Bercy voudrait pousser Free à investir dans la fibre avec Orange

04 juin 2014 à 13h18
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Le gouvernement joue au Rubik's Cube dans les télécoms. Son plan serait de pousser Bouygues Telecom dans les bras d'Orange, qui investira dans la fibre avec Free. Le but : couvrir les zones moins denses.

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Il était plus simple que SFR soit racheté par Numericable plutôt que par Bouygues Telecom qui, pour ne pas froisser le gendarme de la concurrence, aurait dû céder son réseau mobile à Free. Sans parler des risques sur l'emploi. En fait, l'équation reste complexe : selon Les Echos, Bercy presse Orange à racheter Bouygues Telecom, qui céderait son réseau à Free, lequel investirait dans la fibre avec Orange...

Le but du gouvernement n'a pas changé : réaliser le Plan France très haut débit, prévoyant de couvrir 80% de la population en fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH) avant l'année 2022. Dans les zones denses, couvrant 42% de la population, les opérateurs déploient chacun leurs infrastructures. Dans les zones blanches, ne représentant que 1% de la population, les 2 500 relais requis sont déjà mutualisés. Entre les deux, les zones moins denses pèsent 57% de la population. Ici la mutualisation est possible, mais pose problème.

Mutualiser pour éviter les antennes doublons est le seul moyen pour les opérateurs de déployer la fibre dans ces zones en restant rentables. En février, un tel accord a été conclu entre Bouygues Telecom et SFR, via la création d'une co-entreprise, et portant sur 11 500 pylônes. Ce contrat n'est pas menacé par le changement de propriétaire de SFR car il ne comprend pas de clause de sortie en cas de changement capitalistique.

Craintes sur le déploiement en zone moins dense

Le gouvernement s'inquiète en revanche au sujet de l'accord passé entre Orange et SFR, annoncé à la fin de l'année 2011, portant sur 23 villes et étendu au début 2013 à 53 villes supplémentaires. Une fois sous le contrôle de Numericable, « SFR préférera concentrer ses efforts sur la commercialisation de son nouveau réseau câble », indique le quotidien. Le problème porte en fait sur la technologie employée par les FAI.

Selon l'Arcep, le très haut débit fixe débute à 30 Mo/s en réception, ce que réussit à proposer Numericable avec son offre de fibre optique jusqu'au dernier répartiteur avec terminaison coaxiale. Or, l'objectif du gouvernement est de raccorder les foyers à de la « vraie fibre », soit de la fibre optique jusqu'à l'abonné, et non jusqu'à l'immeuble. Sur ce sujet, le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg reste très ferme.


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Bouygues Telecom en bleu, SFR en rouge, les zones denses en gris.


Numericable a beau répéter à l'envi qu'il aidera le gouvernement à réaliser son plan, grâce à un rythme de déploiement rapide, le ministre s'inquiète de son côté que SFR réduise ses investissements comparé à ce qu'il aurait dépensé seul. Et que ses efforts se concentrent sur le câble, un réseau qui, pour Arnaud Montebourg, « date des années 80 ». Or dans les zones moins denses, la fibre par câble est est rare, voire absente.

« Les accords de SFR avec Orange sur la fibre, comme ceux avec Bouygues Telecom sur le mobile ont vocation à se poursuivre », voulait pourtant rassurer, en mars, un proche de Numericable, cité par Libération. Parallèlement, Orange a réclamé la suspension des travaux de mutualisation entre SFR et Bouygues Telecom en zone moins dense. Sur tous les fronts, le déploiement de la fibre dans ces régions est donc compromis.

Obtenir de Free qu'il déploie la fibre avec Orange

Le Plan Fibre a une belle épine dans le pied que le gouvernement compte retirer en précipitant Bouygues Telecom dans les bras d'Orange. Les Echos expliquent qu'en retour, le groupe de BTP monterait au capital de l'opérateur historique. Toujours dans l'optique de ne pas fâcher l'Arcep, Bouygues Telecom revendrait son réseau mobile à Free - pour un montant de 2,2 milliards d'euros, contre 1,8 milliard prévus plus tôt.

Tout cela pour que Free finisse par s'engager aux côtés d'Orange et de la Caisse des Dépôts afin de co-investir dans le déploiement de la fibre FTTH. La somme mise sur la table par la société de Xavier Niel serait de 300 millions d'euros sur cinq ans. Ce montage retors aurait vocation à sauver les zones moins denses. A moins que Free ne choisisse l'option de racheter Bouygues Telecom pour éviter d'être esseulé...




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