Traçage numérique : les chercheurs français et allemands annoncent Robert, leur projet de protocole

Florent Maitre et Alexandre Boero
Publié le 20 avril 2020 à 10h13
Recherche scientifique

Concernant le traçage numérique, dans la lutte contre le coronavirus, l'État a pris les choses en main, comme en témoigne la récente allocution du président de la République, Emmanuel Macron. Du côté de la recherche, les scientifiques allemands et français avancent et ont publié, samedi, leur proposition technique. Clubic vous en livre les détails.

C'est au travers de l'INRIA (L'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique) que la France a participé, en collaboration avec les chercheurs allemands, italiens et suisses, à la création d'un protocole de suivi baptisé Robert. Or, les parties prenantes au projet ont fait part de leur souhait que le système de traçage des personnes infectées par le COVID-19 soit également piloté par une autorité de santé indépendante, si les gouvernements donnent leur feu vert.


Les détails du fonctionnement du protocole Robert

Comme l'ont rapporté nos confrères de France Info, une équipe, rassemblant des chercheurs de l'INRIA et de l'Institut allemand Fraunhofer, a présenté un protocole de traçage numérique, fonctionnant à partir du partage par les personnes contaminées par le coronavirus, d'une liste anonymisée de personnes croisées pendant la phase d'incubation du virus ; soit un protocole de contact tracing basé sur la technologie Bluetooth.

Dans le détail, le protocole, appelé Robert, est destiné à être utilisé par des applications de suivi des contacts qui soient respectueuses de la vie privée. Il semble effectivement possible d'enregistrer l'historique de contacts d'une personne à l'aide d'une application sur smartphone tout en respectant la vie privée des personnes en utilisant la technologie sans fil Bluetooth, qui ne reposerait donc pas directement sur les données de géolocalisation, et en ayant recours à des identifiants aléatoires. Pour une explication claire et pédagogique, l'INRIA nous dévoile son protocole à travers trois personas : Alice, Bernard et Charles.

Alice a pris la décision d'installer, sur son smartphone, une application basée sur le protocole Robert, et prend soin d'activer le Bluetooth de son mobile. Au moment où elle installe l'application, celle-ci s'enregistre auprès de l'autorité centrale, qui génère des pseudonymes (ID) temporaires et les partage avec l'application de l'utilisateur, en l'occurrence Alice. Ces pseudonymes, ou ID, prennent la forme de nombres aléatoires. Ils sont valables pour une durée limitée et permettent de s'assurer qu'Alice ne puisse pas être suivie. En passant par le Bluetooth, Robert fait en sorte que seules les applications des personnes qui entourent Alice, par exemple celles des smartphones de Bernard et Charles, dans un hall d'aéroport, puissent collecter son pseudonyme et le stocker.

Robert-pseudonyme.jpg
© INRIA / Fraunhofer

Précision importante, donc, les pseudonymes des utilisateurs proches d'Alice sont détectés sans faire appel à la géolocalisation, grâce au Bluetooth. Aucun d'entre eux ne pourra savoir où se trouvait Alice. Après la détection des contacts d'un utilisateur, intervient la deuxième phase, celle de la déclaration des pseudonymes des contacts d'un utilisateur diagnostiqué positif.

Dans cet exemple, Alice présente des symptômes et se fait tester. La jeune femme est en réalité atteinte du COVID-19 depuis plusieurs jours. Alors, Alice décide de communiquer anonymement à l'autorité centrale les pseudonymes des personnes qu'elle a côtoyées les deux dernières semaines, en se signalant sur l'application qui héberge Robert (qui pourrait être StopCovid, par exemple). L'autorité centrale, de son côté, ne reçoit que des pseudonymes. Elle n'a donc à aucun moment accès à des noms ou informations personnelles des utilisateurs diagnostiqués positifs.Toutefois, elle va désormais pouvoir associer une étiquette spéciale « à risque » aux ID (Bernard et Charles) collectés par l'application de la personne atteinte (Alice).

Robert-contamination.jpg
© INRIA / Fraunhofer

Dans une dernière étape, celle de l'obtention du statut d'exposition, Charles et Bernard, considérés comme « à risque », reçoivent une alerte en leur précisant qu'au cours des deux dernières semaines, ils ont été en contact avec une personne déclarée contaminée par le COVID-19.


Le socle technique de StopCovid ?

Évidemment, ce projet , qui pourrait servir de moteur à la future application gouvernementale StopCovid, devra avoir l'aval de la CNIL avant que ne soit envisagée une possible utilisation pendant la phase de dé-confinement, annoncée par le président Emmanuel Macron à compter du 11 mai.

L'instance aura pour mission de valider l'utilisation du protocole basé sur l'anonymat dans l'application StopCovid. Il apparaît indispensable d'établir un protocole garantissant l'anonymat des personnes, qui plus est au regard du débat actuel concernant la menace que représente l'utilisation massive du traçage numérique pour les libertés individuelles.

Sur ce point-là, le P.-D.G. de l'INRIA, Bruno Sportisse, tente de rassurer : « Pour être encore plus clair : sa conception (Robert, ndlr.) permet que PERSONNE, pas même l'État, n'ait accès à la liste des personnes diagnostiquées positives ou à la liste des interactions sociales entre les personnes. [ ... ] Une telle application n'est pas une application de délation. Dans le cas où je suis notifié, je ne sais pas qui est à l'origine de la notification. Lorsque c'est moi qui me déclare positif, je ne sais pas qui est notifié ».

Cette approche, basée sur le consentement des utilisateurs de l'application testés positifs, permettra de « communiquer l'historique de crypto-identifiants rencontrés sur un serveur d'une autorité de santé sans divulguer ses propres crypto-identifiants ». Ainsi, les autres utilisateurs (non testés) pourraient facilement vérifier si leurs propres identifiants figurent parmi ceux jugés « à risque ».

Toutes ces données seraient anonymisées et sous le contrôle des autorités de santé, de sorte à ce que les critères de risque puissent être réévalués, et ce afin de limiter le risque de faux positifs.



Source : France TV Info
Florent Maitre et Alexandre Boero
Par Florent Maitre et Alexandre Boero

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Commentaires (10)
AlexLex14

Et les détails de l’ami Robert sont sur Github également :

https://github.com/ROBERT-proximity-tracing/documents/blob/master/ROBERT-summary-FR.pdf

Bonne soirée :wink:

Felaz

Merci @AlexLex14 :ok_hand:

cirdan

Un citoyen diagnostiqué positif est censé se mettre en quarantaine et ne plus sortir jusqu’à guérison. L’idée c’est de revenir dans les jours précédents et de retrouver ceux que la personne a pu croiser pendant l’incubation du virus, période pendant laquelle elle a pu être contagieuse sans le savoir.
Je suis perplexe sur l’efficacité du système et sur les nombreux faux-positifs qui risquent d’être signalés, ne serait-ce que par précaution. Si à chaque cas de suspicion on doit se mettre deux semaines en quarantaine… Ou alors il faut coupler ça avec des tests disponibles facilement et en grande quantité, ce qui serait sans doute la meilleure solution pour accompagner ce type d’application.

cirdan

Je profite de votre réponse pleine de bon sens pour inciter tout le monde à regarder cette vidéo sur nos modes de vie et les pandémies. C’est vraiment très instructif :

Kratof_Muller

Une bonne appli pour le covid, mais un peu moins lorsque son utilisation sera étendue à d’autres libertés, commerces, meetings, habitudes.
Robert c’est drôle comme nom, mais cette appli est developpé en Chine depuis un bon moment, voir déja testée dans certaines villes.

Benoit_Scholl

on est qu’à 6 poignée de main du vatican. Ce proverbe exprime tout a fait ma pensé sur ce protocole. Au vue du nombre de cas, il est peu probable de ne pas avoir croiser une personne porteuse. On va tous très rapidement devenir des personnes « a risques » selon le protocole ROBERT.

Tomasi

« Aucun d’entre eux ne pourra savoir où se trouvait Alice. »

Et si Oscar active le GPS sur son téléphone lorsqu’il enregistre les pseudos et les nombres aléatoires? Il sera en mesure de déterminer ou se trouvait Alice non?

juju251

@fred1968 Tu es surtout totalement hors sujet.
Lis le titre de l’article, merci.

keyplus

ca marchera pas de toute facons
cf dans jurassic park Ian Malcolm est un mathématicien spécialiste de la théorie du chaos.
cf le principe, d’incertitude de Heisenberg

la propagation vie et mort et des épidémies c est des théories mathematiques pas de la medecine

exemple en chine ils ont fait porter des masques et confiné est ce que ca a empeché le virus de partir à la conquête du monde reponse niet

argent et temps gaspillé pour rien

juju251

Sauf que le principe d’incertitude d’Heisenberg n’a rien a voir là-dedans, cela concerne la physique quantique, pas la propagation d’une épidémie.

Quand au confinement en Chine, il me semble bien que ledit confinement avait été mis en place alors même que Covid 19 s’était déjà « exporté » (oui, bon, j’ai la flemme d’aller chercher des articles et de vérifier la temporalité 19022607171932975 ).