L'IA générative est devenue en 2025 un outil extrêmement accessible pour le grand public, ce qui lui a permis de créer un peu tout et n’importe quoi, allant du texte aux vidéos. Mais cette disponibilité a poussé de nombreuses personnes à générer du contenu loufoque et de peu d'intérêt, devenu franchement aujourd'hui viral sur nos plateformes. C’est le fameux AI slop, qui pourrait bien être le plus grand défi à jamais relever pour nos réseaux sociaux.

Le phénomène de l'AI slop touche tout le monde, même ceux qui dirigeant le monde © Capture Truth Social
Le phénomène de l'AI slop touche tout le monde, même ceux qui dirigeant le monde © Capture Truth Social

Les politiques de la planète ne cessent de le répéter depuis de nombreuses années : il serait nécessaire de réguler nos réseaux sociaux. Et ce, même si cette volonté attire de nombreuses accusations de censure, y compris de la part de nations importantes comme les États-Unis. Cette nécessité de réguler serait due à la prolifération de contenus haineux, de désinformation ou encore à des tentatives d’ingérence de puissances étrangères. Mais ces craintes pourraient bien apparaître prochainement comme un reliquat du passé, quand on observe le nouveau type de contenu qui écrase désormais tous les autres sur X, Instagram ou bien YouTube : l'AI slop.

Mais d'abord, c'est quoi le « slop » ?

Slop, c'est le mot de l'année 2026 choisi par le dictionnaire Merriam-Webster durant le mois de décembre de cette année. « Nous définissons le slop comme "un contenu numérique de mauvaise qualité, généralement produit en grande quantité à l'aide de l'intelligence artificielle" », a-t-il expliqué du côté de l'institution américaine. L'expression AI slop caractérise ainsi tous ces nouveaux contenus, majoritairement des images et des vidéos, générés par l'IA simplement pour le caprice un peu fantasque des internautes, qui les partagent ensuite sur les réseaux sociaux pour quelques secondes d'amusement.

Les contenus loufoques de ce genre sont désormais devenus communs pour tout utilisateur régulier des réseaux sociaux. Qu’il s'agisse du détournement de figures publiques (notamment des hommes politiques) que l’on voit s'adonner à des pratiques excentriques, d'images bien connues comme le fameux Jésus constitué de crevettes, ou encore de chats immenses, humanisés et intégrés dans le quotidien des êtres humains, ces étrangetés font aujourd'hui partie de notre quotidien numérique. Des images vite aperçues, vite consommées et vite oubliées, et qui n'ont pas pour cause unique des internautes s'ennuyant sur la toile.

Les géants de l'IA et les réseaux sociaux n'aident pas vraiment à contrer le phénomène

Car cette tendance est aussi appuyée par les grands de ce monde. Au-delà de Donald Trump, par exemple, qui a très vite surfé sur la vague pour multiplier les images à sa gloire ou diffuser des vidéos vantant certaines de ses politiques (notamment sur l'immigration), on peut observer que le phénomène est malheureusement systémique. En d'autres termes, les réseaux sociaux se prêtent aujourd'hui franchement au jeu de l'AI slop.

Tous les utilisateurs d'Instagram ont ainsi pu observer cette nouvelle offre apparue sur leur flux personnel. En scrollant légèrement, on peut à l'occasion voir apparaître une ligne de vidéos proposées - similaires aux Reels déjà bien connus - sauf que cette fois il s'agit de vidéos générées par Meta AI et sélectionnées par l'algorithme. En somme, pour l’application de Mark Zuckerberg, l'AI slop est un contenu comme un autre, qui vient enrichir l'offre disponible sur la plateforme.

Mais le groupe Meta n’est pas le seul fautif. Des vidéos générées par IA du même genre sont aussi devenues particulièrement présentes sur TikTok. Et même une plateforme comme YouTube, où l'on a l'habitude de voir des vidéos longues et que l'on penserait moins perméable à ce genre de fantaisie, est devenue un immense réceptacle d'AI slop, majoritairement via son dispositif de Shorts. Selon une étude publiée récemment par Kapwing, 20 à 33 % du contenu sur YouTube serait aujourd’hui partiellement ou totalement généré par IA.

Un exemple de AI slop
Un exemple de AI slop

Les outils IA vont devenir encore plus puissants en 2026, et vont encore plus se démocratiser

Le problème dans tout cela, c’est que les avancées technologiques ne risquent pas de freiner cette tendance. On avait déjà vu en 2025 que l'amélioration de ChatGPT, capable de générer des images directement dans le chatbot, avait donné naissance à des modes éphémères incroyablement virales, de la « ghiblïsation » des photos à la production en série des fameux « starter packs ». La montée en puissance du générateur de vidéos d’OpenAI, Sora, qui permet aujourd’hui à n’importe quel utilisateur gratuit de générer des vidéos de 15 secondes, a aussi beaucoup contribué à la prolifération de vidéos courtes de peu d'intérêt sur les réseaux sociaux.

Or, vu la montée en puissance des IA, comme l'a encore montré la dernière mise à jour Gemini 3, les internautes devraient l’an prochain bénéficier d’outils encore plus performants, capables de générer du contenu encore plus réaliste. Dans le cas des vidéos générées par IA, on peut aussi s’attendre à disposer d’instruments capables de produire des vidéos plus longues, et à la mise en place de forfaits augmentant le nombre de vidéos qu'un utilisateur gratuit peut créer.

Même du côté payant de l'IA, on peut s’attendre à voir se multiplier les forfaits moins coûteux, comme le tout récent ChatGPT Go lancé par OpenAI, afin d'augmenter les revenus. Et l'on peut supposer que ces nouveaux utilisateurs payants chercheront à générer le plus de contenu possible, pour justifier leur abonnement, et donc, en moyenne, ajouteront encore un peu plus d'AI slop dans la marmite des réseaux sociaux.

La désaffection populaire, seul remède au phénomène du slop ?

En l'état, il faut l'avouer, rien ne semble pouvoir arrêter la prolifération de ces contenus, poussée d’un côté par les grands réseaux sociaux et de l’autre par les géants de l’IA. Surtout qu'aujourd'hui, les internautes sont encore dans une phase ludique de l'utilisation de l’IA, une technologie nouvelle, qui émerveille par ses performances.

Mais cette phase pourrait bien finir par s'achever, avec une nouvelle prise de conscience, cette fois sur l’état général des réseaux sociaux qu'ils consultent et sur lesquels ils naviguent au quotidien. En effet, on peut se demander si des plateformes où pullulent des milliards de contenus loufoques générés par l'IA, insérés au milieu d'autres contenus plus sérieux ou plus intéressants produits par des humains, et recherchés in fine par les internautes, ne vont pas finir par fatiguer le public.

Il existe déjà depuis plusieurs années des tendances promues par des individus cherchant à se sevrer des réseaux sociaux, qui, par leur toxicité, pouvaient affecter le moral des utilisateurs. Mais jusque-là, on cherchait à se préserver d'une toxicité bien humaine, « générée » par des humains. En 2026, cette tendance pourrait bien s'enrichir d’une nouvelle volonté : échapper à tous ces contenus mis au monde par l’intelligence artificielle, et qui n’apportent rien à notre vie. Une vie qui est tout de même bien courte, et dont il serait dommage de gâcher les quelques années qui nous sont données à scroller à l'infini des contenus sans queue ni tête. Alors, 2026, que nous réserves-tu ?

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