Le nombre d'abonnés Triple Play augmente pour Numericable au premier trimestre même si la hausse est en partie gommée par l'érosion de ses clients TV. Pendant ce temps, le câblo-opérateur continue de déployer son réseau de fibre jusqu'à l'immeuble, sous les critiques nourries d'Arnaud Montebourg.
Numericable a débuté l'année 2014 sur une progression de sa base d'abonnés de 4,3%, un rythme légèrement inférieur à celui de l'an passé. Le câblo-opérateur a recruté 70 000 clients nets, en ligne avec ses objectifs de gagner entre 200 à 250 000 clients au cours de cette année.
Les abonnés à l'offre Multiple Play ont dépassé le million en mars poussés par une croissance de 5,6%. Parmi ces clients, un tiers est aujourd'hui équipé de LaBox. Mais le véritable moteur de la croissance de Numericable s'appelle toujours... Bouygues Telecom : 20% des abonnés du FAI environ utilisent le réseau câblé, en marque blanche.
Cette base de clients a progressé de plus de 20% en mars, approchant la barre des 400 000.
Croissance à deux vitesses
Une croissance à deux vitesses que n'a pas manqué de brocarder le directeur général d'Iliad, Maxime Lombardini, à l'occasion du colloque de l'Avicca. Selon ses propos, relayés par La Tribune, « si l'on exclut les clients de Bouygues Telecom, le câble a le même nombre d'abonnés qu'il y a cinq ans, soit 1,3 million hors Bouygues ». Car pendant que Numericable gagne des clients Multiple Play, il en perd sur la TV seule.
Ce trimestre encore, le câblo-opérateur a vu sa base d'abonnés à la télévision reculer de 15% à moins de 300 000 personnes. L'avenir pour Numericable ne se situe de toute façon par sur cette offre. L'acquéreur de SFR a plus de valeur à aller chercher sur le Multiple Play, où les forfaits sont plus élevés. L'autre moyen d'augmenter son revenu moyen par abonné (en hausse de 2,7% à 42,10 euros), et c'est ce que font les FAI, est de proposer toujours plus de services payants, de chaînes à la carte et de pousser son Pass SVOD.
Une rentabilité en hausse
L'enjeu pour Numericable est de ne pas se laisser happer par la baisse tarifaire, arrivée à un point de non-retour dans le mobile, et ravivée par Bouygues Telecom en février, afin de conserver la marge suffisante pour investir dans son infrastructure. Pour l'instant, il y parvient. Numericable a amélioré de 48% de son résultat net en mars, à 35 millions d'euros, grâce à une hausse de 40 points de sa marge avant impôt (47%).
La société de Patrick Drahi se targue d'avoir dépensé 75 millions d'euros au premier trimestre, soit 23% de son chiffre d'affaires, dans son réseau. Il a pu raccorder 200 000 nouveaux foyers en fibre optique (jusqu'au dernier répartiteur, et non jusqu'à l'abonné), portant le total des foyers éligibles à 5,4 millions. Notons que l'essentiel de ces raccordements a été effectué en Seine Saint Denis, dans les Hauts de Seine et à Paris.
Affronter Arnaud Montebourg
Le rythme de déploiement de Numericable le conforte dans son objectif de raccorder 8,5 millions de foyers au très haut débit supérieur à 100 Mb/s en 2016, grâce à une accélération prévue en 2014 avec 700 à 800 000 nouveaux foyers connectables. Numericable répète encore qu'il contribuera fortement au Plan France Très Haut Débit lancé par le gouvernement, et ce sera d'autant plus facile pour lui lorsqu'il aura absorbé SFR.
Au contraire, Arnaud Montebourg, est persuadé dans La Tribune que « l'investissement dans la fibre à domicile par Numericable sera moindre par rapport à ce qu'aurait été l'effort de SFR indépendant ». Le ministre du Redressement productif va plus loin lorsqu'il affirme que « l'effort de SFR va se porter sur un réseau qui date des années 80, le câble, qui consiste à amener la fibre au pied des immeubles ».
Arnaud Montebourg, qui préférait Bouygues comme repreneur de SFR, enfonce le clou en annonçant que l'Etat soutiendra la fibre jusqu'à l'abonné. Ceci de façon à « assurer les possibilités maximales pour les consommateurs et entreprises de réexpédier des données au lieu d'en seulement recevoir »...
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