À l'occasion des 40 ans de Windows, je vous propose de revenir sur les versions ratées, au pire, ou mal-aimées, au mieux, du système de Microsoft. Car derrière les success stories de Windows 95, NT, XP ou, encore, 10, le géant de Redmond s'est fourvoyé plusieurs fois entre lancements bogués, ambitions technologiques démesurées ou, encore, volonté d'imposer sa vision au détriment des utilisateurs. Bienvenue dans la petite boutique des horreurs.

Quand la rédaction de Clubic s'est réunie pour réfléchir aux sujets autour des 40 ans de Windows, j'ai aussitôt proposé celui-ci. Je n'avais pas pu l'écrire pour les 50 ans de Microsoft : il fallait bien que je me rattrape. Je précise d'entrée que je suis un inconditionnel de Windows. Pas de Windows 3.1 ou 95, non : de Windows NT. Le jour où j'ai découvert ce système quasi incassable et réellement multitâche (à une époque où les OS grand public étaient à peu près aussi fiables qu'une voiture italienne des années 70 en plein hiver), ma vie informatique a basculé. Windows NT 3.51, NT 4.0, puis Windows 2000 et XP restent mes chouchous. Ils ont préfiguré les systèmes que nous utilisons aujourd'hui, mais sans tous ces services et limitations qui les alourdissent et les font parfois yoyoter.

Bref, j'aime Windows. Mais je ne les aime pas tous. Voici donc mon top 5 des versions les moins réussies - qui a dit boguées ? - du système de Microsoft.

Le bureau de Windows 7 Starter edition Service Pack 1. On est en février 2011. ©Internet Archive x shermanzuki x Microsoft
Le bureau de Windows 7 Starter edition Service Pack 1. On est en février 2011. ©Internet Archive x shermanzuki x Microsoft

5# Windows 7 Starter (2009) : l'OS qui te rappelle que tu n'as pas payé assez cher

Windows 7 Starter, c'est la version qui rappelait brutalement qu'un netbook pas cher avait forcément un prix caché. Pas d'interface Aero (avec les effets de transparence), un fond d'écran figé, des applis 32 bits seulement et, à l’origine, un projet de limitation à trois applications ouvertes simultanément (abandonné avant la sortie commerciale après un vilain bad buzz) : tout donnait l'impression d'un Windows au rabais, pensé plus pour rassurer les constructeurs que pour respecter l'utilisateur. Résultat : une frustration permanente pour l'utilisateur et le sentiment d'avoir été puni par Microsoft pour avoir choisi un PC petit budget.

L'interface de Windows Vista. ©Clubic
L'interface de Windows Vista. ©Clubic

4# Windows Vista (2007) : le système sorti un peu trop tôt

Lancé début 2007 pour succéder au mythique Windows XP, Windows Vista arrive avec un discours de rupture : nouvelle interface toute en transparence, promesse de sécurité renforcée, expérience enfin moderne... Et puis, très vite, c'est la douche froide : machines à genoux, pilotes introuvables, logiciels qui refusent de se lancer, compatibilité aléatoire, fenêtres de sécurité qui surgissent sans cesse (le fameux User Account Control). Vista n'était pas fondamentalement un mauvais système, mais il demandait trop, trop tôt, à trop de monde. L'image de Microsoft en est sortie écornée, au point de précipiter un successeur bien plus consensuel : Windows 7.

3# Windows Millennium : le bogue de l'an 2000, c'est lui

Présenté en 2000 comme le successeur grand public de Windows 98, Windows Millennium Edition devait clore en beauté l'ère Windows 9x et permettre la transition vers le noyau NT 100% 32 bits. Dans les faits, beaucoup se rappellent surtout de ses plantages à répétition, redémarrages forcés et écrans figés au pire moment. La promesse de modernité est pourtant là : nouvelles versions de Windows Media Player, d'Internet Explorer, arrivée de Windows Movie Maker, intégration de nouveaux protocoles réseau et d'API tournées vers le multimédia. Mais entre l'instabilité chronique (l'héritage du 16 bits/DOS du noyau 9x a du mal à cohabiter avec du full 32 bits) et l'impression de système bâclé, Windows Me - aussi surnommé Mistake Edition par nos confrères anglo-saxons - restera surtout comme une parenthèse gênante de l'histoire de Microsoft, que l'on revisite aujourd'hui avec un brin de curiosité amusée et qui fait toujours l'objet de moqueries 25 ans après son lancement.

L'interface Metro, pardon Modern UI de Windows RT, sur une tablette Microsoft Surface. ©Clubic

2# Windows RT (2012) : n'est pas Steve Jobs qui veut

Quand Microsoft dégaine Windows RT aux côtés de Windows 8, l'idée semble logique : un Windows taillé pour les processeurs ARM et les tablettes, à commencer par la toute première Surface. Sur le papier, c'est l'iPad qui est dans le viseur. En pratique, c'est surtout la (grosse) frustration qui domine : impossible de lancer les classiques applications x86, un Windows Store famélique, une compatibilité réduite à peau de chagrin, un environnement verrouillé et une communication confuse autour de ce vrai-faux Windows. Résultat : une plateforme vite abandonnée, des utilisateurs perdus… et une leçon cruelle pour Microsoft sur l'art de copier l'iPad sans en maîtriser la recette.

Incapable d'exécuter les applications x86 et donc, les programmes Windows habituels, Windows RT a en plus été accompagné d'une tablette manquant de fonctions innovantes et aux performances limitées. Windows RT disparaît progressivement des radars jusqu'en 2018, année de la fin de son support standard. À noter que l'incapacité de l'entreprise à vraiment différencier Windows RT de Windows 8 a aussi affecté ce Windows au nom… plus que quelconque.

L'interface de Windows 8 sur un ordinateur de l'époque. ©Clubic

1# Windows 8/8.1 (2012) : la (grosse) tuile dans l'interface

Quand Windows 8 débarque en 2012, c'est la douche froide. Je me rappelle encore de ma tronche et celle de mon collègue de Micro Hebdo quand on a découvert dans les locaux de Microsoft le nouveau bébé dont le géant était si fier. Le grand écart assumé à 200% par Redmond ! Cela devait être l'avenir de l'informatique : un écran d'accueil couvert de tuiles colorées et dynamiques, une interface Metro pensée avant tout pour le tactile (nom qu'il a pourtant fallu bannir à la dernière minute après un sombre litige avec une marque éponyme inconnue)… et un bureau relégué au second plan. Pour Microsoft, l'objectif était clair : unifier PC, tablettes et Windows Phone autour du même langage visuel. Pour des millions d'utilisateurs, c'était surtout la disparition du bouton Démarrer et de tous les réflexes acquis depuis des années. De quoi désorienter même les plus aguerris.

Avouez, le menu Démarrer de Windows 8.1 change tout !? Nan, pas vraiment... ©Clubic

Souris, clavier, gestes sur les bords de l'écran, Charms Bar : l'ergonomie donne l'impression d'un système conçu pour les tablettes qui impose ses codes aux PC traditionnels. Les critiques s'enchaînent, l'adoption patine. Windows 8.1 tente bien de corriger le tir : retour symbolique du bouton Démarrer, démarrage direct sur le bureau, multitâche amélioré, personnalisation plus fine. Mais la rupture est consommée. Entre une vision séduisante sur le papier et une réalité souvent pénible au quotidien, Windows 8 et 8.1 restent l'exemple parfait d'une révolution d'interface menée trop vite, trop fort… et sans écouter ses utilisateurs ni les experts du secteur.

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Résultat : Microsoft s'est pris un sacré mur - on en voit encore les traces aujourd'hui, mais qui a finalement débouché sur l'excellent Windows 10, un OS auquel les utilisateurs restent farouchement attachés (41,74% de parts de marché Windows en octobre 2025 alors que le système est en fin de support et que Microsoft fait tout pour promouvoir Windows 11). Et puis il y a eu le départ d'un certain Steve Ballmer, preuve éclatante qu'on peut être un commercial brillant… sans pour autant être le digne successeur de Bill Gates.

Steve Ballmer faisant la promotion de Windows 8 en juillet 2013, un an avant de quitter son poste de PDG de Microsoft. ©Oleg Anisimov x Shutterstock

Ces autres Windows dont j'aurais pu vous parler

Dans mon bestiaire de geek, j'aurais aussi pu m'attarder sur Windows 10/11 S, ces versions sécurisées et verrouillées qui obligent de passer par le Microsoft Store pour installer le moindre logiciel et qui transforment le PC en quasi-Chromebook, au grand désespoir de ceux qui aiment bidouiller. Sur Windows 11, aussi, ce système du futur qui oublie le passé, avec ses exigences matérielles (TPM 2.0, processeurs compatibles, etc.) qui abandonnent des millions de machines encore vaillantes sur le bord de l'autoroute de l'information.

Smart Display OS ne parlera pas aux plus jeunes d'entre-vous. ©Rixs (talk) x Wikipedia

Et puis il y a eu Microsoft Mira (aka Smart Display), ces écrans tactiles intelligents dopés à coup de Windows CE censés promener Windows XP partout dans la maison… mais incapables de vivre sans le PC du salon, et oubliés presque aussi vite qu'ils ont été annoncés. Mais bordel, où c'est qu'j'ai mis mon stylet ?

Sans oublier Windows Phone, magnifique rendez-vous manqué, Windows XP Media Center Edition et son rêve de PC de salon en avance sur son temps, ou encore les fameuses éditions N pour l'Europe, versions "allégées" que presque personne n'a vraiment adoptées…

Quarante ans plus tard, Windows continue de copier, corriger, innover, casser… puis de recommencer ce cycle. À chaque itération, Microsoft a appris, parfois dans la douleur, qu'on ne bouleverse pas les habitudes de la planète Windows du jour au lendemain, même avec les meilleures intentions du monde. Et si le prochain OS à détester, ce n'était d'ailleurs pas un certain… Windows 12 ?

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