Doctolib : une réussite française qui a eu du mal à s'imposer chez nos voisins européens

Mathilde Rochefort
Publié le 04 juin 2024 à 10h27
Doctolib s'est lancée sur d'autres marchés européens © T. Schneider / Shutterstock
Doctolib s'est lancée sur d'autres marchés européens © T. Schneider / Shutterstock

Véritable success story à la française, Doctolib a décidé de tenter sa chance sur d'autres marchés européens. La plateforme a toutefois dû se frotter à de nombreuses difficultés pour triompher, notamment en Allemagne.

Lancée en 2013, Doctolib connaissait déjà un succès conséquent en France avant la pandémie, mais c'est durant cette période qu'elle a atteint des sommets. En cause, entre autres, son partenariat avec le gouvernement pour faciliter la campagne de vaccination. Aujourd'hui, l'entreprise s'impose comme la plus grande licorne française, sa valorisation frôlant les 6 milliards de dollars.

Son deuxième plus grand marché est l'Allemagne, où elle s'est lancée en 2016. Sur les 900 000 prestataires de soins de santé et les 80 millions de patients qui utilisent l'application, les Allemands en représentent 200 000 et 19 millions. Mais ce n'est que depuis récemment que la plateforme gagne réellement du terrain outre-Rhin. Comment expliquer ses débuts particulièrement difficiles ?

Les spécificités allemandes

Doctolib s'est tout d'abord heurtée à un fonctionnement très différent de la France. L'Allemagne étant un État fédéral, il lui a fallu s'adapter aux 16 régions, chacune détenant sa propre réglementation sanitaire. Par ailleurs, le taux d'adoption parmi les médecins a été plus compliqué, car leurs attentes diffèrent des soignants français.

Généralement, ils font partie de grands cabinets médicaux bien équipés, ont de meilleurs salaires et emploient des assistants administratifs. Ces cabinets s'appuient déjà sur des entreprises bien établies, qui protègent parfaitement leurs intérêts et fournissent des systèmes fermés aux praticiens. Résultat, les connecter à un service tiers relève d'une mission quasi impossible.

Doctolib a donc été contrainte de réembaucher et de former à plusieurs reprises ses équipes commerciales afin de conformer au mieux son produit aux spécificités allemandes.

L'Allemagne a donné du fil à retordre à Doctolib © Studio / Shutterstock

Sur la pente ascendante

Autre point important, l'Allemagne se repose encore beaucoup sur le format papier. Une étude de 2023 menée par le groupe de défense du numérique, Bitkom, a révélé que 82 % des entreprises du pays utilisent encore régulièrement le fax. Il s'agit de la méthode privilégiée, dans de nombreux cas, pour partager les informations médicales. Le gouvernement a d'ailleurs pour ambition de développer la numérisation.

Malgré ces nombreuses difficultés, Doctolib a commencé à vraiment gagner en traction en Allemagne en 2021, une fois les nombreux ajustements effectués. Aujourd'hui, la croissance des comptes patients et professionnels de santé allemands atteint 50 à 60 % par an. Son parcours outre-Rhin témoigne des obstacles auxquelles doivent se confronter les start-up qui se lancent à l'étranger, particulièrement dans le domaine très spécifique de la santé.

Doctolib est aussi disponible aux Pays-Bas et en Italie. La firme, qui a massivement investi dans la recherche et le développement, vise la rentabilité pour 2025.

  • Made in France
  • Plateforme complète
  • Prise de rendez-vous vaccination

Source : BBC

Par Mathilde Rochefort

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Commentaires (10)
sylvebarbe78

En espérant que leurs données ne se retrouveront pas sur le Darknet…

SlashDot2k19

Si ce n’est déjà fait, ce n’est qu’une question de temps avant que cela arrive.:face_with_diagonal_mouth:

arras

idem pour la Suisse, doctolib n’est pas du tout adapté à la configuration des cabinets médicaux. (similaire à l’Allemagne).
C’est le soucis de ces applications qui veulent imposer une façon de penser à un autre pays … sans comprendre les spécificités en face. C’est voué à l’échec pour l’export de la solution si ils ne s’adaptent pas.

coreflodev

Un succès bof, c’est plus un parasite comme boite qu’autre chose. De plus ils nourrissent bien les US en utilisant AWS pour le stockage des données comme si on n’avait pas de cloud en France…

dredd

Doctolib s’est imposé en France parce qu’il a comblé une lacune et un vide dû au retard dans la modernisation administrative et l’informatisation du secteur comme toujours.

Dans plein de pays, on en a pas besoin, on a déjà des trucs en place qui fonctionnent bien.

PEPSIMAX

Et vive le private equity

zeebix

Un succès bof ? un parasite ? j’aimerais bien que tu développe, c’est un très bon service pratique pour prendre rendez vous, et un très bon support pour le secteur médicale pour simplifier la prise de rendez vous et leurs gestion.

Pour le cloud, tout est question de prix, si le cloud français est plus cher, il est normal qu’une boite du secteur privé utilise une solution équivalente moins cher.

MisterDams

Il faut dire que vu le volume d’affaires et la notoriété apportée par la crise Covid et leur accord avec le gouvernement français, Doctolib avait largement les moyens d’engager les adaptations nécessaires pour s’intégrer dans un autre pays.

En revanche, ce n’est pas particulièrement sain d’avoir désormais un tel monopole en Europe, surtout vu la complexité de quitter Doctolib pour une patientèle qu’on a fait intégralement migrer dessus.

Doctolib le sait d’ailleurs plutôt bien, ils surfent avec le DSA de très près :

En plus, on parle d’utilisateurs, donc un parent avec 3 enfants peut prendre 4 RDV avec un seul utilisateur… reste à savoir ce que le DSA considère comme un « destinataire actif d’une plateforme en ligne » Faut-il considérer le patient comme destinataire ? Et le médecin lui-même d’ailleurs ?

arras

réponse hors sujet complet. Je ne dis pas que la Suisse est mieux que la France, juste que le modèle français de doctolib est non adapté aux autres pays.

nikon561

le seul truc que ca simplifie, c’est de savoir que la totalité des medecins « n’acceptent pas de nouveaux patients » et « reservent les RDV aux patients connus ».