Des services de radiothérapie utilisent l'IA pour tracer en quelques minutes les contours des organes et des tumeurs. Ce travail manuel prenait auparavant plusieurs heures à chaque médecin.

L'assistant IA en oncologie permet de détourer automatiquement les organes et les tumeurs des patients sur les radios - ©dee karen / Shutterstock
L'assistant IA en oncologie permet de détourer automatiquement les organes et les tumeurs des patients sur les radios - ©dee karen / Shutterstock
L'info en 3 points
  • L'IA révolutionne la radiothérapie en automatisant le traçage des organes et tumeurs, réduisant le temps de préparation de plusieurs heures à trois minutes.
  • Les médecins valident et ajustent les résultats de l'IA, ce qui leur permet de consacrer plus de temps aux patients.
  • Cette technologie améliore l'organisation des soins, mais l'OMS met en garde contre les inégalités entre pays riches et en développement.

Avant chaque traitement par rayons, les équipes médicales doivent analyser des centaines d’images. Elles y repèrent les zones à préserver, ainsi que la tumeur. Le tout image par image, à la main. Dans plusieurs hôpitaux, ce repérage s’effectue désormais à l’aide d’un outil automatique. L’IA traite les scanners, identifie chaque organe, localise la tumeur et renvoie un modèle prêt à vérifier. La machine ne décide rien seule, mais elle accélère une tâche fastidieuse.

Ce changement modifie le quotidien des équipes. Le travail technique devient moins lourd, les médecins retrouvent du temps pour les patients. À l’hôpital Georges-Pompidou de Paris, où nos confrères de France Info se sont rendus, ce type d’organisation s’est déjà imposé dans le service.

Un traitement d’images qui ne prend plus que trois minutes

Le système s’utilise comme un assistant. Un médecin lance l’analyse sur un serveur local. En retour, il reçoit une image annotée. Chaque organe apparaît avec une couleur distincte. Les poumons, le cœur ou la moelle sont identifiés automatiquement. « En trois minutes, tout est déjà contouré », décrit Jean-Emmanuel Bibault, oncologue et professeur à l’université Paris-Cité. L’IA a repéré les zones sensibles, signalé la tumeur, et balisé les parties à ne pas irradier.

Autrefois, ce travail prenait la demi-journée. Les spécialistes dessinaient les volumes à la main, en suivant les coupes du scanner une à une. Il fallait balayer tout le corps, pour chaque patient. « On devait tout dessiner manuellement, y compris les organes à proximité », rappelle le professeur Bibault. Les traitements ne changent pas, mais la préparation devient plus fluide. Et le volume de patients reste important. Chaque année, la radiothérapie intervient dans près de 200 000 prises en charge.

Les radiothérapeutes peuvent grâce à l'IA consacrer davantage de temps à leurs patients - ©Healthy Definition / Shutterstock
Les radiothérapeutes peuvent grâce à l'IA consacrer davantage de temps à leurs patients - ©Healthy Definition / Shutterstock

Des images prêtes, à valider ou corriger si besoin

La machine propose un résultat. C’est au médecin de trancher. Le logiciel envoie une première version, que le spécialiste relit et modifie si nécessaire. « Ce n’est pas l’IA qui décide. Elle prépare un brouillon, comme un interne pourrait le faire », précise Jean-Emmanuel Bibault. L’idée n’est pas de remplacer, mais d’accélérer. Ce que l’IA trace, un médecin le vérifie.

Le gain de temps allège la charge de travail, mais modifie aussi la place de chacun. À Georges-Pompidou, les équipes disent avoir retrouvé de l’espace pour les consultations. Loin du clavier, plus proches des malades. « Ce logiciel nous a changé la vie », résume le professeur Bibault. D’après lui, la spécialité s’oriente vers davantage d’écoute et de contact direct. Une patiente rencontrée dans le service approuve. Florence, 63 ans, vient d’entamer son traitement pour un cancer du poumon. Elle trouve rassurant que la machine ne travaille pas seule. « Je fais confiance à l’équipe, pas à une machine. Mais si elle peut aider, tant mieux ».

Dans les mois qui viennent, d’autres étapes pourraient suivre. L’IA utilisée ici pourrait aussi aider à calculer les doses, en lien avec le plan de traitement. Ce travail reste sous contrôle, mais gagne en rapidité. Le cœur du soin ne bouge pas, c’est l’organisation qui évolue. Mais gare, cependant, à ce que ces avancées technologiques de l'IA sur la santé ne renforcent pas les inégalités entre pays riches et en voie de développement, comme a averti l'an dernier l'OMS.

Source : France Info