose davantage aux joueurs. Pour mettre au point une armée digne de ce nom et pour éviter d'avoir tout le monde sur le dos, il faudra en effet gérer deux éléments capitaux : l'économie de votre pays et ses relations extérieures. L'économie se base, comme nous l'avons déjà dit, sur les villes. Celles-ci servent à produire les ressources, à améliorer les sciences et à lever des armées. Il faudra pour ce faire construire différents bâtiments à l'intérieur de ces cités fortifiées. Selon la taille de la ville on dispose de deux à cinq emplacements constructibles et il faudra donc trouver le juste équilibre... Sans oublier les indispensables défenses !


Des mécanismes accrocheurs quoique un peu simplistes

   Il est possible de construire différents types de bâtiments qui, bien sûr, ont tous une fonction particulière. Les fortifications servent évidemment à protéger votre ville, les fermes augmentent la population mobilisable alors que les casernes, les arsenaux maritimes et les académies militaires permettent de recruter les troupes. Les industries et les comptoirs produisent de l'or, enfin, les universités engrangent les points de science qui permettent ensuite l'achat de nouveautés technologiques.
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En plus d'être limité par les emplacements de vos villes, il faudra faire avec les limitations financières. Lever une armée coûte très cher, de même qu'une politique de conquête. Il faudra donc éviter de trop se disperser et si possible trouver davantage d'alliés que le véritable Napoléon n'a su le faire. La partie diplomatique est à ce propos relativement décevante. Tout se fait sur un écran spécial qui représente la carte du monde et à partir de laquelle nous avons une vue précise des empires en présence. Hélas, les actions sont très limitées et les messages que l'on peut envoyer ne sont pas très élaborés : création / annulation d'une alliance, échange d'hommes, d'or ou de science, déclaration de guerre et proposition de paix. Il y a bien la possibilité de faire des menaces mais cela ne va pas loin et les traités de paix ne s'accompagnent, chose surprenante, que de contreparties financières alors qu'à l'époque les échanges, plus ou moins forcés, de territoires étaient monnaie courante.

On regrettera également que l'aspect économico-scientifique soit aussi limité. Les sciences se résument à la construction d'universités génératrices de points de science que l'on peut ensuite échanger avec d'autres nations ou bien dépenser dans des améliorations militaires (puissance des unités) et administratives (production des fermes et industries). L'aspect économique est lui aussi très sommaire dans la mesure où il n'y a ni possibilité de blocus commerciaux, ni échanges de produits rares. On aurait aimé que les développeurs s'inspirent ici d'un excellent titre comme Europa Universalis afin que le jeu trouve cette profondeur qui lui manque par moments.

Beaucoup (trop ?) de choses à faire !

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   Par moments seulement car malgré ces aspects un peu trop en retrait, ce n'est pas l'activité qui manque dans War And Peace. Pour peu qu'il choisisse une nation très étendue (la France, la Russie ou l'Angleterre par exemple), le joueur devra avoir les yeux partout à la fois. Il faudra qu'il se préoccupe des constructions aux quatre coins de son empire, qu'il fasse attention aux incursions adversaires, qu'il gère la diplomatie et accessoirement qu'il mette au point armées et plans d'invasion ! Sachant que les combats sont gérés à la manière d'un jeu de stratégie temps réel relativement classique, il n'y a vraiment pas le temps de s'ennuyer et on comprend tout de suite mieux pourquoi les aspects précédemment cités sont si peu développés !

Même si nous n'en avons pas encore beaucoup parlé, les combats constituent la finalité du jeu. Tout ce qui a été dit depuis le début de l'article n'a pour seul et unique but que de constituer une armée capable de défaire les troupes adverses pour accomplir les objectifs fixés en début de partie. Les troupes sont divisées en quatre grandes catégories et pour chacune d'elles il existe trois types de soldats : l'infanterie qui constitue le gros des troupes (Note d'Obélix : qui est gros ?), la cavalerie qui mise sur sa rapidité d'intervention, l'artillerie indispensable pour les sièges et enfin la marine capable de transporter le reste des troupes sur les différents continents est aussi très utile pour faire tomber certaines places fortes (Note d'Obélix : je connais autre chose qui va tomber si ça continue !).

Une fois que vous avez trouvé un ennemi à votre portée il convient de lui déclarer la guerre en bon gentleman que vous êtes. Vous n'aurez toutefois à vous acquitter de cette formalité que face à une des grandes nations. Les mineures peuvent, en effet, être envahies sans avoir à passer par la diplomatie. Les combats se déroulent assez simplement même si le graphisme parfois trop minimaliste rend les choses un peu confuses. Les différentes unités produites peuvent être sélectionnées une à une ou bien en groupe. Des formations (ligne, carré, colonne...) peuvent être établies pour plus d'efficacité et il faudra surtout bien gérer les différents types d'unités pour vous en sortir. On notera d'ailleurs que l'intelligence artificielle n'est pas mauvaise du tout... A moins que je ne sois une vraie tanche !


Une ergonomie proche de la Bérézina !

   Souvenez-vous ces merveilleux cours d'histoire au cours desquels vous avez, entre autres, appris la sotte déconvenue (NDLR : euphémisme quand tu nous tiens !) de la Grande Armée du sieur Napoléon Ier. Alors que l'Empereur des Français voulait simplement voir si les prairies Russes étaient aussi jolies qu'on le disait, il s'est cassé le nez sur une Moscou en flammes et a dû plier bagages plus rapidement que prévu. Résultat :un passage catastrophique de la rivière Bérézina au cours d'un hiver particulièrement rigoureux !

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Petite, moyenne ou grande : les trois taille de villes possibles.

C'est avec une certaine méchanceté que je compare l'ergonomie générale de War And Peace à cette talentueuse Campagne de Russie et, comme le veut l'expression populaire, plus particulièrement au passage de la Bérézina. Il faut toutefois reconnaître qu'avec l'incroyable richesse du jeu, il paraissait très délicat de parvenir à l'ergonomie parfaite. En fait, le problème est qu'on en est tout de même très loin et que les joueurs les moins patients seront tout simplement découragés. Prenons directement, avec le globe terrestre qui figure dans le coin inférieur droit de l'écran, l'exemple le plus caractéristique. C'est bien simple cette "mini-carte" ne sert à rien du tout ! Dotée d'aucune information, imprécise et finalement peu pratique, on lui aurait sans doute préférée une mini-planisphère proche de la carte générale présente sur l'écran de diplomatie.

La réalisation graphique n'est pas particulièrement réussie, mais les paysages sont plutôt jolis et les minuscules unités plutôt mignonnes. Hélas, cela nuit encore à l'ergonomie du jeu car lors des combats, il devient parfois très difficile de s'y retrouver. C'est encore plus vrai lorsque le terrain est parsemé de forêts ! On regrettera également que cette liste des villes présente dans le coin supérieur droit ne soit pas plus longue. Il n'est pas rare de posséder plus de trente villes et faire défiler cette liste, même avec la roulette de la souris, n'est pas très pratique.

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Ces défauts d'ergonomie auront tendance à miner le moral de certains joueurs et comme nous l'avons dit, les moins patients déclareront forfait dès les premières heures. Il faut pourtant reconnaître que passé ce cap, War And Peace offre un défi plutôt original. On doit être au four et moulin et comme certaines phases sont un peu trop lente, on abuse souvent de l'accélération du temps qui accroît encore le stress en faisant arriver les événements beaucoup plus soudainement. War And Peace se révèle donc assez prenant mais il ne sera pas donné à tous d'en profiter pour une seconde raison majeure : la configuration recommandée. Malgré sa réalisation technique en-deçà des standards actuels, War And Peace nécessite un processeur à 1 GHz et 256 Mo de mémoire pour tourner correctement. Quelques petites saccades se feront encore sentir mais l'ensemble sera jouable. Il faudra également compter avec une carte graphique dotée de 32 Mo de mémoire !


Conclusion

   War And Peace laisse au joueur un sentiment mitigé qu'une phrase tirée d'une chanson de Jacques Brel résume très bien : "Ce ne fut pas Waterloo, non, mais ce ne fut pas Arcole". En effet, le jeu de Microïds pêche sur de nombreux points tout en procurant un plaisir de jeu indéniable. Il est presque certain que le projet de base aurait donné un titre plus intéressant, plus riche et plus abouti mais il faut se contenter de ce que l'on nous donne et prendre War And Peace avec ses défauts.

Le jeu dispose donc d'un réel potentiel, hélas plus ou moins gâché par une ergonomie très discutable et un moteur graphique relativement peu approprié. On regrette également le manque de profondeur des aspects extra-guerriers que sont la diplomatie ou l'économie. D'un autre côté, l'ensemble se prend plutôt bien en main et dispose d'un système de jeu très accrocheur. Le gigantisme des enjeux intrigue puis passionne pourvu que le joueur parvienne à passer outre les défauts précédemment cités.

War And Peace est donc un jeu à réserver aux amateurs de stratégie bien sûr mais surtout au joueurs les plus curieux, ceux qui sont intéressés par tout ce qui sort des sentiers battus. Enfin, il ne faut pas avoir peur de s'investir pour goûter les plaisirs proposés par War And Peace.


War And Peace

4

Les plus

  • Principe intéressant
  • Jeu accrocheur
  • Intelligence artificielle efficace

Les moins

  • Réalisation limitée
  • Ergonomie délicate
  • Ensemble pas assez fouillé
  • Pas de multijoueurs

Note globale6

Réalisation5

Prise en main8

Durée de vie7

Nerces

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Tombé dans le jeu vidéo à une époque où il fallait une belle imagination pour voir ici un match de foot, là un combat de tanks dans ces quelques barres représentées à l'écran, j'ai suivi toutes les évolutions depuis quarante ans. Fidèle du PC, mais adepte de tous les genres, je n'ai du mal qu'avec les JRPG. Sinon, de la stratégie tour par tour la plus aride au FPS le plus spectaculaire en passant par les simulations sportives ou les jeux musicaux, je me fais à tout... avec une préférence pour la gestion et les jeux combinant plusieurs styles. Mon panthéon du jeu vidéo se composerait de trois séries : Elite, Civilization et Max Payne.

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