Airbus et Boeing veulent retarder le déploiement de la 5G aux États-Unis, pour des raisons de sécurité

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
21 décembre 2021 à 11h30
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Les géants Airbus et Boeing estiment que la 5G pourrait générer des interférences nocives et perturber certains systèmes essentiels au sein de leurs avions.

On constate souvent une avance technologique du côté des États-Unis dans certains domaines, mais il en est bien un où l'oncle Sam tâtonne comme jamais : c'est celui de la 5G. Outre-Atlantique, vous allez voir que les opérateurs prennent très au sérieux les critiques et les doutes émis par Airbus et Boeing au sujet de la technologie mobile de cinquième génération. Les avionneurs estiment que la 5G pourrait nuire à la sécurité aérienne, et le déploiement de cette dernière a été franchement retardé.

Airbus et Boeing, pas vraiment des admirateurs de la 5G

Nous avions déjà évoqué les risques de perturbation des prévisions météorologiques avec la 5G, d'autant plus avec la fameuse bande millimétrique (26 GHz), la plus puissante, fort heureusement pas déployée dans sa visée commerciale pour le moment. Mais depuis plusieurs mois, Airbus Americas et Boeing font poindre la menace que la 5G représente en matière de sécurité aérienne.

Les patrons des deux entreprises, Jeffrey Knittel pour Airbus Americas et Dave Calhoun pour Boeing, ont jeté une bouteille à la mer lundi et transmis une requête commune adressée à l'administration Biden, dont ils espèrent qu'elle retardera le déploiement prévu des nouveaux services sans fil 5G. Les dirigeants interpellent le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, afin que le gouvernement fédéral soutienne le report de déploiement de la bande C 5G, qui est l'équivalent de notre « bande cœur » française (3,7 - 3,8 GHz aux USA), celle qui avait fait l'objet des enchères.

Les avionneurs soutiennent les récentes sorties de la FAA, le régulateur américain de l'aviation, et de la FCC, la Commission fédérale des communications, s'agissant notamment du signalement de problèmes d'interférence potentiels avec les altimètres des avions en vol. Si vous l'ignorez, ces appareils doivent mesurer l'altitude des aéronefs par rapport au sol. Ils sont des éléments essentiels à la navigation, surtout en phase d'atterrissage, et leur perturbation pourrait entraîner des déroutements de vol.

Aux USA, la 5G est loin, très loin d'être reine

Airbus et Boeing craignent que les interférences générées par la 5G puissent « affecter négativement la capacité des avions à fonctionner en toute sécurité », ajoutant même que son développement aurait « un impact négatif énorme sur l'industrie aéronautique ».

Les opérateurs de télécommunications américains AT&T et Verizon ont accepté, le mois dernier, de repousser au moins jusqu'au 5 janvier 2022 le lancement commercial de la 5G en bande C, en adoptant aussi au passage des mesures de précaution, de façon à limiter les interférences. Cette décision fut en tout cas le signe, aux yeux de Boeing et Airbus, que la 5G peut constituer un vrai risque. Mais ils appellent à des décisions encore plus radicales et ont même émis une contre-proposition visant carrément à limiter les transmissions cellulaires, notamment dans et autour des aéroports.

La CTIA, l'association américaine chargée de représenter les membres de l'industrie des communications sans fil, a pour sa part déclaré que la 5G reste une technologie sûre, fiable. Elle accuse l'industrie aéronautique de semer la confusion et la peur, en déformant les faits.

De fait, les USA sont dans l'impasse, et les discussions promettent d'être aussi longues que tortueuses pour aboutir à une solution qui conviendra à tout le monde. D'ici-là, il ne faut pas s'attendre à une franche accélération du déploiement de la 5G outre-Atlantique.

Source : Reuters

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Commentaires (15)

Koin-Koin
Sans remettre les arguments avancés par les deux avionneurs, je me pose la question suivante : en quoi sont ils spécifiques aux USA pour que cette démarche ne soit initiée que sur ce territoire ?
Guillaume1972
C’est vrai que ça me paraît assez étrange. Pourquoi seulement aux États-Unis ? Est-ce que cela serait lié aux fréquences qu’ils utilisent ? Ou faudrait-il plutôt regarder cela d’un autre oeil et regarder du côté des équipementiers américains concernant les infrastructures et les équipements (peut-être seraient ils en retards par rapport à Huawei?)
benben99
C’est un excuse pour leur retard technologique
playtimou
Il me semble que les US autorisent à émettre avec bien plus de puissance qu’en France donc même si c’est sur la même bande de fréquence, la puissance d’émission bien supérieure (qui fait qu’on capte à des altitudes bien plus élevées aux US) doit surement beaucoup joué.
Nmut
Non, c’est le même problème partout! Les fréquences 5G et des radio-altimètres sont normalisées. En fait c’est un radar mesurant l’altitude par rapport au sol complémentaire à l’altimètre barométrique qui doit être calibré avec la pression au sol pour l’atterrissage, donc plus aléatoire. Il y a un soupçon de perturbation avec les fréquences proches de la bande C (je crois) de la 5G.<br /> Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il en est de même avec TOUTES les sources radio qui peuvent interférer (sources naturelles, TV, 3G, 4G, …) et que jusqu’à maintenant on n’a pas eu de problèmes. Il faut juste un peu plus de temps pour faire des tests.
LeToi
Il y a peut-être un peu plus de vols intérieurs là-bas qu’en Europe, avec plus de risques de survoler des zones couvertes en 5G ?
flateric_oyzo
De qui?<br /> Pourquoi?<br /> A propos de quoi?<br /> envers qui?<br /> cet argumentaire est complètement inintelligible.
flateric_oyzo
Exact, certain équipement de navigation électronique fonctionnent sur la bande de 4GHz à des puissances relativement faible, donc facilement perturbable par des harmoniques de modulation de la bande 3.5ghz même si ce n’est pas du tout les même formes d’onde. D’autres part, la communication radio numérique utilise un protocole d’encodage trés proche du réseau gsm même si pour le coup ce n’est pas du tout dans la même bande de fréquence porteuse. Enfin, des solutions de filtrage sont en train d’être déployés au cas par cas sur les équipements aéronautique mais il semble que ceux ci sont assez résilients aux interférences évoqués. Seulemnt la culture de la sécurité dans l’aéro fait qu’il vaut mieux s’abstenir de déployer un potentiel danger alors m^me que ces idiots de pdg des telecom ne savent strictement pas quoi ils parlent en matière de sécurité aérienne. Ils feraient mieux de se taire et de laisser les spécialistes faire leurs tests in situ.
Remoss
Les cryptos complotistes de la 5G se lèchent les babines
Nmut
Mouais, c’est surtout que chacun défend son beefsteak et essaye de crier le plus fort, le monde actuel marche comme ça, celui qui crie le plus fort a raison…
vidarusny
J’entends, pour autant certain pays sont beaucoup plus avancé dans le déploiement de la 5G et ils ont eux aussi des aéroports. La encore pourquoi ce serait plus problématique aux US qu’ailleurs ?
Thebadcrc
Les bandes 5G attribuees ne sont pas les memes en fonction des pays. Le radio altimetre des avions utilise la bande 4,2 a 4,4 Ghz avec une zone de securite entre 3.8 et 4.8. La 5G a allegrement empiete sur tout ca. Aux US, la bande C est a 3.7 - 3.98. L’europe est OK avec 3.4 a 3.8… Par contre les british vont carrement de 3.4 a 4.195, La folie. C’est chaud pour le Japon aussi.<br /> A cause des interferences, les atterrissages aux intruments sont compromis et aujourd’hui sont interdits par la FAA a partir de Janvier. Ca veut dire plus d’atterrissages en cas de mauvais temps. Il va falloir choisir. Vous voulez prendre votre avion a l’aeroport ou passer des heures a regarder des videos de chats mignons a haut debit pendant des heures?
kroman
Avec des milliards qui pleuvent, les gouvernants seraient prêts à vendre leur mère plutôt que de prendre en compte correctement les limitations techniques et problèmes…
bmustang
cette affaire cacherait elle des choses que nous devrions savoir ? Pourquoi la-bas, pas ici et pas ailleurs ? Plutôt étonnant tout ça !?
coucoach
Fréquences Radio Altimètre : 4.2-4.4GHz<br /> Fréquences 5G aux USA : 3.8-3.98GHz<br /> Fréquences 5G en France (j’imagine idem en UE) : 3.6 (ou 3.4?, j’ai un doute) - 3.8 GHz<br /> Donc plus de marge. De plus l’ANRF a mis des restrictions sur les lobes verticaux, au moins pour les émetteurs proches des aéroports.<br /> Mais je soupçonne que c’est aussi une histoire de gros sous. S’il n’est pas possible de démontrer qu’il n’y a pas de soucis potentiel sur de vieux Radio Alti, il faudra rétrofiter la flotte d’avions impactés (càd changer les vieux Radio Alti par des nouveaux sur lesquels il a été démontré que pas de pb). C’est ainsi que fonctionne l’aéronautique. Même s’il n’y a pas réellement de pb, ce qui compte c’est de savoir le démontrer.<br /> Et dans ce cas, qui paye ? Boeing (plus impacté qu’Airbus car ils ont des modèles plus anciens qu’Airbus qui est plus jeune), le fabricant du Radio Alti (ça m’étonnerait car les clauses de qualification ne couvraient pas la 5G à l’époque), les opérateurs de 5G ?<br /> Je pense que plus que la sécurité, c’est surtout une histoire de gros sous qui se joue derrière, et chacun met la pression où il peut.
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