Lenovo Yoga 3 Pro en test : les sacrifices de la finesse

Frédéric Cuvelier
Publié le 16 octobre 2014 à 17h22
Lenovo continue de décliner son Yoga avec une troisième version de son convertible. Presque un an après la sortie de son Yoga 2 Pro, le constructeur chinois nous revient donc avec un Yoga 3 Pro qui se distingue par une finesse accrue.

Lors de la sortie de son Yoga premier du nom, Lenovo a réalisé un joli coup. Sur le marché tout juste naissant des ultrabooks tactiles, son convertible faisait office de référence. Grâce à son innovante double-charnière, il offrait une expérience digitale (au sens propre du terme) digne de ce nom, là où tant d'autres modèles se contentaient d'ajouter une dalle tactile à des références existantes.

Depuis, le constructeur chinois améliore son produit par touches, en offrant dès le Yoga 2 Pro un écran QHD+, une finesse accrue et une cure d'amaigrissement. La formule est à peu près la même cette fois : l'épaisseur du Yoga 3 Pro diminue encore, tout comme le poids. Et c'est au tour de la charnière du Yoga de profiter d'un petit rafraichissement.

Ces petites modifications sont-elles les bienvenues ? La réponse dans ce test.


Sur le papier, un bien bel ultrabook

Le premier Yoga du nom nous avait franchement convaincus, et représentait à nos yeux l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur ultrabook tactile, à l'époque. Conséquence : nous attendions cette troisième mouture avec l'espoir de parvenir à un produit particulièrement abouti.

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Et la fiche technique de ce portable est en effet enthousiasmante : le poids est encore diminué par rapport au Yoga 2 Pro pour passer à moins de 1,2 kg (1,18 d'après notre balance), l'écran reste en QHD+, c'est à dire ce qui se fait de mieux à l'heure actuelle, la version « de base » du Yoga 3 Pro est doté d'un SSD de 256 Go, dispose de 8 Go de mémoire vive et profite d'un clavier rétroéclairé. Du tout bon.

Mieux : le Yoga 3 Pro est équipé d'un processeur Intel de toute dernière génération, un Core M, le 5Y70 pour être précis. Nous aurons l'occasion de revenir en détail sur ces nouveaux processeurs, mais sachez simplement que ces nouveaux CPU, les premiers à être gravés en 14 nm chez Intel, sont censés être plus économes en énergie et dégager moins de chaleur. Avec la promesse, théorique, d'avoir un Yoga 3 Pro dont l'autonomie atteigne les sommets, et qui se passe complètement de système de ventilation.

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Enfin, le constructeur chinois a axé son travail de recherche et développement sur la charnière de son Yoga. Désormais, 6 points d'attache rassemblant quelque 800 pièces en acier composent ce mécanisme.

Cette transformation permet à ce nouveau Yoga de pouvoir prendre une position véritablement plane, posture dans laquelle il affiche moins de 8 mm d'épaisseur. Lorsque l'écran est rabattu sur le clavier, le Yoga 3 Pro mesure 12,8 mm de haut, ce qui reste très peu.

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Cette nouvelle charnière offre également une rigidité supérieure à la précédente : on peut donner un angle précis à l'écran de ce Yoga 3 Pro sans souffrir de quelque jeu que ce soit.

Sur le papier, ce nouveau Yoga a donc de nombreux atouts pour séduire. Qu'en est-il en réalité ?

Le Yoga paie sa finesse très cher

En réalité, nous regrettons que Lenovo ait sacrifié certains éléments de son portable sur l'autel de la finesse. Commençons par l'ergonomie. Le clavier rétroéclairé de ce Yoga 3 Pro, s'il reste agréable à l'usage (malgré la faiblesse de la course des touches), perd toutefois une rangée. Une place dégagée pour faciliter l'intégration des composants, et donc améliorer la finesse du portable.

Sur le même principe, le touchpad voit ses dimensions drastiquement réduites. Sur le Yoga premier du nom, sa surface mesurait 107 mm de large par 70 mm de haut. Sur ce nouveau Yoga, on passe à 90 mm de large et 60 mm de haut. Une cure d'amaigrissement qui se ressent forcément au moment d'utiliser ce dispositif.

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Le Yoga 3 Pro souffre également de sa finesse du point de vue du refroidissement. Car contrairement à ce que nous attendions, le Core M présent en son sein n'est pas associé à un dispositif passif, mais bel et bien à un ventilateur. Problème : étant donné la compacité extrême du portable, ce dernier ne bénéficie que de très peu d'ouvertures. En résultent une montée rapide en température et une stagnation de la chaleur au sein de la machine.

Le problème est d'autant plus sérieux que le Core M qui prend place au sein du Yoga 3 Pro n'a jamais dépassé les 65°C durant nos tests, même après de longues minutes de torture sous divers outils. L'explication de cette température constante se trouve dans une diminution de fréquence, qui permet au CPU de ne pas passer outre ce seuil.

Le cocktail de température qui monte vite, de chaleur qui stagne et de processeur limité en termes de chauffe implique inévitablement un fonctionnement qui n'est pas optimal, le CPU n'étant pas utilisé au maximum de ses capacités.

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Ce phénomène est probablement amplifié par une caractéristique propre aux processeurs Core M. Pour réguler leur fréquence et contrôler leur température, ces CPU ne se fient plus uniquement aux sondes présentes dans la puce. D'autres sondes sont désormais placées autour du processeur et mesurent la capacité de dissipation du châssis du portable.

Le Yoga 3 Pro est composé de plastique autour du clavier, et d'un alliage du magnésium et de la fibre de verre. Les aptitudes d'un tel châssis en termes de conduction de chaleur est assez faible, par rapport à une coque unibody en aluminium, par exemple. Le choix de matériaux effectué par Lenovo n'arrange probablement pas les affaires de son Yoga 3 Pro...

Notez toutefois que ce portable est équipé d'un Core M steppping E0, un stepping abandonné depuis par Intel après seulement 3 semaines de commercialisation. Difficile toutefois d'imputer les problèmes rencontrés lors de notre test à ce stepping. Nous reviendrons sur ce point dès que nous aurons étudié plus en profondeur ces Core M.

Enfin, la finesse de ce portable lui empêche de contenir une batterie de grande capacité : alors que le Yoga premier du nom était équipé d'un modèle de 54,8 Wh, le Yoga 3 Pro ne dispose que de 43,3 Wh. Conséquence : alors que Lenovo annonce une autonomie de 9 heures, l'ultrabook de la marque n'a résisté que 4 heures et 40 minutes à notre test (lecture vidéo, audio, d'un fichier pdf, d'un document texte, compression d'un dossier et surf).

Et les griefs ne s'arrêtent pas là...

Les sacrifices quant à l'ergonomie et aux performances engendrés par la finesse de cet ultrabook ne sont malheureusement pas les seuls défauts que nous lui trouvons. La qualité de construction, qui faisait la force du Yoga premier du nom, semble en baisse. Peut-être un dommage collatéral de cette finesse à tout prix...

Toujours est-il que nous avons observé un déchaussement du châssis au niveau du port USB, sur la gauche de l'appareil, tandis que les éléments disposés entre les charnières en acier se sont tous mis à souffrir d'un jeu gênant, car il génère un léger bruit au moindre mouvement du portable. Quand on sait que ce dernier est fait pour être manipulé dans tous les sens...

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Nous avons pourtant manipulé notre Yoga 3 Pro de test avec précaution. Notre échantillon aurait-il un problème ? Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé un second Yoga à Lenovo. Mais nous avons également demandé le ressenti d'un confrère émérite, qui a confirmé, point par point, nos observations.

Et les soucis ne s'arrêtent pas là. Si l'écran de ce Yoga 3 Pro dispose d'une couche tactile précise, la dalle utilisée par Lenovo est l'une des pires que nous ayons vues, tout simplement. Notre sonde a en effet mesuré un point noir à 1,7 cd/m², pour un point blanc à 306 cd/m². En résultent des noirs complètement délavés, et un taux de contraste particulièrement mauvais à 180:1. En choisissant le profil « vidéo sombre » des pilotes Intel, nous avons pu obtenir un point noir à 1,2, pour un taux de contraste de 220:1. Et après calibration, si le point noir s'améliore (0,95 cd/m²), le point blanc s'abaisse mécaniquement et le contraste demeure très faible.

La définition de cette dalle IPS pose également problème. Les 3 200 par 1 800 pixels représentent, sur le papier, une surface de travail intéressante. Le problème, c'est que certaines applications, notifications, icônes... ne sont absolument pas adaptées à cette définition, alors même que Lenovo a pris soin de paramétrer la largeur d'affichage au maximum. Conséquence, des polices qui bavent, des mises à l'échelle approximative, ou même des absences de mises à l'échelle ! Si le choix de proposer une telle dalle incombe bien à Lenovo, c'est toutefois Windows qui est le plus à blâmer ici. Le système d'exploitation de Microsoft n'est en effet toujours pas à même de gérer les écrans High DPI.

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On regrette également le très important espace situé sous la surface d'affichage et sur lequel on trouve un bouton tactile Windows qui a le tort de ne répondre correctement qu'une fois sur trois en moyenne...

Enfin, le Yoga 3 Pro est la preuve que le temps des portables fournis avec une liste de logiciels longue comme un bras n'est pas révolu. Jugez plutôt : Lenovo Utility, Yoga Pro 3 Demo, Veriface Pro, SHAREit, Settings Dependency Package, Reach, PhoneCompanion, Paper Display, OneKey Recovery, Motion Control, Mobile Phone Wireless Import, FusionEngine, Experience Improvement, EasyCamera, Dependency Package, Browser Guard et Bluetooth with Enhanced Data Rate Software... Il ne manque que Lenovo's Explorateur (merci Aurélien) et on sera complet.

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Sans oublier Harmony, le petit nouveau dans la famille, et qui permet de vous proposer les applications que vous utilisez le plus selon le mode du Yoga dans lequel vous le placez.

Les performances du Yoga 3 Pro

Nous avons comparé le nouvel ultrabook de Lenovo face à la Surface Pro 3 de Microsoft. L'hybride du géant de Redmond s'en sort globalement mieux que le Yoga 3 Pro, même si le SSD de ce dernier est plus véloce, notamment en écriture. Nous reviendrons plus en détail sur les performances du Core M (et de sa consommation) dans un test dédié très prochainement.



Notre avis

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Le Yoga reste l'une, si ce n'est la meilleure proposition en matière de portables convertibles. Il est très fin et très léger, silencieux (sans l'être totalement), son clavier (rétroéclairé) est agréable. Il est doté d'un processeur récent, de 8 Go de mémoire et d'un SSD véloce et dont la capacité de 256 Go commence à être confortable. Si l'on s'arrête à ce constat, nous serions prêts à payer les 1 600 euros que demande Lenovo pour son ultrabook.

Oui mais voilà, les défauts du Yoga 3 Pro sont trop nombreux et trop importants pour que nous puissions accepter ce tarif. La finesse tant recherchée par Lenovo implique des contreparties non négligeables du point de vue de l'ergonomie, les capacités de refroidissement du portable ne permettent pas de profiter au maximum du Core M et l'écran n'est pas du tout à la hauteur, pas plus que ne le sont l'autonomie de cette machine ou encore, et c'est problématique, sa qualité de construction.

Finalement, on ne peut que se montrer un peu déçu par ce Yoga, qui ne nous convainc pas comme a pu le faire le premier. Nous attendions ce modèle comme un potentiel coup de cœur : force est de constater qu'il nous faudra le chercher ailleurs.

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Lenovo Yoga 3 Pro

4

Les plus

  • Très fin
  • Très léger
  • 8 Go de RAM / SSD 256 Go
  • Assez silencieux

Les moins

  • Qualité d'écran déplorable
  • Processeur qui chauffe
  • Problème de finition
  • Ergonomie sacrifiée

Performances7

Autonomie5

Ergonomie6

Design - Finitions6

Positionnement tarifaire4


Frédéric Cuvelier
Par Frédéric Cuvelier

Mes domaines de prédilection ? Les ordinateurs portables et les SSD ! Mais de temps à autre, je m'autorise quelques infidélités pour des boîtiers, des alimentations ou des solutions de refroidissement, tests dont je suis particulièrement friand. Je déteste l'expression "Le mieux est l'ennemi du bien" (notamment lorsqu'il s'agit de rendre mon PC silencieux), les livreurs qui arrivent sans bordereau et les coups de pieds de Polo sous le bureau. J'aime réussir mes photos-produit, améliorer les protocoles de test et cocher la case "Public" de notre interface d'édition. Féru de football, je m'essaie également à la photographie à mes heures perdues et ne recule jamais devant une petite partie de poker. Le tout saupoudré de beaucoup, beaucoup de musique.

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