Désormais presque seul maître à bord du navire des smartphones gaming, Asus en profite pour remettre un coup de peinture fraîche sur son vaisseau amiral. Et il s'agit du ROG Phone 8.
1199€
- Un nouveau design réussi et une perte de poids bienvenue
- Des photos agréables à l'œil (au grand-angle)
- Le smartphone le plus puissant qui existe
- Écran hyper lumineux et réactif
- On espérait une meilleure autonomie
- Bloc d'appareils photo gênant à l'horizontale
- Seulement 2 mises à jour Android garanties
- Les photos avec les autres capteurs et les limites en vidéo
En direct du CES de Las Vegas, et un an après un ROG Phone 7 Ultimate qui su faire mouche dans nos colonnes, le géant taïwanais revient aux affaires. Et il n'a pas chômé.
Cette sixième génération de téléphones haut de gamme dédiés aux jeux vidéo ne représente rien de moins qu'une révolution pour le fabricant. Grâce à un nouveau design d'abord, mais aussi par une prise au sérieux très attendue du domaine de la photographie. Pari réussi ? Passons au test.
Test réalisé sur un ROG Phone 8 Pro Edition (24 Go +1 To) prêté par le constructeur.
Asus ROG Phone 8 Pro : la fiche technique
Fiche technique Asus ROG Phone 8 Pro
Résumé
Caractéristiques techniques
Affichage
Mémoire
Performance
Batterie
Appareil Photo
Réseau
Connectivité
Equipement
Caractéristiques physiques
Dans la boîte du Asus ROG Phone 8 Pro
Toujours aussi hors du commun, le packaging du ROG Phone 8 est le genre d'objet que l'on conserve et que l'on expose. Enfin, pas nous, mais on est sûr que certains le font. Dans cette grande boîte, on trouvera non seulement le smartphone, mais aussi un chargeur USB-C d'une puissance de 65W et, dans notre cas, le ventilateur externe AeroCooler X. Celui-ci ne sera fourni qu'avec le ROG Phone 8 Pro Edition (le seul modèle équipé de 24 Go de RAM et 1 To de stockage). On peut aussi l'acquérir séparément pour 79,99 €.
Design : un smartphone plus léger et plus conventionnel
La cuvée 2024 d'Asus porte un nom, ou plutôt une idée. « Beyond gaming », promet le fabricant dans sa communication. Le gaming, mais pas que, en somme. Et cette ouverture commence par le design qui, soyons francs, n'a pas toujours séduit les foules par le passé.
Sans viser le minimalisme, Asus s'inspire ici des tendances actuelles. Tranches presque plates, RGB réduit à sa plus simple expression, bordures de l'écran amincies… et bloc d'appareils photo volumineux. À ce titre, on regrette que l'un de nos doigts repose systématiquement dessus lorsqu'on utilise le smartphone à l'horizontale.
Le ROG Phone 8 Pro est aussi présenté dans un unique coloris noir (le modèle classique se décline aussi en gris — fun !) mat, très doux au toucher. Outre sa robe, le ROG Phone 8 est affublé du logo de la marque, lequel peut s'éclairer en RGB. Sur les modèles Pro et Pro Edition, c'est un « second écran » qui trouve sa place au dos. Baptisé AniMe Vision, cette petite matrice MiniLED peut afficher des icônes contextuelles en fonction de l'appli en cours d'utilisation. Un gadget, avec lequel on ne s'amusera hélas pas plus de quelques minutes au déballage.
Les ROG Phone 8 conservent tous le second port USB-C, sur la tranche gauche, permettant de le recharger plus confortablement lorsqu'on le tient à l'horizontale, pendant qu'on joue. La prise jack reste également de la partie — une rareté sur un mobile haut de gamme. On retrouve aussi avec grand plaisir les gâchettes tactiles AirTriggers, toujours aussi pratiques en jeu.
Pour finir, deux détails des plus importants : les ROG Phone 8 sont les premiers smartphones gaming au monde à être certifiés IP68, et donc résistants (dans une certaine mesure) à une immersion dans l'eau douce. Enfin, la diode de notifications fait son grand retour ! Enfin, presque. Il est maintenant possible de tirer parti de l'écran LTPO pour qu'une petite pastille reste affichée en permanence lorsqu'une notification est en attente. Ce n'est pas tout à fait la LED d'antan, mais ça fait le job.
Écran : une dalle hyper lumineuse et réactive
Non content d'avoir pour ainsi dire poussé les murs pour offrir la plus grande surface d'affichage de l'histoire de la gamme, Asus adopte aussi la dalle la plus lumineuse à son actif. D'après les dires du fabricant, on plafonne cette année à 2500 nits, contre 1000 sur le 7 Ultimate. Il est vrai que nous n'avons jamais rencontré le moindre problème de lisibilité en extérieur.
Par défaut, l'écran navigue entre une fréquence de 1 à 120 Hz selon les contenus affichés à l'écran. Les plus forcenés (et inconscients de l'autonomie de leur téléphone) pourront même opter, comme l'an dernier, pour la fréquence de 165 Hz. Une fluidité à l'œil, qui se conjugue à une réactivité hors pair sous le doigt grâce à un échantillonnage tactile de 720 Hz. En gros, les mouvements sont analysés 720 fois par seconde. À titre de comparaison, l'écran du Asus Zenfone 10 ne dépasse pas les 240 Hz.
On regrette néanmoins une balance des blancs (réglable) par défaut un peu trop froide à notre goût. Du reste, les couleurs sont bien retranscrites et font honneur à tous les contenus qu'on peut y afficher.
Performances : les premiers pas de la Snapdragon 8 Gen 3
Le ROG Phone 8 Pro est le premier smartphone équipé d'un Snapdragon 8 Gen 3, la toute dernière puce de Qualcomm, qui passe entre nos mains en 2024. Nul doute qu'il y en aura bien d'autres, mais que retenir de ce banc d'essai ?
C'est simple : d'après nos benchmarks habituels, le ROG Phone 8 double presque les résultats de son prédécesseur, et atteint presque les 2,2 millions de points sur AnTuTu. Il est aussi le tout premier à passer la barre des 2000 points en single-core sur Geekbench et les 7100 en multi-core. In-tes-table. Précisons néanmoins que Asus nous a fourni le nec plus ultra, à savoir le ROG Phone 8 Edition et ses 24 Go de RAM.
Le smartphone nous a néanmoins fait une petite frayeur en matière de dissipation de chaleur. Fortement éprouvé par plusieurs passages sur 3D Mark en mode stress test, notre exemplaire était tout simplement brûlant. Au point qu'on ne pouvait plus le prendre en main. Après quelques minutes, le mercure affichait encore 60 °C.
Par chance, nous n'avons pas été en mesure de répliquer cette hausse du mercure en usage classique. Même après 30 minutes de jeu sur Genshin Impact à 60 images par seconde (que le smartphone tient, même en qualité max), nous n'avons pas été incommodés. Fausse alerte donc.
Pour le reste, que voulez-vous qu'on ajoute ? Le Snapdragon 8 Gen 3 s'avance sans grande surprise comme le SoC le plus performant du marché pour Android. Même si les capacités IA vantées en grande pompe par la marque sont beaucoup plus imperceptibles qu'on pouvait l'attendre. Eh oui, la plupart des atouts du NPU ne sont pas visibles du public et permettent simplement d'améliorer la vitesse de traitement des tâches de tous les jours. Du moins, la plupart du temps — on y reviendra.
Interface : des fonctionnalités gaming inédites
Asus peaufine une nouvelle fois sa surcouche ROG disposant d'un véritable tableau de contrôle pour paramétrer presque tous les aspects de son téléphone. Grâce à Armoury Crate, on paramètre non seulement les profils de performances du smartphone, mais aussi l'affichage AniMe et les nombreux raccourcis que l'on peut attribuer aux touches en jeu (gâchettes AirTriggers, mais aussi raccourcis gestuels innovants).
Mais l'overlay de jeu s'enrichit cette année de quelques fonctionnalités « IA ». La plus importante est sans conteste X Sense qui, sur certains jeux, va pratiquement agir comme un Action Replay des temps anciens. Compatible sur une poignée de titres seulement (dont Genshin Impact), il va permettre d'activer la collecte automatique des objets si l'on s'en approche, mais aussi d'accélérer les dialogues. Littéralement un game changer pour les joueurs et joueuses acharnées.
Passées ces particularités logicielles que l'on ne croise chez aucun autre fabricant, le ROG Phone 8 est somme toute un smartphone tout à fait classique. Il tourne en sortie de boîte avec Android 14, mais Asus ne promet que deux ans de mises à niveau logicielles. « Au minimum ! », tente-t-on de nous rassurer, et d'ajouter que les patchs de sécurité seront assurés pendant au moins quatre ans.
Le ventilateur externe Aero Active Cooler X
Nouveau design également pour l’accessoire phare des ROG Phone 8. Livré avec le ROG Phone 8 Pro Edition, ou disponible séparément pour 79,99 €, ce ventilateur externe vient se greffer à la prise USB-C secondaire (celle sur la tranche gauche) et vient améliorer davantage la dissipation thermique du smartphone, notamment grâce à du boron nitride.
Plus compact, le Aero Active Cooler X offre pourtant un ventilateur 10 % plus rapide et une plus grande surface de dissipation (36 x 38 mm). Pratique, on y trouve également un trépied permettant de poser son smartphone sur une surface (pour jouer avec une manette par exemple), et deux gâchettes additionnelles pour paramétrer les raccourcis de son choix. Dommage que le confort ne soit pas au rendez-vous. Nos doigts ont du mal à trouver les épaules du ventilateur, et l'ensemble tient globalement mal en main — ajoutant par ailleurs un poids non négligeable. Comme son nom l'indique : un accessoire, donc largement dispensable pour le quidam.
Audio : toujours un excellent son
Même si le design du ROG Phone 8 a été revu, les haut-parleurs du smartphone ont toujours autant d'espace pour s'exprimer. On reste bien entendu sur de petits transducteurs qui ne retranscrivent pas toujours justement les détails de nos morceaux favoris, mais on reste sincèrement impressionnés par la puissance développée par ces petits conduits. Les basses, notamment, sont présentes et très agréables.
Toujours accompagné par l'expert du son DIRAC, Asus offre à son ROG Phone 8 une prise jack salvatrice pour profiter de l'audio haute définition en 32-bit/384 Hz que prend en charge le chipset du téléphone. Enfin, le Bluetooth 5.3 est de la partie pour celles et ceux qui préfèrent l'audiophilie sans-fil.
Photographie : enfin du nouveau !
Les ROG Phone n'ont jamais été de très grands photophones. À ce petit jeu, les Zenfone ont toujours eu un petit train d'avance, qu'Asus s'empresse ici de combler. En effet, les ROG Phone 8 s'approprient ni plus ni moins que la configuration photo du Zenfone 10, et s'autorisent même l'ajout d'un téléobjectif bienvenu.
La configuration photo du Asus ROG Phone 8 :
- Grand-angle : 50 Mpx ; 1/1.56" ; ƒ/1.9 ; 24 mm ; stabilisation gimbal six-axes ;
- Ultra grand-angle : 13 Mpx ; ƒ/2.2 ;
- Téléobjectif : 32 Mpx ; zoom optique 3x ; ƒ/2.4 ; OIS ;
- Selfie : 32 Mpx ; matrice RGBW.
Grand-angle
Quel plaisir de retrouver enfin un capteur digne de ce nom au dos du ROG Phone 8 ! Même s'il pourrait bénéficier d'un objectif à l'ouverture plus large, le capteur 50 Mpx délivre des résultats à la hauteur de nos attentes. Le piqué est excellent et la gestion des dynamiques exemplaire.
Le traitement numérique appliqué par Asus renforce peut-être un peu trop le contraste et la clarté à notre goût. Cela crée par ailleurs une grande différence visuelle entre un cliché pris au grand-angle et ceux capturés avec les deux autres capteurs.
Ultra grand-angle
Comme toujours, l'ultrawide est l'enfant pauvre de la fratrie. Et encore, on exagère. Dans les faits, à part la différence de traitement numérique abordée plus haut, le ROG Phone 8 se défend bien dans les courtes focales. Fatalement, le piqué est concentré au centre de l'image et les angles manquent un peu de finesse, mais cela est un trait commun sur ce type d'objectifs.
On remarque vite la modestie du capteur dans les scénarios de forte dynamique (une lumière forte en contre-jour par exemple). Si les hautes lumières sont bien exposées, les ombres commencent vite à être marquées.
Téléobjectif
Nouveauté de cette année, le téléobjectif des ROG Phone 8 fait un bon travail pour varier les plaisirs. Mais il faut garder en tête que si la fiche technique affiche un joli « 32 mégapixels » le concernant, la résolution de sortie n'est que de 8 Mpx. Asus procède à un pixel binning lui permettant d'obtenir des clichés aux photosites de 1,4 µm.
Malin pour améliorer la captation de lumière, mais le fait est que les clichés demeurent un peu brouillon quand il y a beaucoup d'éléments à afficher. En matière de traitement numérique, ce module est aussi plutôt léger en termes de saturation, ce qui nuit légèrement à la continuité entre les trois objectifs.
Rien de dramatique en soi, à moins bien sûr de pousser le téléobjectif jusqu'à un zoom numérique 30x dont on vous laisse savourer les œuvres.
Photos de nuit
Le mode photo nocturne s'active automatiquement quand les capteurs commencent à peiner dans l'exposition. Sans grande surprise, c'est le module principal (le grand-angle) qui s'en sort le mieux avec des couleurs plus justes et un contraste bien préservé. Les ultra grand-angle et téléobjectifs souffrent naturellement des mêmes problèmes évoqués plus haut : piqué moins bon, et bruit apparaissant plus rapidement.
Portraits et selfies
Le téléobjectif rend aussi de fiers services en portrait, permettant d'obtenir un rendu plus professionnel (même si la résolution reste ce qu'elle est). Du reste, le mode portrait fait un travail correct pour le détourage des sujets et l'application d'un flou d'arrière-plan parcimonieux.
En selfie, le module avant laisse le choix entre deux focales. L'une, plus large que l'autre, est plus adaptée aux photos de groupe.
La qualité optique n'est pas extraordinaire, mais on reconnait un certain soin appliqué à bien représenter la carnation et ses nuances.
Vidéo
Le ROG Phone 8 est capable de filmer jusqu'en 8K à 24 images par seconde. Un mode qui fait la part belle aux images très détaillées, même s'il demande de faire l'impasse sur la stabilisation. Mieux vaut l'utiliser en plan fixe.
Petite déception pour un smartphone à 1 200 € : l'ultra-grand-angle peut filmer en 4K à 60 images par seconde. L'ultrawide supporte la 4K à 30 ips, mais le téléobjectif n'ira guère au-delà du 1080p à 60 images par seconde. Même le capteur selfies ne permet pas de 4K. En 2024, c'est un peu léger.
Autonomie : un smartphone assez gourmand
Par rapport aux précédentes éditions, les ROG Phone 8 opèrent une petite régression du côté de la batterie. On rétrograde de 6000 mAh à 5500 mAh sur cette édition. Et, force est de constater que cela se ressent au quotidien.
Même si vous savez que nous avons l'habitude d'éprouver particulièrement les smartphones que nous testons, nous attendons d'un ROG Phone de pouvoir tenir au moins deux jours sur batterie. A minima, un jour et demi. Ici, nous avons rarement dépassé la journée en cumulant vidéo, jeu vidéo et réseaux sociaux.
Le plus inquiétant, selon nous, est la consommation énergétique du smartphone en veille. Aller se coucher avec un téléphone sous les 10 %, c'est l'assurance de retrouver une brique sans vie le lendemain. Même en mode avion. Nul doute qu'Asus essaiera de lisser les aspérités à grand renfort de mises à jour dans les prochains mois, mais on reste un peu sur notre faim à ce chapitre.
Côté recharge, rien n'a changé en revanche. Le bloc 65W fourni permet de recharger pleinement le ROG Phone en 60 minutes chrono. En 30 minutes, on aura déjà regagné 63 %.
Toujours aussi appréciable : Asus propose aussi une option permettant de plafonner la recharge (on rappelle : une batterie durera plus longtemps si elle n'est jamais totalement vide et jamais totalement pleine). Bien entendu, faire cela réduira davantage l'autonomie du produit.
Asus ROG Phone 8 Series : prix, disponibilité et concurrence
Nous l'avons vu, il y a peu de grosses différences techniques entre les ROG Phone 8, ROG Phone 8 Pro et ROG Phone 8 Pro Edition. Leur prix, en revanche, varie beaucoup.
- Asus ROG Phone 8 : 1099,99 € (12+256 Go) ;
- Asus ROG Phone 8 Pro : 1199,99 € (16+512 Go) ;
- Asus ROG Phone 8 Pro Edition : 1499,99 € (24 Go + 1 To ; Aero Active Cooler X inclus).
À ce prix, et dans le domaine des smartphones gaming, Asus surnage clairement. D'autant plus en raison de sa qualité de premier à adopter la puce Snapdragon 8 Gen 3. Dans cette échelle de prix, on pense néanmoins aux iPhone 15 Pro et iPhone 15 Pro Max qui, même s'ils ne sont pas des smartphones gaming à proprement parler, sont capables de faire tourner des jeux à l'origine dédiés aux consoles…
Asus ROG Phone 8 Pro : l'avis de Clubic
Monsieur GSM et jeux vidéo du Clubic. J’aime autant croquer dans la pomme que trifouiller dans les circuits de l’Android. Grassement payé par les marques pour dire du bien de leurs produits.
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