Alors que la connectivité entre les appareils Apple se fluidifie année après année, une fonctionnalité majeure introduite par macOS Sequoia reste curieusement absente du marché européen. Cette absence, loin d'être un oubli technique, met en lumière les tensions persistantes entre le géant de Cupertino et la réglementation européenne, notamment le DMA.

- Apple n'a pas déployé la fonction "iPhone Mirroring" en Europe, malgré son succès ailleurs, frustrant les utilisateurs.
- Le Digital Markets Act de l'UE pousse Apple à éviter l'intégration pour éviter des exigences d'interopérabilité contraignantes.
- Apple craint que l'UE ne force l'ouverture de macOS, compromettant sécurité et intégrité de ses produits.
L'Europe se voit une nouvelle fois privée d'une intégration logicielle macOS-iPhone, posant la question des véritables motivations derrière cette restriction et des implications de la législation sur l'innovation technologique. Le « bridage » de l'expérience utilisateur par des considérations réglementaires devient un sujet central pour les passionnés de technologie.
Une intégration manquée pour les utilisateurs européens
Introduite avec macOS Sequoia, la fonctionnalité « iPhone Mirroring » permet aux utilisateurs de projeter et de contrôler leur iPhone directement depuis leur Mac, offrant une intégration transparente entre les deux appareils. Grâce à cette innovation, il est possible d'accéder aux applications de l'iPhone, de consulter les notifications et d'interagir avec le smartphone via la souris et le clavier du Mac, le tout sans fil. Cette capacité promet une productivité accrue et une expérience utilisateur unifiée.
Pourtant, malgré son déploiement dans la plupart des marchés mondiaux, « iPhone Mirroring » demeure inaccessible au sein de l'Union européenne. Même la mise à jour iOS 18.4, qui a apporté certaines évolutions comme l'accès à Apple Intelligence dans la région, n'a pas inclus cette fonctionnalité tant attendue. Cette situation alimente les discussions et la frustration des utilisateurs européens qui voient d'autres régions bénéficier pleinement des avancées du système écosystème Apple.

Cette restriction ne se limite d'ailleurs pas à « iPhone Mirroring ». D'autres fonctions comme SharePlay Screen Sharing ou encore les futures Live Activities for iPhone, prévues pour macOS 26 Tahoe, sont également écartées du marché européen pour des raisons similaires. La persistance de ces exclusions souligne une problématique plus large et récurrente dans les relations entre Apple et l'UE, impactant directement les innovations logicielles pour les utilisateurs du continent.
09 juin 2025 à 22h16
Le Digital Markets Act au cœur des préoccupations d'Apple
La raison principale de cette exception européenne réside dans l'incertitude réglementaire engendrée par le Digital Markets Act (DMA) de l'Union européenne. Entré en vigueur en novembre 2022, le DMA vise à réguler les grandes entreprises technologiques, désignées comme « contrôleurs d'accès » ou « gatekeepers », pour lutter contre les pratiques anti-concurrentielles. Apple craint que l'introduction de « iPhone Mirroring » dans l'UE ne force les régulateurs à exiger la prise en charge de la mise en miroir des appareils Android sur Mac, ou même sur Windows.
Apple estime que la conformité avec les exigences d'« interopérabilité » du DMA pourrait compromettre l'intégrité et la sécurité de ses produits, tout en augmentant de manière significative le fardeau de développement. L'entreprise redoute également que le déploiement de « iPhone Mirroring » sur Mac ne conduise la Commission européenne à classer macOS comme une plateforme « contrôleur d'accès », au même titre qu'iOS ou iPadOS. Une telle désignation soumettrait macOS à des règles encore plus strictes, notamment en matière d'ouverture et d'interopérabilité avec des systèmes tiers.
Les dispositions du DMA relatives à l'« interopérabilité » et à l'« équité dans l'écosystème » sont particulièrement pertinentes ici. L'« écosystème » fermé d'Apple est souvent perçu comme restrictif par l'UE. La firme de Cupertino maintient que les régulateurs européens manquent de compréhension technique approfondie des défis liés à l'intégration multiplateforme, et que leurs exigences pourraient entraîner des changements politiques imprévisibles, présentant des risques commerciaux substantiels.
Source : Mac Rumors