Meta se lance dans une « riposte d’envergure » contre les arnaques qui gangrènent Facebook, Instagram et WhatsApp. Une opération annoncée en grande pompe, plus proche du pansement que du remède, et qui tient aussi de l'exercice de communication.

Meta dévoile son plan d’urgence pour lutter contre les arnaques sur Facebook et WhatsApp (et sauver les apparences). © JarTee / Shutterstock
Meta dévoile son plan d’urgence pour lutter contre les arnaques sur Facebook et WhatsApp (et sauver les apparences). © JarTee / Shutterstock

Ce n’est un secret pour personne, les arnaques prolifèrent sur Facebook, Instagram et WhatsApp depuis des années. Faux services premium gratuits, aides sociales imaginaires, pass de transport à prix cassés ou appels au vote sur WhatsApp, le scénario change peu mais continue de faire des victimes. Dans le même temps, Meta a largement tiré parti d’un système publicitaire qui a longtemps validé et diffusé ces types de contenus, engrangeant au passage des millions de dollars de chiffre d'affaires. Sous la pression d’enquêtes et de plaintes répétées, le groupe tente désormais de faire amende honorable et promet un plan d’urgence pour assainir ses plateformes. Objectif, mieux protéger les utilisateurs et utilisatrices les plus vulnérables… mais peut-être aussi étouffer un problème auquel il a lui-même amplement contribué.

Un plan d’action taillé pour le moment médiatique idéal

Il aura tout de même fallu attendre le Cybermois pour que Meta se décide à bouger. Profitant de cet événement mondial consacré à la cybersécurité pour surfer sur son écho médiatique, l’entreprise a dévoilé un plan d’action concret pour enrayer les escroqueries qui minent ses plateformes depuis des années.

Ainsi, sous couvert de sensibilisation, le groupe vient de présenter une série d’outils censés renforcer la sécurité des internautes inscrits à ses différents services. Sur WhatsApp, un avertissement s’affiche désormais lorsqu’un contact inconnu demande un partage d’écran pendant un appel vidéo, une méthode couramment utilisée pour soutirer des codes de vérification ou des coordonnées bancaires.

Sur Messenger, Meta teste un système de détection automatisée des messages frauduleux, capable d’identifier les échanges suspects en temps réel. Le dispositif repose sur une analyse locale des conversations, ce qui permet de préserver le chiffrement de bout en bout tant que l’utilisateur ne choisit pas d’envoyer les messages à l’intelligence artificielle pour examen. En cas d’arnaque détectée, l’application explique les signes relevés et suggère les mesures à prendre, comme bloquer l’expéditeur ou signaler le compte.

En parallèle, le groupe a rappelé certaines bonnes pratiques déjà connues, comme la connexion via clé d’accès, censée remplacer le mot de passe par une empreinte, un visage ou un code PIN, ou encore les centres de vérification de sécurité et de confidentialité présents sur Facebook, Instagram et WhatsApp, qui permettent de consulter en un seul endroit les paramètres liés à la protection du compte et de la vie privée, et d’obtenir des recommandations adaptées.

Meta commence à déployer des outils anti-scams dans Messenger et WhatsApp pour "protéger les utilisateurs les plus vulnérables". © Meta
Meta commence à déployer des outils anti-scams dans Messenger et WhatsApp pour "protéger les utilisateurs les plus vulnérables". © Meta

Des chiffres flatteurs, un modèle inchangé

Ces mesures s’inscrivent désormais dans une stratégie plus large de reconquête de confiance, après plusieurs années marquées par des scandales liés à la désinformation et aux arnaques en ligne. Meta n’a d’ailleurs pas manqué de multiplier les bilans chiffrés et les déclarations de bonne volonté pour illustrer ses efforts de nettoyage, affirmant avoir neutralisé près de huit millions de comptes associés à des centres d’escroquerie criminelle depuis le début de l’année, ainsi que plus de 21 000 pages et comptes se faisant passer pour des services d’assistance client.

Le groupe revendique aussi plusieurs partenariats, comme son entrée au National Elder Fraud Coordination Center, une structure américaine qui fédère autorités et entreprises autour de la lutte contre les fraudes visant les personnes âgées. Une alliance qui réunit notamment Google, Microsoft, Amazon, Walmart, Capital One et l’organisation AARP (que du beau monde), et qui reflète une volonté affichée de mieux coordonner les efforts de prévention à grande échelle. Dans le cadre de la coalition Tech Against Scams, Meta dit également avoir collaboré avec Match Group pour supprimer des groupes Facebook déguisés en services de rencontres servant à la revente de comptes et à des escroqueries amoureuses.

Un catalogue d’initiatives impressionnant sur le papier, mais qui ne dissipe pas la principale ambiguïté du plan. Car si Meta met aujourd’hui en avant ses efforts pour « protéger les plus vulnérables », son modèle économique reste largement fondé sur un système publicitaire où les arnaques continuent de prospérer. Selon le Tech Transparency Project, plus de 18 millions de dollars ont encore été dépensés entre avril et juillet 2025 par des annonceurs politiques usant de pratiques trompeuses, validées par la régie avant d’être retirées bien plus tard. Au total, près de 49 millions de dollars auraient été investis dans ce type de campagnes depuis 2018.

En somme, si Meta affiche aujourd’hui sa volonté de mieux faire, le groupe peine encore à convaincre qu’il agit pour autre chose que son image. Car derrière les nouveaux outils et les alliances d’apparat, l’entreprise donne surtout l’impression de gérer les symptômes de dérives dont elle continue de tirer profit.

Source : Meta

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