Démonstration de la transmission de microplastiques des insectes aux oiseaux

Aymeric Pontier
Spécialiste environnement
30 mai 2020 à 08h40
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Oiseau mange insecte
Pixabay

Selon une étude de scientifiques de l'Université de Cardiff et de l'Université d'Exeter, une espèce d'oiseau de rivière (Cinclus Cinclus) engloutit chaque jour des centaines de microparticules de plastique via ses insectes proies. Les parents transmettent ensuite une part de ces microplastiques à leurs poussins, au cours de leur développement.

Cette étude britannique, publiée dans la revue Global Change Biology, est la première à démontrer que des débris microplastiques, d'une taille inférieure à 5 mm, transitent entre plusieurs espèces (insectes vers oiseaux) à travers la chaîne alimentaire dite des rivières d'eau douce. Un phénomène qui n'avait été étudié que chez les oiseaux d'eau de mer jusqu'ici.


Le prolongement d'une précédente recherche

Il y a deux ans, lors de la publication d'une précédente étude, les mêmes chercheurs avaient démontré l'étendue de la pollution aux microplastiques des cours d'eau de leur zone d'étude, et leur ingestion par les insectes. Des microparticules de plastique avaient été retrouvés dans la moitié des insectes aquatiques capturés, vivant dans les rivières du Pays de Galles. Les conséquences de cette contamination sont encore mal connues.

La nouvelle recherche se fixait pour objectif de démontrer si cette pollution plastique pouvait se transmettre d'espèces en espèces via la chaîne alimentaire. Les chercheurs focalisant leur attention sur les cincles plongeurs, surnommés les « merles d'eau », qui se nourrissent pour l'essentiel d'insectes de rivières (éphéméroptères, trichoptères) : une dépendance alimentaire impliquant qu'ils ne peuvent pas éviter cette source de pollution aux microplastiques.


La méthode employée et les résultats obtenus

Pour mener à bien l'étude, les équipes de recherche ont récolté et examiné les excréments de ces oiseaux, et les régurgités qu'ils donnent à leurs poussins pour les nourrir. Sur les 166 échantillons prélevés dans 15 sites différents à travers le Pays de Galles (Royaume-Uni), la moitié contenaient des fragments de microplastiques. Les concentrations les plus élevées se trouvaient à proximité des zones les plus urbanisées.

L'analyse montre que les oiseaux ingèrent environ 200 particules de plastique par jour à partir des insectes qu'ils consomment. Plus de 75 % des fragments trouvés faisaient moins de 0,5 mm de diamètre, mais certains mesuraient jusqu'à plusieurs millimètres. La spectroscopie IRTF a permis d'identifier plusieurs polymères, notamment de polyester, de polypropylène, de chlorure de polyvinyle et de chlorure de vinyle.

D'après les chercheurs, ce serait la première fois que ce type de transfert à travers les réseaux trophiques (les chaînes alimentaires) est clairement démontré dans les rivières d'eau douce auprès d'animaux en liberté. Cette transmission était certes soupçonnée, cependant les preuves scientifiques manquaient pour pouvoir l'affirmer avec certitude.


Les conclusions des chercheurs britanniques

Dans le communiqué commun des deux universités de Cardiff et d'Exeter, les universitaires se disent surpris du transfert de tant de fragments de plastiques des insectes vers les oiseaux nicheurs.

L'auteur principal de l'étude Steve Ormerod déclare : « En 40 ans de recherches sur les rivières, je n'aurais jamais imaginé qu'un jour nos travaux révéleraient le risque d'ingestion de plastique pour ces oiseaux spectaculaires. Les caractéristiques qui rendent les cingles plongeurs si adaptés à la chasse d'insectes fluviaux, signifient aussi qu'ils ne peuvent échapper à cette source de pollution ».

Bien que les microplastiques semblent être évacués par les oiseaux aussi rapidement qu'ils sont ingérés, ce qui est en soi un soulagement, l'équipe souligne la nécessité de mieux comprendre les potentiels effets d'une consommation quotidienne aussi importante.

Source : Global Change Biology, University of Exeter
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Commentaires (5)

fg03
je ne vois pas en quoi il y a de surprenant que la pollution se diffuse sur la planète.<br /> C’est comme Fukuchima et la radioactivité qui a migré, les nuages de pollutions, les pluises acides, le plastique qui se dégrade en micro particules ou encore les nanoparticules comme les colorants de synthèse (dioxyde de Titane TiO2, colorant alimentaire blanc autour des bonbons qu’on suce comme les MM’s, une fois la couleur partie il reste du blanc, produit colorant qu’on fabrique qui est tellement petit qu’il arrive à traverser les parois cellulaires, causant des dégats irréversibles au coeur mêmes des cellules et migrant dans des endroits qui étaient impossibles aux autres particules dites «&nbsp;naturelles&nbsp;» et en général ces particules restent bien implantés dans les organes fonctionnelles et n’en bougent plus jusqu’à ce qu’un nombre plus important provoque leur dysfonctionnement.<br /> La bonne nouvelle «&nbsp;ironique&nbsp;» c’est qu’on va nous dire que les animaux d’élevage sont meilleurs pour la santé que les animaux prélevées dans la nature, puisque la nature sera plus polluée que les laboratoires et autres fermes. Merci aux industriels et au gouvernement incapble de les contraindre… mais bon comme le diront ces derniers… c’est notre faute… quand un industriel crée un produit c’est pour répondre à une attente de notre part… ils savent tellement ce qui est bon pour nous, ils sont trop fort ces industriels.
Fodger
«&nbsp;les animaux d’élevage sont meilleurs pour la santé&nbsp;» là ça me paraît être plutôt crédule, c’est ce qu’on voudrait faire croire (comme le saumon par exemple, belle saloperie)… il faut surtout (ça fait juste des décennies) arrêter balancer ces merdes dans la nature, d’en faire à partir du pétrole, d’avoir des vrais matériaux biodégradables avec une foutue vraie filière moderne de recyclage !<br /> Comme souvent, c’est du courage politique ce n’est pas gagné vu les caves qu’on se tape depuis 50 ans.
c_planet
Ce n’est peut-être pas le bon pays pour généraliser en Europe. Si ça n’a pas changé, la Tamise est le plus mauvais élève européen en charriage des plastiques. Maintenant quand 1000 milliards de dollars sont pompés dans la mode climatique imaginez le potentiel gaspillé pour la vraie protection du vivant. Alors que, absolument toutes les espèces vivantes actuelles ont évolué à travers dix mille changements climatiques, on ne trouve plus aucune volonté pour concentrer l’attention sur les vrais problèmes; les écolos et les scientifiques médiatisés en ces périodes sont les premiers fossoyeurs du vivant.
c_planet
tchip, tchip ! «&nbsp;j’ai faim, mère&nbsp;»<br /> tchip, tchip, tchip ! " appelle-moi polymère"<br />
keyplus
pour rappel les sénateurs ont voté contre le retour de la consigne
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